Canal+ et le cinéma vont finalement renouveler leur accord

Canal+ et le cinéma vont finalement renouveler leur accord

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Marc Rees

Publié dans

Droit

08/11/2018 4 minutes
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Canal+ et le cinéma vont finalement renouveler leur accord

Happy end ! Canal+ et le cinéma français vont finalement signer aujourd’hui un nouvel accord de financement. Après la guerre, l’armistice a été atteint Rue de Valois, sous l’œil de Franck Riester, quelques heures avant le début des rencontres cinématographiques de Dijon.

Les mois à venir devaient s’annoncer compliqués pour les professionnels du cinéma. Le 18 octobre dernier, dans un courrier, Canal+ menaçait de ne pas renouveler l’accord multilatéral signé en 2015 avec la filière. Un accord arrivant à échéance le 31 décembre 2019.

La chaîne payante, l’un des plus gros contributeurs du cinéma français, y dénonçait l'accumulation des exigences du secteur, tout en se plaignant d’être la seule partie à faire des concessions, et ce, dans un contexte de restrictions budgétaires de plus en plus importantes.

Il faut dire que la contribution de Canal+ vers le cinéma avait été calculée à une période un peu plus faste : 3,61 € sur la base d’abonnements proposés à près de 40 euros. Toujours selon l’accord de 2015, la chaîne s’engageait à consacrer 12,5 % de son chiffre d’affaires à l’acquisition de films européens. Seulement, avec la fonte des années suivantes – perte de droits du foot, des abonnés sur le départ ou retranchés vers des formules moins onéreuses – la part du gâteau a eu des parfums de plus en plus léonins.

Guerre et paix 

« Notre accord cinéma expirant le 19 décembre 2019, nous inaugurerons prochainement une nouvelle phase, non pas cette fois-ci de discussions dans la logique de prorogation de cet accord, mais bien de négociations bilatérales visant à aboutir à un nouvel accord pour toutes les parties », écrivait Maxime Saada.

Et pour bien enfoncer un clou, le directeur général de Canal+ ajoutait que « les différentes concessions que j'ai acceptées au cours de l'année écoulée ne constitueront pas la base de nos échanges à venir, puisque leur validité n'avait d'effectivité que dans le cadre des discussions relatives à la chronologie des médias ».

Avec ce courrier, qui a jeté un froid sur les écrans, c’était même la délicate réforme de la chronologie des médias qui s’en trouvait menacée, puisque conditionnée à cette entente. 

Un accord trouvé Rue de Valois

Mardi, toutes les parties ont été convoquées au ministère de la Culture. Après quelques heures de négociations, sous l’égide de Franck Riester, un accord a finalement été trouvé, comme l’a révélé Satellifax,. Le document sera signé autour de midi aujourd’hui à Dijon, lors des traditionnelles rencontres cinématographiques.

Que prévoit-il ? Le plancher, ou minimum garanti, de Canal+ devrait glisser de 3,61 € à 2,41 euros, selon les abonnements considérés, et ce à partir du 1er janvier 2019. Saada espérait une décote de 40 %, elle atteint finalement 34 %.

La confiance n’excluant pas le contrôle, cette mission sera dévolue au CSA qui devra avoir les cartes en main pour vérifier les données du financeur. Le groupe, via StudioCanal, va également pouvoir endosser la casquette de producteur délégué pour quatre films par an. Les investissements dans les films européens seront plafonnés à 180 millions d’euros chaque année, comme le réclamait Saada. Enfin, Canal+ s’engage à déposer une demande de renouvellement sur la TNT à l’échéance de 2020, une diffusion par elle-même source de financements pour le milieu du cinéma.

La chronologie des médias

Cette étape franchie, la suivante sera donc la réforme de la chronologie des médias. Un chantier attendu depuis 2009, sans cesse repoussé faute d’accord entre les parties prenantes, qui définit l’ordre de sortie des films, à partir de la date de sortie nationale en salles cinématographiques

Selon le nouveau tempo, qui doit encore être validé par OCS, les films ayant obtenu moins de 100 000 entrées à l’issue des quatre premières semaines d’exploitation en salles sortiraient plus rapidement en DVD (3 mois au lieu de 4). La fenêtre Canal+ serait avancée à 6 (pour les films à succès mitigé) ou 8 mois, et non 10 ou 12 mois. Les services de vidéo par abonnement, comme Netflix ou Amazon, seraient diffusés enfin 17 mois après, contre 36 aujourd’hui. Ce délai raccourci serait néanmoins conditionné à un soutien à la production (engagement de diffusion d’œuvres européennes, de diversité, de préfinancement). Une logique de carotte qu’avait déjà plaidée le rapport Lescure en son temps.

 

Écrit par Marc Rees

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Guerre et paix 

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Commentaires (11)


Quand on voit leur “nouvelle” chronologie des média on se rend bien compte qu’elle est nulle et pas du tout en accord avec le monde d’aujourd’hui. Cette chrono est la preuve de tractations dans tous les sens essayant de plaire à tous, on en arrive à un truc bancal et foireux.



L’illégal a vraiment de beaux jours devant lui ! <img data-src=" />


ça va finir entre Disney, Netflix, Amazon et OCS qui vont à eux seuls porté la production culturelle européenne (en dehors de la télé et avec quelques films au ciné)…



ça va être drôle de voir des plus gros budget pour ces films et series en dehors des télés pendant que la télé diffusera des téléréalités et shows adapté au budget de leurs chaines tv…


Question légèrement hors sujet, si Netflix décide de sortir un film sur sa plateforme puis d’en autoriser la diffusion dans les cinémas après, qu’est-ce que ça donne ?


17 mois entre la sortie en salle et la vod ?

Encore trop long, canal se garde l’exclu pendant 9 mois.

Tant que c’est la solution (chronologie) qui sera négociée et non pas le besoin (financement) on n’a pas fini de streamer, télécharger …


en divisant l’offre, les gens vont retourner vers les sites unique de DDL. cela n’a pas de sense. je decide de resté fidèle à Netflix car plus on est, mieux seront leurs productions.


Exactement, dès que le blu-ray est sorti il y a une farandole d’accès gratuit au film dans toutes les langues, toutes les qualités, avec sous-titres, accessibles n’importe où…

Après, ça vient pleurer, snifsnif le piratage tue le marché que l’on verrouille nous même&nbsp;<img data-src=" />


alors je résume&nbsp; pour un film français , je paie quand :




  • je prends une place de ciné y a une partie pour la production francaise

  • je prends une place pour un film français je paie 3 fois puisque c’est le même prix (je paie une 1ere fois avec le ticket précédent, une seconde fois avec le nouveau ticket, et une 3eme fois avec le nouveau ticket dont une part est réservée a la production française)

  • je prends un abonnement canal+



    de plus les chaines TV et les services comme netflix maintenant doivent / devront :

  • produire/financer/diffuser des “œuvres” françaises





    en gros, le cinéma français est un truc sous perf….. non parce que bon, le ciné américain, qu’on aime ou pas, il se fait avec les sous qu’il ramasse par les entrées et les DVD(et assimilés)



    il serait peut être temps de le débrancher le&nbsp; cinéma français non ? S’il peut pas s’autofinancer, c’est que les gens n’en veulent pas non ???



    &nbsp;


n’oublie pas que, la production française étant largement subventionnée à différents échelons, si tu vis en France tu paies aussi pour les films avec tes impôts - locaux ou non - et les taxes. Et ce que tu regardes le film ou pas.


Il me semble que l’accès au réseau hertzien de Canal est conditionné à la subvention du cinéma français, ceci explique sans doute pourquoi canal à finalement accepté le compromis.

&nbsp;








fraoch a écrit :



non parce que bon, le ciné américain, qu’on aime ou pas, il se fait avec les sous qu’il ramasse par les entrées et les DVD (et assimilés)







Les deux marchés (et donc le nombre de spectateurs potentiels) n’ont absolument rien à voir. D’un côté on a la France, la Wallonie, la Suisse romande et le Québec (on oublie l’Afrique francophone, dont les entrées salles / achats de DVD légaux doivent être anecdotiques).



De l’autre on a les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie… (population bien plus importante et plus aisée), sans parler de la tétra-chiée de gens qui ont pris l’anglais comme deuxième langue et qui n’ont donc aucun mal à voir un film anglophone.



Les spectateurs de films anglophones (pas uniquement américains) vont se chiffrer en centaines de millions, voir en milliards, là où les films francophones (et pas uniquement français) ne toucheront au mieux que quelques dizaines de millions d’individus.



Au final, les rentrées d’argent n’ont rien à voir, ce qui implique fatalement des budgets bien moins conséquents. Tu peux donc oublier tous les blockbusters et autres films grandioses à gros budgets. Ceux-là même qui attirent généralement les foules.



Maintenant, on parle du cinéma français, mais il en va de même pour quasiment toutes les autres langues.



y pourront toujours faire les snobs à Cannes en se persuadant qu’ils n’ont pas de concurrence !



C’est effectivement préoccupant de voir qu’une fois de plus l’Europe a pris trop de retard là dessus et a laissé émerger tous les mastodontes ailleurs. Cela dit, c’est peut-être quand même ces nouveaux médias qui assureront la relève du cinéma local à son corps défendant (du moins à celui de la clique qui le domine actuellement).