2018 vue par l'Arcep : baisse des prix moyens et des revenus, hausse des investissements

2018 vue par l’Arcep : baisse des prix moyens et des revenus, hausse des investissements

Toujours plus pour moins cher

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Sébastien Gavois

Publié dans

Société numérique

22/05/2019 9 minutes
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2018 vue par l'Arcep : baisse des prix moyens et des revenus, hausse des investissements

L'Arcep vient de mettre en ligne son observatoire annuel des marchés pour l'année 2018. L'occasion de faire le point sur les revenus, les investissements, les usages et les montants moyens des factures des clients. Le régulateur en profite pour évoquer le cas du marché pro qui est « en mouvement ».

En 2018, les revenus des services de communications électroniques des opérateurs sont légèrement en baisse (- 1 %) avec 31 milliards d'euros, contre 31,4 milliards en 2017 (hors revenus annexes). La chute provient essentiellement du fixe (-1,8 %) et des services à valeur ajoutée (-13,5 %), tandis que le mobile est en légère hausse (+0,8 %).

Notez que s'il est possible de remonter plus loin dans les tableaux de l'Arcep (jusqu'en 2014), aucune comparaison ne peut être faite puisque les données de 2017 et 2018 sont calculées en tenant compte de la nouvelle norme comptable IFRS 15 entrée en vigueur le 1er janvier 2018.

L'Arcep se félicite de la hausse des investissements

« En 2018, les opérateurs ont investi 9,8 milliards d’euros pour leurs activités de communications électroniques », explique le régulateur, c'est 230 millions de plus en un an. Et ce n'est pas le déploiement des réseaux mobiles qui portent la croissance puisqu'ils sont en baisse de 200 millions d'euros. Ils devraient néanmoins se rattraper en 2019 et 2020 avec les enchères pour les fréquences de la 5G, puis le déploiement de cette nouvelle technologie pendant plusieurs années.

Reste donc le fixe : « les montants investis augmentent de 430 millions d’euros pour atteindre 7,0 milliards d’euros. Cette progression provient en totalité de l’accroissement des dépenses dans les boucles locales très haut débit (+450 millions d’euros en un an) et plus particulièrement de celles en fibre optique de bout en bout », explique le gendarme des télécoms. 

Sur les emplois directs des opérateurs, la baisse des employés est constante depuis plusieurs années avec un rythme de 3 000 à 4 000 postes de moins par an. « La tendance se poursuit en 2018 avec une baisse de 3 600 emplois. L’effectif direct des opérateurs s’élève à 109 000 au 31 décembre 2018 ».

Arcep observatoire 2018

La fibre c'est bon pour la croissance

Au 31 décembre 2018, 29,1 millions d'abonnements à Internet en haut et très haut débit étaient actifs, c'est 700 000 de plus qu'en 2017, dont 20,1 millions en haut débit et 9 millions en très haut débit. Sans surprise, le haut débit (moins de 30 Mb/s) est en baisse, tandis que le très haut débit est en hausse, largement porté par la fibre optique qui totalisait au 31 décembre 4,8 millions d'abonnés. 

« Fin 2018, le nombre de logements éligibles au très haut débit (incluant les logements éligibles au VDSL2) est évalué à 20,1 millions (+14% en un an) », et donc seulement un peu moins d'un tiers à être actif (9 millions pour rappel). Dans le détail, 13,5 millions de logements sont éligibles à fibre optique (+32 % en un an), 9,4 millions de logements peuvent avoir le câble (+2 %) et 5,9 millions le VDSL (+3 %).

Trois fois plus de portabilité sur le mobile que le fixe

La portabilité fixe est relativement stable depuis 2010, avec une moyenne aux alentours de 2,5 millions de demandes. Seule exception : 2015 avec 2,2 millions de numéros portés « seulement ». 

Avec les promotions valables un an et un prix qui peut parfois plus que doubler, il est souvent intéressant de faire jouer la concurrence. Pour rappel, la portabilité permet de changer de FAI en conservant son numéro et sans avoir besoin de résilier son ancienne offre, aussi simplement que sur le mobile.

Sur le mobile justement, le nombre de portabilités est bien plus élevé puisqu'il atteint « son plus haut niveau historique avec 8,2 millions de numéros portés soit 500 000 de plus que le précédent maximum de 7,7 millions en 2017 ». Cette dynamique devrait se poursuivre, portée par la valse des promotions. 

Arcep observatoire 2018

Le marché entreprise « en mouvement »

Le régulateur se félicite de la dynamique actuelle sur les offres pour les professionnels. Plusieurs points sont mis en avant. Tout d'abord, « l'émergence d’un marché concurrentiel pour le FTTH pro activé » avec le lancement par Kosck de la première offre à dimension nationale, et l'entrée de Bouygues Telecom et SFR

Ensuite, « l'arrivée d’offres de qualité de service améliorée sur les réseaux FTTH », notamment avec des GTR (Garantie Temps de Rétablissement) de 10H et 4H en gros chez Orange.

Enfin, l'Arcep voit d'un bon œil la consolidation des opérateurs alternatifs avec les rachats de Nerim et Keyyo par Bouygues Telecom et de 75 % de Jaguard Telecom par Iliad. Pas sûr par contre que tous les acteurs de ce marché soient du même avis.

Arcep observatoire 2018Arcep observatoire 2018

Explosion de la data, moins d'appels et de SMS

Cet observatoire annuel est aussi l'occasion pour l'Arcep de faire le point sur les usages. « Le volume de communications vocales depuis les réseaux fixes (RTC et xDSL) ne cesse de diminuer depuis l’année 2013 perdant ainsi près de la moitié de son volume en cinq ans ».

En 2018, 58,365 milliards de minutes ont ainsi transité sur les lignes fixes. Si les lignes RTC étaient en chute depuis bien plus longtemps, les box assuraient une légère croissance ou au moins une stabilité jusqu'en 2013, avant de tomber à leur tour.

Sur le mobile, la consommation data explose : elle a été multipliée par sept en trois ans et atteint 3,6 exaoctets en 2018, dont 3,3 exaoctets pour les seuls clients en 4G. La consommation vocale est de 171 milliards de minutes, en croissance de 3,7 %. La moyenne par client reste relativement stable depuis 2016, avec 3h18 environ. À titre de comparaison, la moyenne depuis une box n'est que de 2h10. Enfin, les SMS baissent de 7,1% en 2018 pour arriver à 171,4 milliards.

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Facture moyenne : 33,3 euros HT sur le fixe, 14,4 euros sur le mobile

Pour un accès Internet à haut ou très haut débit (avec ou sans la télévision), la facture moyenne est de 33,3 euros HT par mois, en baisse de 80 centimes sur un an. Pour rappel, le montant augmentait entre 2005 et 2011, jusqu’à atteindre son plus haut niveau en 2011 avec près de 35 euros HT par mois. Il est depuis en baisse. 

La facture, toujours moyenne, d'un forfait de téléphonie mobile est de 14,4 euros HT, en très légère baisse (-1,1 %) par rapport à 2017. À cause du changement de la norme comptable, il n'est pas possible de remonter plus haut.

Dans le détail, les forfaits sont à 15,7 euros HT, contre 5,1 euros HT pour les cartes prépayées. Pour rappel, dans la valse des promotions on trouve régulièrement des forfaits à moins de 10 euros par mois avec appels, SMS/MMS illimités et des dizaines de Go de data. N'hésitez donc pas à faire jouer la concurrence pour profiter du meilleur prix. 

La convergence fixe/mobile repart à la hausse en 2018 avec 450 000 abonnements supplémentaires. Après de fortes progressions (+ 2 millions) en 2015 et 2016, un recul de 210 000 offres couplées était enregistré en 2017. 

Arcep observatoire 2018

Indice d'évolution des prix, sur le fixe et le mobile

Dans ce document, l'Arcep revient plus en détail sur l'évolution des prix des services de communications électroniques. Sur le mobile, le régulateur note ainsi que les prix des forfaits sans subvention d'un smartphone « diminuent encore significativement, de -4 % à -5 % par an ces deux dernières années. À l’inverse, les prix des offres avec subvention du terminal augmentent, même si cette hausse est contenue ». De leur côté, les cartes prépayées sont quasiment stables.

Ce n'est pas tout : « En 2017 et 2018, les moyens et gros consommateurs de services mobiles bénéficient des baisses de prix, tandis que les petits consommateurs voient le prix de leur forfait augmenter légèrement, principalement lorsque celui-ci inclut la subvention du terminal ».

Sur le fixe, la baisse est toujours d'actualité pour le grand public, avec 7,8 % de moins en 2018, « un recul qui s’amplifie depuis deux ans après l’inertie tarifaire des années précédentes ». L'année dernière, la baisse était portée principalement par les offres xDSL d'entrée de gamme (-11,1 %). 

En FTTH par contre, « la tendance 2018 est plutôt à une stagnation, même si l’apparition de quelques offres ciblées sur les secondes marques des opérateurs a permis une baisse de prix de 4,1% en un an ». Sosh et RED proposent par exemple des abonnements à la fibre optique avec des tarifs souvent plus avantageux que leurs marques Orange et SFR respectives.

Roaming out et in

La fin des frais de roaming le 15 juin 2017 dans l'Union européenne n'a pas fait fondre comme neige au soleil les revenus en roaming out (facturé à leurs clients à l'étranger). Ils sont certes en baisse, mais sur la même tendance que depuis 2013.

Par contre, la croissance du volume de communication augmente significativement depuis 2015/2016, notamment aidée par les plafonds imposés par l'Union européenne à l'époque, avant d'exploser en 2017/2018 avec la suppression des frais (pour le grand public). La data suit la même tendance, et elle a même doublé en 2018 (par rapport à 2017) pour arriver à 82 187 To. 

L'Arcep relativise tout de même : « le volume des communications émises et reçues par les clients en itinérance à l’étranger en "roaming out" a fortement augmenté depuis quatre ans avec des rythmes de croissance annuelle d’environ 30% (+28,4% sur un an en 2018). La part de ce volume dans l’ensemble du trafic de la téléphonie a ainsi doublé en 3 ans, mais représente encore moins de 3% du trafic total ».

Après une hausse sensible en 2017, le roaming in (consommation des clients des opérateurs étrangers en France) continue sur sa lancée en 2018. Le volume de SMS ne progresse que 4,1 % (1,013 milliard), contre 25,1 % pour les appels et 114,6 % pour la data (64 361 To). Conséquence logique, les revenus liés au roaming in sont en hausse pour arriver à 451 millions d'euros en 2018, contre 420 millions en 2017 et 335 millions en 2016.

Arcep observatoire 2018Arcep observatoire 2018

Écrit par Sébastien Gavois

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Sommaire de l'article

Introduction

L'Arcep se félicite de la hausse des investissements

La fibre c'est bon pour la croissance

Trois fois plus de portabilité sur le mobile que le fixe

Le marché entreprise « en mouvement »

Explosion de la data, moins d'appels et de SMS

Facture moyenne : 33,3 euros HT sur le fixe, 14,4 euros sur le mobile

Indice d'évolution des prix, sur le fixe et le mobile

Roaming out et in

Commentaires (6)




La fibre c’est bon pour la croissance





Non c’est bon pour le transit…



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+1 L’argent transit de nos poche à celle des FAI.<img data-src=" />


Bel article, merci NXI <img data-src=" />



C’est fou cette baisse nette des appels fixes à partir de 2012, c’est lié à Free mobile ?


J’adore cette expression “se féliciter de” alors qu’on n’a rien foutu sur le sujet, à part éventuellement lancer quelques banalités.


Possible, la démocratisation des forfait mobiles peu chers et l’explosion des usages de la data mobile jusqu’alors facturée très chere elle aussi.


Bon, la fibre et la 4G, j’ai l’impression que ça se déploie enfin assez massivement… Il aura fallu attendre quelques années, et il faudra attendre encore quelques années si on est, tout comme la mamie du cantal installé dans un trou paumé.

2019 pour notre village sera l’objet d’une montée en débit via l’opticalisation du NRA ADSL, et tous les villages d’à coté, se sera la fibre FTTH. J’imagine qu’après ça, il faudra attendre 2025 pour voir arriver un brin de vrai fibre, tant l’opticalisation ne servira à pas grand chose pour moi, car la 4G est bien plus rapide.



Après le déploiement massif de la fibre, il ne reste plus qu’à nos 4 opérateurs favoris d’aller sur tous les réseau, pour le plus grand bien de la concurrence :)



La 4G, le déploiement massif des 700 Mhz m’interesse, ça pourrait rendre leur offre illimitée très valable, partout (là où avant il fallait se contenter d’un mauvais réseau à l’interieur).