L’Assemblée nationale se dotera d’une plateforme de pétitions « au printemps 2020 »

L’Assemblée nationale se dotera d’une plateforme de pétitions « au printemps 2020 »

Quand la pétition va tout va

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

10/10/2019 5 minutes
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L’Assemblée nationale se dotera d’une plateforme de pétitions « au printemps 2020 »

L’Assemblée nationale a annoncé hier l’ouverture, au printemps prochain, d’une plateforme de pétitions (censées déboucher sur des débats en hémicycle). Les signataires devront s’authentifier par le biais de FranceConnect.

Afin de mieux associer les citoyens aux travaux parlementaires, les députés ont décidé en juin dernier de « rénover » le droit de pétition en vigueur depuis des décennies au Palais Bourbon. De l’aveu même de Richard Ferrand, le président de l’Assemblée nationale, la fameuse procédure était « tombée en désuétude ».

Et pour cause : seules 36 pétitions ont été transmises à l’institution sous cette législature. Aucune d’entre elles n’a surtout été jugée suffisamment intéressante pour que les députés ouvrent des débats...

Les parlementaires ont ainsi profité de la réforme du règlement de l’Assemblée nationale pour dépoussiérer le droit de pétition, dorénavant appelé à s’exercer uniquement « par voie électronique ».

Le Palais Bourbon opte pour une plateforme dédiée

De nombreuses questions restaient cependant en suspens. L’expression de pétition « par voie électronique » se révélait par exemple particulièrement floue, puisqu’elle laissait entrouvertes plusieurs possibilités : envoi de pétitions scannées par mail, transmission d’une pétition hébergée sur un site tiers tel que Change.org, etc.

Le Bureau de l’Assemblée nationale a finalement tranché hier : l'institution va se doter de « sa propre plateforme numérique de pétitions avec authentification de l’utilisateur ».

Cette solution avait été soutenue par la députée Paula Forteza, lors des débats. L’élue LREM faisait alors valoir qu’un site « maison » permettrait de maitriser tant « la protection des données personnelles des citoyens qui y participent (les données d’opinion politique étant des données extrêmement sensibles et nécessitant une sécurisation importante des systèmes d’information) » que « les mécanismes d’authentification et de validation des signatures qui viendront garantir la légitimité de la démarche ».

Les signataires devront être majeurs, et utiliser FranceConnect

S’agissant des signatures, le Bureau a décidé que les e-pétitions pourront être soutenues « par des personnes majeures, de nationalité française ou résidant régulièrement en France ». Un périmètre plus large que celui des seules personnes inscrites sur les listes électorales, mais qui écarte tout de même les mineurs.

Comme l’a montré la mise en œuvre du référendum d’initiative partagée, l’authentification des signataires se révèle être un élément critique de ce type de procédure. Il a ainsi été annoncé que l’authentification serait assurée par FranceConnect. Ce fédérateur d’identité, développé par la Direction interministérielle au numérique (DINSIC), permet de se connecter en utilisant ses login et mot de passe d’autres sites – dont impots.gouv.fr, ameli.fr, La Poste, etc.

L’Assemblée nationale justifie ce choix en expliquant que l’outil « couvre l’essentiel de la population ».

Autre précision arrêtée hier : « les pétitions devront être rédigées en français ».

Des suites à géométrie variable

« Les pétitions seront mises en ligne lorsqu’elles seront signées par plus de 100 000 pétitionnaires, rappelle le Palais Bourbon, et, lorsqu’une pétition sera soutenue par plus de 500 000 pétitionnaires domiciliés dans 30 départements ou collectivités d’outre-mer, elle pourra faire l’objet d’un débat en séance publique. »

Comme l’avaient dénoncé certains élus de l’opposition, rien ne garantira cependant que des discussions soient organisées – quand bien même ces seuils seraient atteints. Dès 100 000 signatures, la commission compétente pourra décider d’examiner la pétition, ou de la classer.

Si la pétition compte plus de 500 000 signataires domiciliés dans au moins 30 départements, l’inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale dépendra d’une décision de la conférence des présidents, tout en étant soumise à la demande préalable d’un président de groupe (LREM, PS, LR...) ou du président de la commission compétente. Autant dire qu’il n’y aura absolument rien d’automatique.

Les élus PS avaient ainsi accusé la majorité de poser « tous les verrous possibles et imaginables » à ce nouveau dispositif, qui deviendra donc réalité en début d’année prochaine. Selon le Bureau de l’Assemblée nationale, la plateforme de pétitions sera en effet « mise en service au printemps 2020 ».

Deux consultations en ligne maximum par commission

Alors que les consultations en ligne sont désormais monnaie-courante, à l’instar de celles organisées pour le « grand débat national », ou, plus récemment, pour l’instauration d’un « revenu universel d’activité, le Bureau de l’Assemblée a décidé hier, « sur proposition du président », que les commissions (culture, lois, affaires économiques...) seraient à l’avenir « autorisées à organiser chacune deux consultations citoyennes par an, sous réserve d’une information préalable de la conférence des présidents ».

Les délégations et offices pourront quant à eux en organiser une par an.

Écrit par Xavier Berne

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Sommaire de l'article

Introduction

Le Palais Bourbon opte pour une plateforme dédiée

Les signataires devront être majeurs, et utiliser FranceConnect

Des suites à géométrie variable

Deux consultations en ligne maximum par commission

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
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Commentaires (9)


Pisser dans un violon.


Est-ce que vous auriez la possibilité d’établir le coût pour la collectivité de l’ensemble des plateformes en ligne participativo-concertationneuses lancées par cette majorité ?



(En revanche, pas besoin de vous fatiguer à rechercher l’efficacité de ces outils, ni si une proposition a été un jour prise en compte par ce moyen, ça on sait déjà ce qu’il en est).


Ou comment faire semblant d’écouter les gens tout en se foutant allègrement de leur gueule…. C’est pire que ce que je pensais.

Mention spéciale pour l’invisibilisation de la pétition tant qu’elle n’a pas 100 000 participants…



Et bizarrement quand on n’a des contraintes législatives sur les moyens d’expression citoyenne (coucou référendum ADP), France Connect n’existe plus…


La question essentielle est : les citoyens pourront-ils proposer un sujet de pétition ?!

Parce que si c’est uniquement pour être consulté sur des questions sans intérêt / conséquence / portée (ne rayer aucune mention)…








crocodudule a écrit :



Est-ce que vous auriez la possibilité d’établir le coût pour la collectivité de l’ensemble des plateformes en ligne participativo-concertationneuses lancées par cette majorité ?







Sauf grosse surprise c’est quelques centaines de milliers ou millions, c’est une goutte d’eau dans les dépenses publiques.



Le fait que ça ne serve à rien est une autre histoire. Et vive la Suisse !









tpeg5stan a écrit :



Sauf grosse surprise c’est quelques centaines de milliers ou millions, c’est une goutte d’eau dans les dépenses publiques.



Le fait que ça ne serve à rien est une autre histoire. Et vive la Suisse !





C’est certes un goute d’eau, mais entre les + de 200 millions qu’ils viennent de sucrer à la Justice, les 750 millions d’économie (et donc de baisse de budget) pour les hôpitaux (qu’ils tentent de grossièrement nier), la baisse d’1.5 milliard d’€ des aides de solidarité (ce qui va être le revenu universel).



Mais qu’en face tu arrives à trouver (et même si cela ne compense pas tout loin de là) quelques millions claqués pour rien en plateformes en ligne, les 600 000 € d’augmentation du budget de “l’enlysé”, les 12 millions d’euro claqué l’an dernier pour le “grand débat” dont on a vu l’intérêt et qui est pourtant renouvelé cette année sur l’écologie et les retraites etc… (je ne doute pas que la liste de conneries claquées pour rien soit plus longue).



En faisant ce constat, tu peux pas t’empêcher de penser que s’agissant d’argent public, nécessaire et que je n’ai jamais rechigné à payer, on en trouve pas pour les missions de l’Etat même régaliennes, mais qu’étonnement il y a toujours une rallonge de disponible pour les plans de communication de ce gouvernement…



Rénovation du Grand Palais à Paris : 500 millions.



Je pense que ça résume un peu tout…


ça…c’est comme la reconstruction de “N.D. de Paris”, là aussi la facture va être<img data-src=" /> !!!








DanLo a écrit :



Rénovation du Grand Palais à Paris : 500 millions.



Je pense que ça résume un peu tout…





Populisme quand tu nous tiens. Et ensuite, quand cela s’effondre les mêmes (sous un autre pseudo) râleront contre les pertes du patrimoine.



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crocodudule a écrit :



Est-ce que vous auriez la possibilité d’établir le coût pour la collectivité de l’ensemble des plateformes en ligne participativo-concertationneuses lancées par cette majorité ?



(En revanche, pas besoin de vous fatiguer à rechercher l’efficacité de ces outils, ni si une proposition a été un jour prise en compte par ce moyen, ça on sait déjà ce qu’il en est).





Vous en voyez combien? J’en vois beaucoup à l’extérieur (Change.org mais aussi affaire du Siècle qui a progressé de manière très surprenante…) qui peuvent être assez facilement manipulé. Par contre, les outils de concertation lancés par l’état sont limités et je vois mal qu’ils aient coûté une fortune, surtout qu’ils ont recyclé des outils déjà fait.

C’est étrange comme cette initiative plutôt positive soit directement dénigrée.