Brave est un cas à part dans le monde des navigateurs. Il ambitionne de protéger la vie privée de l’internaute, en se montrant agressif à l’égard des publicités jugées « invasives » et des trackers. Il intègre par ailleurs l’extension HTTPS Everywhere, qu’il active par défaut. Il reste cependant jeune et n'est pas exempt de reproches.
Ce jeune navigateur open source (licence MPL 2.0) a été essentiellement pensé et poussé par Brendan Eich. Si le nom vous semble familier, c’est qu’il est le créateur de JavaScript, dont on connait l’importance dans le web d’aujourd’hui. Il a aussi été l’un des cofondateurs de la fondation Mozilla et, plus récemment, PDG éphémère de Mozilla Corporation. Une polémique sur son opposition au mariage gay en Californie l’avait cependant mené à une démission rapide.
Brave est un projet à surveiller, que ce soit pour son auteur principal, sa philosophie générale ou par ses choix parfois curieux. Le navigateur fait bien ce qu’il annonce, mais présente certaines subtilités, voire contradictions.
Notre dossier sur les navigateurs en 2018 :
- Une brève histoire des navigateurs
- Entre Chrome et Firefox, un large tronc commun et de légères différences fonctionnelles
- D’Edge à Safari, les parcours très différents des deux grands navigateurs historiques
- Opera et Vivaldi, les frères ennemis aux orientations très différentes
- Brave, le navigateur qui voulait protéger la vie privée
Installation, interface et prise en main
L’installation de Brave réserve quelques premières surprises. Déjà, l’internaute devra affronter un site intégralement en anglais. Même s’il connait le sens du mot « Download », c'est un frein potentiel. Ensuite, le poids du téléchargement est surprenant : de 140 à 150 Mo, que ce soit pour Linux, macOS ou Windows, les trois plateformes prises en charge (Brave est fondé sur Chromium, comme Opera et Vivaldi). Contre 30 à 40 Mo habituellement pour la concurrence.
L’installation elle-même se passe sans la moindre question à l’utilisateur, sur aucune des plateformes. Sous Windows, le navigateur va se loger dans le dossier AppData/Local
, quand les concurrents préfèrent Programmes
ou Program Files (x86)
, selon qu’il s’agit d’une version 64 ou 32 bits. Le poids du dossier après installation est tout aussi surprenant : de 450 Mo sous macOS à presque 600 Mo sous Windows. À titre de comparaison, le dossier Firefox pèse 150 Mo.
De tous les navigateurs testés, Brave est en outre le plus lent à se lancer. Rien de problématique pour une machine équipée d’un SSD, mais la différence est clairement perceptible. Sur un PC plus ancien, doté d’un simple disque dur et d’une distribution Linux Mint 19, il a fallu de longues secondes avant que le navigateur daigne s’ouvrir.
Cette « lourdeur » ne se ressent en revanche pas pendant la navigation. Les pages se chargent vite,
. Les résultats obtenus sont peu ou prou les mêmes que ceux de Chrome. Ce n’est pas une surprise, Brave utilisant la même base technique.L’internaute devra en outre composer avec des choix d'interface beaucoup plus marqués. Le navigateur ne fait aucun effort pour s’intégrer dans l'ergonomie du système hôte : il a toujours la même apparence (assez proche de Safari), seuls les boutons d’actions sur la fenêtre changeant de place. Certains apprécieront, d’autres pas, d’autant que la couleur orange choisie est particulièrement vive (et ne peut pas être modifiée).
En dehors de son thème particulier, l’ensemble se manipule comme un navigateur classique. Les onglets sont évidemment là, de même que le menu principal, symbolisé par trois petits traits parallèles. L’icône orange du lion rassemble, elle, les fonctions liées aux spécificités de Brave : blocage des publicités, des trackers, des cookies tiers et des scripts, ou encore HTTPS Everywhere.
Gestion des onglets et utilisation générale
Quiconque s’est déjà servi d’un navigateur retrouvera ses marques dans Brave. Il faudra simplement faire avec une traduction partielle de son interface. Mais que les textes soient en français ou en anglais, on reste sur un modèle classique avec barre d’adresses, onglets, paramètres et ainsi de suite. Les éléments de Chromium sont bien là.
Le maniement des onglets ne réserve aucune surprise, dans un sens comme dans l’autre. On peut donc en épingler, en rendre un muet ou au contraire tous les autres, fermer les onglets à droite ou à gauche ou encore en extraire de la fenêtre en cours pour en créer une nouvelle. Contrairement à Chrome cependant, Brave ne sait pas faire de sélection multiple pour les sortir ensemble dans une nouvelle fenêtre.
Le navigateur propose une prévisualisation des onglets qui, à notre sens, est tout simplement la plus efficace de tous les navigateurs testés. Dès que la souris survole au moins une seconde un onglet inactif (temps réglable dans les préférences), la page qu’il contient remplit la fenêtre. Quitte à explorer ces onglets en effet, pourquoi ne pas fournir un affichage complet pour trouver rapidement ce que l’on cherche ? Les navigateurs concurrents proposent le plus souvent des miniatures, moins pratiques. Seul Opera fait presque aussi bien.
Ceux qui n’apprécient pas cette prévisualisation « pleine page » pourront la désactiver dans les options. Il n’y a cependant pas de solution de remplacement : c’est tout ou rien.
Gestion des signets : de quoi agacer l’utilisateur
. Le navigateur ne démérite pas sur les fonctions, mais toutes ne sont pas exemptes de défauts, qu’il s’agisse de bugs ou de soucis logiques.
La gestion des favoris – pardon, signets – est par exemple perfectible. En utilisant la dernière préversion, l’import depuis Firefox plantait (malgré plusieurs essais), celui depuis Edge ne donnait aucun résultat, tandis qu’il a fonctionné immédiatement depuis Chrome. Peut-être le navigateur comprend-il mieux ses congénères basés sur Chromium.
Brave propose un panneau dédié aux signets, avec une séparation classique entre dossiers à gauche et contenu à droite. Mais ces signets ont visiblement un problème avec les favicons des sites : l’import depuis Chrome a laissé la presque totalité des sites sans icônes, ce qui pose un évident problème de repérage à l’utilisation.
Ce problème s’accentue avec la barre personnelle, qui réserve une autre surprise. À l’instar de Safari – dont il semble décidément beaucoup s’inspirer – Brave n’inscrit par défaut que les noms des sites. Dans notre cas, ils avaient été gommés sous Chrome, pour ne laisser que les favicons. Dans ce cas, suite à l'import Brave n’affiche… que les URL, tout du moins une partie. C’est en l’état illisible.
Pour passer outre ce problème, il faut fouiller dans la section Général des Préférences. On trouve un réglage Barre de signets. Il suffit d'y sélectionner Favicons seulement, ou Accompagnées de leur texte descriptif (quand il existe). On retombe sur les favicons vides, soit une série d’icônes par défaut identiques. Cliquer sur l’une pour lancer la page web associée ne rafraîchit pas la favicon, un comportement pourtant classique dans les navigateurs concurrents.
Cette partie mérite clairement du travail, l’expérience utilisateur étant loin d’être idéale. Le paramètre de la barre de signets devrait par ailleurs être répercuté dans la gestion des signets. En l’état, l’ensemble a de quoi agacer l’utilisateur, qui ne sera pas aidé par une interface partiellement en anglais.
Un néophyte pourrait même renoncer à Brave tant il peut ne pas se sentir « bienvenu ». Cela ajouté au fait qu’il est pour l'instant impossible de faire une sélection multiple via un cadre dessiné à la souris, forçant à passer par le clavier.
Blocage des publicités/trackers et vie privée
Passons maintenant à la véritable spécificité de Brave. Sur son site officiel, l’équipe part d’un constat : le marché de la publicité a dégénéré. On connait l’éternelle question de l’œuf et de la poule dans ce domaine. Les régies publicitaires arguent que les bloqueurs ont provoqué l’escalade actuelle, tandis que les bloqueurs jugent au contraire qu’il fallait réagir face à une publicité omniprésente et intrusive. À bon chat, bon rat.
Quelle que soit l’origine, la situation actuelle est ce qu'elle est. Brave y concentre son message : l’utilisateur n’a pas à être un produit. C’est encore plus vrai pour les versions mobiles. L'équipe évoque une moyenne de 23 dollars par mois aux États-Unis pour télécharger des publicités et des trackers, sans que l'on sache vraiment d'où vient ce chiffre.
Une présentation partiale des choses qui n'arrange surement pas le débat apaisé sur la question, mais qui arrange bien l'argumentation de Brave. On retrouve d'ailleurs en général de tels arguments chez les défenseurs du tout publicitaire.
Ainsi, Brave bloque tout – ou presque – et promet un chargement plus rapide des pages. Une pratique de plus en plus courante chez les navigateurs qui voient leur public demander des fonctionnalités de protection de la vie privée, mais aussi une ligne de défense contre les abus publicitaires.
Dans la pratique, Brave bloque par défaut les publicités, trackers et cookies tiers. Après le chargement d’une page, on peut cliquer sur la tête de lion pour obtenir des statistiques. Brave fournit alors le nombre agrégé de publicités et trackers bloqués (on ne peut pas détailler), les passages en HTTPS (via HTTPS Everywhere), les scripts bloqués (si l’option a été activée) et le nombre prises d’empreintes (fingerprinting) stoppées.
Dans ce même panneau se trouvent les options pour le site visité. On peut influer sur le blocage des publicités, le contrôle des cookies, HTTPS Everywhere, les logiciels malveillants ou les scripts.
En plus de cette orientation sur le filtrage, Brave propose un mode de navigation privée plus complet que la concurrence. Il reprend les bases connues, en ne laissant pas de trace locale d’une session de navigation. L’historique, les identifiants utilisés, les cookies et autres données de sites ne sont pas enregistrés.
Brave va cependant plus loin : les onglets de navigation privée peuvent passer par le réseau Tor. La barre d’adresse affiche le statut de la connexion, et il est arrivé d’ailleurs que celle-ci échoue. Quand elle se fait avec succès, Brave assure autant que possible l’anonymat de la navigation via Tor, même si bien sûr aucune défense dans ce domaine n’est absolue.
Comme toujours avec Tor, il est possible que l’affichage des pages soit ralenti. Dans ce cas, l’utilisateur peut désactiver Tor, Brave ayant le bon goût de placer l’interrupteur en plein milieu de la page Nouvel onglet. Un autre est d’ailleurs présent pour remplacer la recherche Google (utilisée par défaut) par celle DuckDuckGo en navigation privée. Ces interrupteurs, une fois actifs, le restent jusqu’à leur coupure pour toutes les prochaines sessions privées.
Précisons enfin que le menu général propose de créer directement un onglet de navigation privée via Tor. Dans ce cas, DuckDuckGo est obligatoirement utilisé, comme si l’interrupteur de Tor avait été activé dans une session privée.
Brave veut influer sur la répartition des gains publicitaires
C’est une autre spécificité de Brave, qui n'est pas sans rappeler la position d'Eyeo (derrière Adblock Plus) ou d'autres tentatives passées : le navigateur estime être en position de redistribuer les cartes des gains générés par la publicité. Ce mécanisme, totalement optionnel, demande bien sûr quelques explications.
Brave propose un portefeuille, sobrement baptisé Wallet. On l’active dans les Préférences, section Paiements. Une fois en place, on lui attribue un budget mensuel via des jetons spécifiques (les BAT, pour Basic Attention Token), bâtis sur la cryptomonnaie Ethereum. Par exemple, pour 5,60 dollars, on obtient 15 BAT.
Le solde du compte va ensuite être dépensé entre les sites visités. Brave bloque donc d’un côté la grande majorité des publicités, mais en profite pour se placer en intermédiaire de paiement pour les sites. Une situation qui pourrait mener certains éditeurs à se retourner contre Brave qui leur bloque une source de revenu pour mieux proposer ses services.
La formule retenue est au prorata sur un mois. Plus un site est visité par l’utilisateur, plus il peut prétendre à un gros pourcentage du portefeuille de l’internaute. Par défaut, le nombre de visites et le temps passé sont pris en compte par un algorithme maison, l'objectif étant d'éviter de ruiner l'effet vertueux recherché en favorisant les « sites à clic ». On peut également modifier la répartition à sa guise, chaque mois.
La chaine fait participer aussi bien l’utilisateur final que le gestionnaire du site. Ce dernier peut contacter spontanément Brave pour obtenir un statut « vérifié ». Auquel cas il entre dans les petits papiers du navigateur et les paiements sont débloqués. Sinon, Brave attend qu’un site ait cumulé au moins 100 dollars de gains pour envoyer un email à l’éditeur, une fois l’adresse extraite de la base « whois » (l’information peut donc être fausse).
L’idée de Brave est donc de supprimer les publicités proposées par des tiers et tout ce qui piste l’internaute en ligne, mais en « redistribuant les richesses ». Problème, cette redistribution se fait sur la base du volontariat.
Si Brave assure qu’un « fort pourcentage des internautes souhaite payer pour du contenu et soutenir Internet », on sait également que beaucoup sont bien trop heureux d’être débarrassés de toute publicité sans s’inquiéter outre mesure. Est-ce que cela sera suffisant pour faire vivre les sites dans la pratique ? En l'état, il y a assez peu de chances.
D'ailleurs, il ne s’agit là que de la première phase de ce que l’équipe de Brave a en tête. Il y a quelques semaines, le navigateur a commencé à tester son propre... réseau publicitaire. Avec l'accord de l’utilisateur, les publicités choisies par Brave s’affichent alors sur les sites visités, sur la base d’un catalogue de 250 contenus téléchargé chaque mois.
L’argent ainsi généré est réparti comme suit : 55 % pour les éditeurs, 15% pour les réseaux publicitaires partenaires, 15 % pour Brave et 15 % pour l’utilisateur, sous forme de BAT crédités dans son Wallet. Ils servent alors à alimenter d’autres paiements aux sites selon les visites. Le test est actuellement circonscrit à 1 000 testeurs au sein du programme Brave Early Access. Au cours des prochains mois, cette phase sera élargie à d’autres personnes souhaitant participer.
L'attitude de Brave, pouvant être perçue comme du parasitisme, déplaît forcément à une partie du secteur. Au printemps 2016, alors qu’il venait tout juste d’être lancé, 17 membres de la NMA (News Media Alliance) se sont ainsi unis aux États-Unis pour une pétition contre Brave.
À l’époque, le navigateur n’était connu que pour son blocage intégré des publicités, mais prévoyait déjà le second mode, avec « redistribution des richesses ». Les médias, visiblement choqués par les ambitions de Brave, ont publié une pétition lui demandant de se rétracter. « Votre plan d’utiliser notre contenu pour vendre vos publicités est indiscernable d’une volonté de voler notre contenu pour le publier sur votre site web » indiquaient-ils alors.
Une plainte avait été déposée devant la FTC, mais on est sans nouvelle depuis. Si Brave venait à gagner en popularité, il y a fort à parier que de telles actions viendront à se répéter, tant que le modèle choisi n'évoluera pas sur le fond.
Brave ne peut installer aucune extension
L’un des gros intérêts d’une base Chromium est d’être immédiatement compatible avec le stock d’extensions utilisables sous Chrome. Opera et Vivaldi en disposent et offrent en conséquence un argument de poids quand il s’agit de convaincre l’internaute de migrer : celui de retrouver ses repères.
Brave ne le fait pas. En fait, Brave ne propose aucune boutique d’extensions. Un choix pour le moins étonnant à moins bien sûr que l’équipe n’en ait fait un objectif à plus long terme. Pourtant, Brave intègre bien plusieurs extensions. Elles ont simplement été choisies et empaquetées pour limiter la casse.
Dans les Préférences, on les trouve dans la section Extensions. Elles sont au nombre de neuf, dont quatre gestionnaires de mots de passe : 1Password, bitwarden, Dashlane et LastPass. Leur présence pourra débloquer ceux qui s’imaginaient déjà sans leurs mots de passe. Les autres extensions sont Honey (gestion de coupons), MetaMask (applications liées à la cryptomonnaie Ethereum), PDF Viewer, Pocket et Torrent Viewer (visionnage de films via WebTorrent).
Brave s’assure ainsi de couvrir les besoins les plus élémentaires. L’utilisateur n’est pas censé avoir besoin d’un bloqueur de publicités, de trackers ou de scripts puisque ces fonctions sont intégrées au navigateur. Il n’est non plus censé chercher HTTPS Everywhere, elle aussi présente.
N'en demandez cependant pas plus. Si vous appréciez avoir une icône vous avertissant d’un nouveau courrier dans Gmail, un raccourci vers les principales fonctions d’Evernote, la création de listes avec todoist, télécharger des vidéos depuis YouTube ou un outil plus complet de capture d’écran comme Notebook Web Clipper, il faudra affronter un vrai manque. C’est tout aussi vrai pour les extensions de personnalisation, les thèmes et ainsi de suite.
Notez que l’intégration d’une dizaine d’extensions ne peut qu’expliquer en partie le poids global de Brave. LastPass, pour ne citer que cet exemple, pèse à lui seul 10 Mo environ.
Autre précision : il n’est pas complètement impossible d’installer des extensions provenant de Chrome. Une page est même consacrée au sujet sur le site de Brave. Cependant, les instructions données décourageront vite ceux souhaitant avant tout un produit fini et complet.
Synchronisation et applications mobiles
Le navigateur a eu le bon goût de proposer très tôt un service de synchronisation. Il est spécifique à Brave et ne repose donc sur aucune autre architecture. Il faudra créer un compte, la synchronisation prenant en charge l’ensemble des paramètres que l’on est en droit d’attendre d’une telle fonction : signets, paramètres des sites et historique de navigation. Brave ne possédant ni thèmes ni extensions installables, ces aspects ne sont évidemment pas pris en charge.
La synchronisation évite à Brave le syndrome « île solitaire », qu’Edge a connu pendant longtemps et dont Vivaldi est toujours affublé. Si vous utilisez Brave sur plusieurs ordinateurs, vous aurez bien les mêmes données partout.
Malheureusement, la synchronisation n’est pas présente dans les versions mobiles pour Android et iOS. Brave précise dans ses versions « desktop » qu’elle est cours de travaux et est donc bien prévue. En attendant, il faudra faire sans.
Les applications mobiles sont, en l’état, très bonnes. Elles sont (presque) complètes et embarquent la plupart des spécificités du navigateur. Depuis l’interface principale, on trouve deux panneaux latéraux. À gauche, on accède aux signets, à l’historique et aux paramètres. À droite, via l’icône de la tête de lion orange, on trouve les fonctions caractéristiques de Brave : statistiques des éléments bloqués, blocage des publicités, HTTPS Everywhere, blocage des tentatives d’hameçonnage ou encore des scripts.
Les traductions sont là encore assez aléatoires. Dans la version Desktop, Brave parle ainsi de boucliers pour les différentes protections. Sur Android, ce terme est remplacé par Blindages, tandis que la version iOS garde tout simplement le mot anglais Shields. Une preuve supplémentaire que le navigateur est toujours en cours de développement et qu’il ne faut pas se montrer exigeant sur les finitions.
Mais que l’on parle de la version Android ou iOS, un point ressort particulièrement : la rapidité à charger des pages. Brave est clairement performant, le blocage intrinsèque des publicités jouant évidement un grand rôle. L’ensemble est agréable et ne réserve pas de surprise.
On notera que le problème de poids des versions pour ordinateurs est peu présent dans ces déclinaisons mobiles. Les bases installées pour Android et iOS sont respectivement de 130 et 40 Mo. La mouture Android pourrait certainement perdre un peu de poids, sans pour autant sortir de l’ordinaire. Après tout, Chrome pèse 133 Mo et Firefox 149 Mo. À titre de comparaison, Opera fait moins, avec 74 Mo pour la version classique et seulement 35 Mo pour la mouture Touch.
Un joli potentiel, mais des efforts à mener et une concurrence très active
Brave est clairement un cas à part, se focalisant largement sur la protection de la vie privée. Seulement, il n’est pas le seul à vouloir se battre sur ce créneau et d’autres n’ont pas hésité à y aller tout aussi franchement.
Brave bloque les publicités et les trackers. Certes, mais Opera le propose depuis presque aussi longtemps. La vitesse de chargement des pages est en fait équivalente entre les deux concurrents, Opera ayant l’avantage – pour une partie des utilisateurs – de moins brusquer les habitudes avec une ergonomie plus classique et une plus grande personnalisation.
Les versions mobiles ont beau être très bonnes, elles ne s’en démarquent pas pour autant des autres navigateurs. L’inertie dans ce domaine étant très forte, Brave devra s’atteler à porter son mécanisme Sync sur Android et iOS, aucun navigateur ne pouvant plus rester isolé aujourd’hui. Même Edge a fini par arriver sur les deux plateformes mobiles, et se paye lui aussi le luxe d’intégrer un bloqueur de publicités (désactivé par défaut).
Difficile en l’état de porter un jugement définitif sur Brave, tant les travaux restent nombreux, comme en témoigne d’ailleurs son numéro de version à l’heure où nous écrivons ces lignes : 0.23.39.
Les pistes d’améliorations sont multiples : finalisation de la traduction dans toutes les versions (les termes traduits ne sont même pas les mêmes d’une plateforme à une autre), davantage d’options de personnalisation, une ouverture aux extensions externes, une réduction significative du poids, des efforts sur le temps de lancement, etc. En outre, il est curieux qu'un navigateur luttant pour la vie privée se repose sur Google comme moteur de recherche par défaut.
Brave est quoi qu'il en soit un navigateur à surveiller de près. Son projet de « redistribution des richesses » plaira à une partie des internautes, mais repose sur une action volontaire et une stratégie discutable. Il sera d'ailleurs intéressant de voir si un « fork » qui n'intègre pas un tel dispositif ne finit pas par voir le jour.
Au final, il y a des chances que Brave reste pour le moment cantonné à un public particulier, à la manière d’un Vivaldi s’adressant surtout aux utilisateurs expérimentés.
- Télécharger Brave pour ordinateur (Linux, macOS, Windows)
- Télécharger Brave pour Android
- Télécharger pour iOS
- Dépôt GitHub