Droit d'auteur : quand l'industrie culturelle nous présente l'innocent article 13

Droit d’auteur : quand l’industrie culturelle nous présente l’innocent article 13

C'est le printemps !

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Marc Rees

Publié dans

Droit

05/02/2019 9 minutes
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Droit d'auteur : quand l'industrie culturelle nous présente l'innocent article 13

Europe For Creators, un regroupement d'organisations professionnelles issu de l’industrie culturelle, a mis en ligne article13.info, site destiné à expliquer ce qu’est vraiment, selon eux, cette disposition issue de la proposition de directive. Problème, la présentation est quelque peu biaisée.

Cette initiative, soutenue en France par la SACEM, l’ADAGP, PRS For Music, la Scam ou la SDRM, veut expliquer aux internautes « de quoi traite vraiment l’article 13 ». Ce site, fruit d’une campagne de sensibilisation des principales sociétés de perception et de répartition des droits, est une arme de lobbying qui tombe à point nommé pour les tensions calendaires actuelles.

Comme expliqué par Politico hier, la France et l’Allemagne sont parvenues à un accord sur cet article phare de la proposition de directive sur le droit d’auteur. Trois seuils de déclenchement auraient été définis pour justifier son application chez les intermédiaires techniques, à savoir un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros, 5 millions de visiteurs uniques par mois et au moins trois ans d’existence. Tous ceux qui ne remplieraient pas l’un de ces critères resteraient sous l’égide de la directive de 2000 sur le commerce électronique. Texte sur lequel nous allons revenir.

Cet accord franco-allemand est important puisqu’il viendra nourrir la prochaine réunion des représentants permanents des États membres (Coreper) prévue ce 8 février, avec l’espoir d’un accord en trilogue entre la Commission, le Conseil et le Parlement européen, et donc une adoption définitive.

Les drôles d’infos d’article13.info

Mais revenons au site article13.info. Sur cette page qui se veut éducative, on apprend que grâce à cet article, « vous allez pouvoir mettre en ligne sans crainte cette vidéo que vous avez faite avec un titre de Lady Gaga car les plateformes seront responsables de l’utilisation d’éléments protégés par le droit d’auteur dans les contenus publiés par les utilisateurs ».

Ainsi, « vos mises en ligne seront couvertes par la licence que la plateforme négociera avec les ayants droit ». Situation qui, soit dit en passant, ne change rien puisque depuis plusieurs années des accords de licence sont passés entre les sociétés de gestion collective et cet acteur...

Vous vous estimez couvert par une exception au droit d’auteur, comme la parodie, la critique, la courte citation ? Aucun souci d’après la SACEM et ses amis. Si votre contenu est supprimé, « vous aurez au moins le droit de savoir pourquoi, car les plateformes devront fournir aux utilisateurs et aux ayants droit des moyens de faire appel de leurs décisions ».

En somme, la suppression sera automatisée, mais vous aurez la possibilité de faire « appel » de ce jugement algorithmique pour espérer remettre en ligne le contenu qui n’avait pas à être supprimé.

L’analyse ligne par ligne de l’article 13 selon l’industrie culturelle

La page se poursuit par une analyse ligne par ligne de l’article 13, tel que voté par les eurodéputés le 12 septembre dernier. Cet article frappe les plateformes « telles que YouTube, Facebook, Vimeo ou Dailymotion qui reposent sur du contenu publié par les utilisateurs ». Soit tous les hébergeurs où des contenus sont partagés auprès d’une communauté d’utilisateurs.

Ces plateformes réaliseront à cette occasion « un acte de communication en direction du public ». C’est une grande nouveauté, même si pour la Sacem et ses satellites relationnels, ce point se contente de « réaffirme(r) qu’elles sont tenues de négocier des contrats de licence avec les ayants droit ».

Dans tous les cas, elles seront « responsables du contenu généré par les utilisateurs », détaille le site, avant d’insister encore et toujours : elles auront à « conclure des accords qui couvrent les œuvres mises en ligne par les utilisateurs contenant des éléments protégés par le droit d’auteur ».

Et si un ayant droit refuse de négocier, alors « les deux parties doivent travailler ensemble pour s’assurer que ces œuvres ne sont pas mises à disposition sur le site ».

Les sociétés de gestion collectives préviennent néanmoins que « vous ne serez pas automatiquement couvert si vous mettez en ligne à des « fins commerciales », par exemple si vous utilisez de la musique pour une annonce ». Il reviendra évidemment à la jurisprudence de définir cette échelle de commercialité qui avait déjà fait couler tant d’encre à l’époque d’Acta.

Une présentation fallacieuse

Cette présentation est malheureusement fallacieuse, car incomplète. Comme souligné, le site ne précise pas que ces dernières années, plusieurs accords ont été passés avec les plateformes afin de régler la question des droits d’utilisation. La SACEM en avait par exemple signé un avec YouTube dès 2010, comme nous le rapportions alors.

En générant des empreintes à partir de leurs catalogues d’œuvres, ces accords permettent à YouTube, Dailymotion, etc. de laisser passer ce qui peut apparaître ou empêcher ce qui ne peut être partagé. La force de l’article 13 est d’organiser une responsabilité directe des intermédiaires dès le moindre octet illicite. Les sociétés de perception et de répartition de droits peuvent ainsi espérer une renégociation contractuelle en se taillant une part plus léonine.

Le souci est que sur ce site, les sociétés de gestion collective n’ont pour modèle que leur activité traditionnelle et se fichent absolument de tout un pan de la création : l’univers hors catalogue.

L’univers hors catalogue, un univers créatif oublié par les SPRD

Pour mieux comprendre, imaginons un scénario loin d’être exotique : un internaute crée une chanson, accompagnée à la guitare, au piano ou au ukulele. Un joli morceau fruit de son imagination, comme on en voit tant aujourd’hui en ligne.

Cet internaute souhaite le partager sur YouTube, Dailymotion, Vimeo, peu importe, mais ne tient pas à le déposer auprès d’une société de gestion collective. Son œuvre reste néanmoins protégée au titre du droit d’auteur, puisque cette consécration n’est soumise à aucune condition formelle.

Plaçons-nous maintenant sur le fauteuil de cet intermédiaire, plus particulièrement au sein de son service juridique : comment celui-ci pourra-t-il avoir la certitude que ce morceau est protégé (ou non) au titre du droit d’auteur, alors qu’il n’apparaît dans aucun des catalogues épaulant les accords de licence ?

Poussons le scénario plus loin. La plateforme A décide d’autoriser malgré tout la mise en ligne de cette œuvre magistrale. Imaginons maintenant qu’un contenu très similaire a déjà été posté par un tiers, un mois plus tôt, sur une plateforme B.

Grâce au charmant article 13, l’intermédiaire A sera directement responsable de cet acte de contrefaçon qu’il ne pouvait cependant prévenir, faute d’avoir les empreintes techniques.

Voilà pourquoi le régime prévu par cette disposition va générer des effets particulièrement néfastes sur tout un pan de la création en ligne, du moins chez les intermédiaires qui n’accepteront pas de prendre le moindre risque d’être condamnés à 3 ans de prison et 300 000 euros d’amende.

Voilà également pourquoi ce mécanisme risque de rendre les pages de YouTube, Vimeo ou Dailymotion aussi sympathiques que le rayon « Culture » d’un supermarché déserté.

Quel statut de l'hébergeur sans article 13 ?

Que se passerait-il si la directive était adoptée sans l’article 13 ? Croire que ces sociétés de gestion collective seraient décimées est probablement une tromperie.

Les accords passés depuis des années restent effectifs et rémunérateurs. Malheureusement, chacune des parties refuse d’en révéler les montants, protégés par des accords de confidentialité. Dit autrement, le fameux article 13 est négocié au titre du « Value Gap », alors que les sociétés de gestion collective se refusent de révéler les montants aujourd’hui perçus.

Juridiquement, un régime de responsabilité existe aujourd’hui, celui de l’hébergeur. Piloté par la directive de 2000 sur le commerce électronique, il prévoit une responsabilité conditionnelle des intermédiaires techniques.

Très schématiquement, ceux-ci ne deviennent responsables des contenus illégaux hébergés que si, alertés dans les formes, ils décident de les conserver en ligne. Le texte a été taillé pour les contenus manifestement illicites, catégorie dans laquelle entrent les contenus pédopornographiques ou faisant l’apologie du terrorisme par exemple, mais pas nécessairement le droit d’auteur dont l’analyse des revendications exige le plus souvent un passage par un juge, seule entité à pouvoir jauger les intérêts en présence.

C’est justement ce régime qui est critiqué par les sociétés de gestion collective depuis son entrée en application en France en 2004. Celles-ci sont contraintes de notifier les intermédiaires techniques, URL par URL, de la présence d’un contenu issu de leurs catalogues, mis en ligne sans leur autorisation. Et lorsqu’ils se retrouvent face à des résistances, ils doivent poursuivre leur combat devant un tribunal, avec un coût financier et médiatique importants.

La magie de l’article 13 est finalement de déporter cette charge sur les épaules de YouTube, Dailymotion, Instagram, Facebook, Twitter, et les autres, par le biais d’une responsabilité directe. Si l’on résume, avec la directive sur le droit d’auteur, cette responsabilité des hébergeurs 2.0 sera immédiate dans tous ces cas de figure :

  • Une œuvre de catalogue SACEM a été mise en ligne sans autorisation, mais elle est passée au travers du filtrage (problème : le filtrage effectif à 100 % est impossible)
  • Une œuvre hors catalogue a été mise en ligne sans autorisation par un tiers (problème : impossible pour le système de filtrage de deviner la paternité de l’œuvre)

Tout un pan d’informations oublié par ce site, ou encore par France Inter lors de son émission « Instant M » consacrée à la bataille autour de cette disposition…

Écrit par Marc Rees

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Les drôles d’infos d’article13.info

L’analyse ligne par ligne de l’article 13 selon l’industrie culturelle

Une présentation fallacieuse

L’univers hors catalogue, un univers créatif oublié par les SPRD

Quel statut de l'hébergeur sans article 13 ?

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Commentaires (26)


Les SPRD utilisent la désinformation pour communiquer, comme c’est étonnant… ou pas <img data-src=" />


Quand est ce qu’un Politicien aura le courage de s’attaquer aux “ayant droits”? Vu l’opacité de l’utilisation des fonds ainsi récolté et les très probables “retro-comissions”: Jamais?



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Nos politiciens préfèrent détruire les fondements de notre république en supprimant la séparation des pouvoirs (loi anticasseurs); on le savait déjà, il n’y a plus rien à en attendre, mais à chaque fois ils arrivent à aller plus loin que ce que l’on pouvais imaginer.


faut pas tomber non plus dans les amalgames et raisonnements primaires. Tout n’est pas ‘tout blanc’ ou ‘tout noir’. politicien “tous pourris”, citoyens ‘tous gentils’. Franchement nos politiciens sont a notre image. Quand je vois le comportement du ‘citoyen moyen’ on a ce qu’on mérite. C’est tellement facile et confortable de râler dans un forum ou au comptoir d’un bar…


J’avoue, je reste “primaire” quand le pouvoir exécutif n’est plus contrôlé par le pouvoir judiciaire. En France il y avait 3 pouvoirs (exécutif, judiciaire et législatifs) qui s’autorégulaient les uns les autres, je remarque juste que c’est de moins en moins le cas, notamment avec ce genre de loi.


France Inter aurait diffusé des “Fake news” ? Bon sang, l’accusation est grave 😋


Ca fait 25 ans que les SPD seraient décimées selon elles.

Les effets de bords attendus rappellent furieusement l’article avec Jamendo vs SPD

&nbsp;







Nerg34 a écrit :



Quand est ce qu’un Politicien aura le courage de s’attaquer aux “ayant droits”? Vu l’opacité de l’utilisation des fonds ainsi récolté et les très probables “retro-comissions”: Jamais?



&nbsp;



Les politiciens sont corrompus par les SPD (le lobbyisme c’est le terme

politiquement correct de corruption), rien à attendre de leur part. Souvenez-vous d’ACTA, il a fallu une mobilisation citoyenne exceptionnelle pour que les eurodéputés daignent faire leur job, cad réfléchir dans l’intérêt des citoyens européens. 1fois, 2fois…, on est pas des chiens de garde.



&nbsp;



kgersen a écrit :



faut pas tomber non plus dans les amalgames et raisonnements primaires. Tout n’est pas ‘tout blanc’ ou ‘tout noir’. politicien “tous pourris”, citoyens ‘tous gentils’. Franchement nos politiciens sont a notre image. Quand je vois le comportement du ‘citoyen moyen’ on a ce qu’on mérite. C’est tellement facile et confortable de râler dans un forum ou au comptoir d’un bar…





Tu n’as pas relevé le niveau sur ce coup là



On a les hommes politiques qu’on mérite…

Il faut être honnête, les lois liberticides passées ces dernières années n’ont soulevé l’indignation que d’une minorité de personnes…

C’est bien trop facile d’accuser nos hommes politiques : Si les gens se préoccupaient vraiment de ce genre de sujet, ça ne passerait pas…


Malheureusement je pense qu’une bonne partie des français est pour ce genre de lois liberticides : Quant au reste de la population, elle s’en fout…

Triste réalité

La démocratie ça ne marche que si les citoyens s’impliquent


Entretien avec Jérémie Zimmermann (la Quadrature du Net)

https://www.youtube.com/watch?v=SeKyi63HH6Y


Le lobbying a très mauvaise presse, et selon comment il est pratiqué, il peut avoir une limite floue avec la corruption, mais on ne peut pas dire que c’est la même chose.



Le lobbying au sens ‘noble’, c’est présenter à un responsable politique un argumentaire, pour éclairer sa compréhension d’un sujet. C’est évidement orienté, mais si c’est bien utilisé, ça aide à comprendre les tenants et les aboutissant des sujets.

Par exemple une loi sur le taxation du pétrole est en passe d’être voté, Total va envoyer une note aux parlementaires pour expliquer comment c’est mal parce que ça va pourrir le marché, Greenpeace va envoyer une note pour expliquer comment c’est bien parce que ça va sauver les pingouins…

Le député, s’il fait son travail correctement, pourra croiser ces avis chacun très bien renseigné sur leurs sujets, et prendre la décision de voter pour ou contre en connaissance d’un maximum d’éléments.



A mon sens c’est plutôt une démarche positive que de se donner les moyens de prendre en compte la position des grands acteurs d’un domaine avant de légiférer. Le vrai problème du lobbying n’est pas l’activité de lobbying en elle-même, mais l’opacité dans laquelle elle est pratiquée. Si la note envoyée était publique, elle pourrait être débunkée et contre-argumentée. L’activité de lobbying serait du coup forcée d’être honnête, et moins sujette à la tentation de la manipulation.







A mon sens, le problème dans la relation députés / ayant droit, c’est plus un problème de clientélisme que de corruption / lobbying. Les députés ne sont pas prêts à prendre position contre les AD si ça veut dire que ça va annuler le festival truc-muche qu’ils se gaussent d’accueillir dans leur circonscription.








anagrys a écrit :



France Inter aurait diffusé des “Fake news” ? Bon sang, l’accusation est grave 😋





Non France Inter n’a pas le même point de vue que le rédacteur sur cette directive.



Les effets potentiels sur l’univers hors catalogue sont quand même issus de l’interprétation très imaginative du rédacteur sur les effets de bord.



Et l’angle abordé par France Inter est exact: le gentil Google a poussé gentiment ses gentils youtubeurs à sortir du bois pour faire du lobbying.



Les pauvres bichounet …


Allez, débarquement de l’imbécile utile des majors dans combien de temps ?



Car il y a souvent un pimpim qui vient hurler ici que la dernière directive pro-majors est une bénédiction, et qu’il va pouvoir enfin se payer un yacht tout neuf…








Sigma42 a écrit :



On a les hommes politiques qu’on mérite…

Il faut être honnête, les lois liberticides passées ces dernières années n’ont soulevé l’indignation que d’une minorité de personnes…

C’est bien trop facile d’accuser nos hommes politiques : Si les gens se préoccupaient vraiment de ce genre de sujet, ça ne passerait pas…





C’est aussi un problème de différence des moyens.



Aux USA, ils ont l’EFF par exemple qui s’occupe de ce genre de chose. Et malgré ça il a fallu une mobilisation assez terrible pour faire tomber la loi SOPA.

Alors en europe, où les populations sont largement plus fragmentées et ne parlent même pas la même langue…



Le problème que j’y vois, c’est que la mobilisation citoyenne dans ce cadre est “défensive” : Un truc liberticide est proposé =&gt; Il faut une mobilisation pour s’y opposer et, peut-être , éviter son application et donc revenir au status-quo précédent.

Demain, la même disposition peux revenir sous un autre nom, porté par les mêmes personnes.&nbsp;

Et après demain aussi.



Il n’existe pas de mécanisme de “blocage” des lobby, du style : “hey, ça fait 5 fois que vous essayez de faire passer vos textes , ça a été refusé 5 fois après des mobilisations trans-européenne, maintenant , vous êtes blacklisté pour 10 ans”.

&nbsp;

L’initiative leur reviens systématiquement. Et oui, à un moment, ça fini par passer. Et là, bah on subit - sachant qu’on reviens jamais en arrière , sauf à mettre par terre toute les institutions.

&nbsp;



Tout un pan d’informations oublié par ce site, ou encore par France Inter lors de son émission «&nbsp;Instant M&nbsp;»consacrée à la bataille autour de cette disposition…



Je viens d’écouter l’émission.



D’habitude j’aime assez France Inter. Mais là, j’ai trouvé la présentatrice insupportable: Elle n’a _pas_ arrêté de parler, de toute l’émission, au point d’obscurcir la voix des 2 invités qui, j’ai eu l’impression, essayaient eux d’avoir un certain équilibre dans leur propos, mais qui n’ont jamais eu l’opportunité de placer plus de 23 phrase d’affilé.



Un grand moment de journalisme :-(



Sur le fond, il fallait s’y attendre : Les ayants-trop-de-droit ont TOUJOURS utilisé l’argumentaire du “On le fait bien pour le terrorisme et pour la pédopornographie, pourquoi pas pour nous” , quelque que soit la mesure (filtrage, stay-down, etc…)



Je n’aime pas l’idée de rendre responsable les plateformes , qu’elles soient grande ou petites.



Mais à choisir, j’aime encore moins l’idée qu’il existe de telles plateforme centralisées - on a pu voir à quel point ces dernières peuvent avoir une influence sociétale - jusqu’à la politique.

Dans quelle mesure on aura pas un jour Youtube & Google qui filtrera discrètement les vidéo qui dénoncerait l’évasion fiscale et/ou les lanceurs d’alerte, mais qui mettrait en avant des vidéo portant leurs propres intérêt ? On ne peux pas le savoir, déjà actuellement.



Même Peertube implique des “serveurs initiaux”, même si il en existe déjà plusieurs (et d’ailleurs, de tels softs existaient déjà avant, comme MediaGoblin par exemple)



Je pense que actuellement, et _surtout_ avec l’avènement des liens montant en très haut débit, il devient possible de développer des systèmes d’hébergement a-centré - le plus compliqué comme l’ont montré les logiciels comme e-donkey et bittorrent étant la centralisation des recherches & l’évitement des fake.

&nbsp;

&nbsp;


« (…) Les lobbyistes des articles 11 et 13 sont donc entrés depuis l’été 2018 dans un jeu de donnant-donnant. « Je soutiens ton article 11, en échange tu soutiens mon article 13, et réciproquement ». En effet, le sort de ces deux articles est lié : l’un comme l’autre visent clairement Internet sous couvert de cibler les GAFAM ; l’un comme l’autre sont contestés depuis des mois par les associations de défense des libertés ; et le reste de la directive copyright est relativement consensuel. »



https://signal.eu.org/blog/2019/02/05/la-demission-francaise-sur-la-liberte-dexp…







Et ma réponse (en commentaire sur un billet précedent) :



« Perso, j’ai passé quelques coups de fil, envoyé des courriels et des courriers papier aux eurodéputé·e·s.

Je comprends que ça n’a pas beaucoup d’influence sur des personnes qui se font offrir dîner-concert :

https://twitter.com/JeanMarieCAVADA/status/1007616770671366144

https://twitter.com/sacem/status/1007207571483168768

Ce que je comprends plus difficilement, c’est : pourquoi personne (hormis les ayants trop de droits) n’interpelle les eurodéputé·e·s sur leur compte twitter ? »



https://signal.eu.org/blog/2018/06/15/la-directive-copyright-et-le-problematique…








yadlajoie a écrit :



Entretien avec Jérémie Zimmermann (la Quadrature du Net)

https://www.youtube.com/watch?v=SeKyi63HH6Y



<img data-src=" />

&nbsp;



Zerdligham a écrit :







Merci pour ta réponse, ma réponse est moins nuancée car que je ne vois plus de lobbying transparent ou pour des causes que je qualifierai de juste.



C’est un cercle vicieux: plus le lobbyisme est mal vu, plus les gens qui le pratiquent (aussi bien côté lobbyistes que parlementaires) ont envie de le cacher, plus ça ouvre la porte aux pratiques douteuses, plus le lobbyisme est mal vu.








carbier a écrit :



Non France Inter n’a pas le même point de vue que le rédacteur sur cette directive.



A bon ?



Que TU pourrais qualifie de juste




Trois seuils de déclenchement auraient été définis pour justifier son application chez les intermédiaires techniques, à savoir un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros, 5 millions de visiteurs uniques par mois et au moins trois ans d’existence. Tous ceux qui ne remplieraient pas l’un de ces critères resteraient sous l’égide de la directive de 2000 sur le commerce électronique.



C’est rassurant, alors qu’ils auraient pû etre sabrés !

Assez dommage que le seuil précedent qui exemptait toutes les PME (chiffre d’affaires =&lt; 50 M€/an, employés &lt; 250) (en) n’ait pas été rétenu, probablèment parce que c’était un peu trop près de celui de Dailymotion ? (59 M€/an)








carbier a écrit :



Les effets potentiels sur l’univers hors catalogue sont quand même issus de l’interprétation très imaginative du rédacteur sur les effets de bord.





Ah bon ? (en)



Alors, là, je me suis renseigné un peu plus, et (à moins que je ne me trompe) NextINpact me déçoit beaucoup !



Ce n’est pas “Tous ceux qui ne remplieraient pas l’un de ces critères”,

mais “Tant qu’ils n’ont pas rempli au moins un de ces critères” (en) !

C’est quand même une sacrée différence !!

(Avec l’esprit de la loi ciblant explicitement les start-up voulant dévélopper de nouveaux modes de partage de fichiers.)



De même, il semblerait que, contrairement à ce qu’avançait NextINpact,

il n’aurait jamais été question de PME, mais de TPE (=&lt; 10M€/an, &lt;50 employés) !

Ce n’est quand même pas un si petit detail !



Aussi, il semblerait (mais j’ai des doutes la-dessus) que l’argent gagné à travers des dons (et autre financement participatif) puisse compter dans les seuils… (en)








BlueTemplar a écrit :



Ah bon ? (en)





Article très très intéressant, qui montre l’impossibilité (par nature) d’un système de filtre automatique de distinguer différentes interprétations, le déséquilibre entre le simple uploader et les sociétés qui ont passé un accord “ContentID” avec Google, et enfin la “monétisation à tord” où un ayant-droit touche des sous de quelque chose dont il n’a pas (du tout) les droits. Au détriment soit du spectateur (via la pub imposée) soit de l’auteur original.



C’est une conception très mercantile de la relation entre spectateurs & créateurs, qui est loin d’être partagée.



Ceci étant dit, je sais que je radote mais la solution passe davantage pour moi par des solutions comme peertube (ou ses successeurs un jour) que par la régulation d’une boite multinationale comme Google, qui trouvera toujours moyen de contourner la loi ou la faire évoluer en sa faveur.

&nbsp;









BlueTemplar a écrit :



Ah bon ? (en)





Cela tombe bien, cela n ‘est pas du hors catalogue… Donc je ne vois pas le rapport.