Il est là ! Thanos, aperçu à la fin du premier Avengers, débarque enfin sur Terre. Le vilain vient peaufiner son gantelet et montrer toute la puissance des pierres d'infinités à ceux qui auront la mauvaise idée de s'opposer à lui. Le résultat est-il à la hauteur de l'attente ?
C'est le 30 avril 2008 qu'Iron Man, adaptation du comic éponyme, est sorti dans les salles. Le début d'une longue aventure pour les équipes de Marvel Studios qui initiaient une refonte en profondeur du Marvel Cinematic Universe (MCU). On y découvrait un Robert Downey Jr., assez loin d'Ally McBeal, campant un homme d'acier aussi inspirant qu'irritant.
Ce fut un succès. De quoi donner un élan suffisant pour le lancement d'une quinzaine de films et plusieurs séries. Certains centrés sur un héros en particulier, d'autres sur des équipes constituées afin de protéger un quartier de New York, la Terre ou même... la Galaxie toute entière.
Des salles de cinéma à la TV en passant par Netflix, les super-héros ont été partout. Mais cet ensemble était prétexte à une trame qui se déroule à travers une série de films particulière : Avengers. Le premier opus nous avait fait découvrir celui qui serait le grand vilain, le boss de fin, à travers une scène bonus : Thanos.
Pendant dix ans, son empreinte était partout, sans que l'on nous dise ce qu'il préparait vraiment. Mais chaque pièce était progressivement mise en place pour ce qui devait être le grand final : Infinity War. Soit le début de la fin de la phase 3.
Le film est sorti dans les salles ce mercredi, presque 10 ans jour pour jour après Iron Man. Autant dire que Marvel Studios (renommé Stud10s pour l'occasion), Anthony et Joe Russo avaient la pression, tant il ne fallait pas décevoir les fans. Au contraire, il fallait redonner un nouvel élan à un MCU qui avait parfois tendance à s'engourdir.
Du grand spectacle, surtout du côté des effets spéciaux
Et les deux frères n'y sont pas allé avec le dos de la cuillère. Il faut dire que le budget du film était de pas moins de 480 millions de dollars, à la hauteur des près de 70 personnages que l'on y retrouve. Un casting dingue, qui est un atout autant qu'un piège. Les deux précédents opus de la saga Avengers l'avaient d'ailleurs assez bien montré.
Car il faut réussir à trouver de la place à tout le monde. L'intérêt après une quinzaine de films, c'est qu'il n'y a plus besoin d'autant de phases d'exposition. Les univers et spécificités de chacun sont connus, il ne reste qu'à réussir un scénario cohérent autour de tout cela. Et sur ce point, le résultat est plutôt réussi. On retrouve les codes et musique de chacun dès leur apparition à l'écran, et ça marche plutôt bien.
L'ensemble s'enchaîne de manière presque totalement fluide, et le spectateur ne verra pas passer les 149 minutes du film. Dans l'intervalle, il en prendra plein les mirettes. Les doses d'humour renforcées avec Les gardiens de la galaxie mais aussi les derniers films du MCU allègent l'ensemble. Les effets spéciaux sont plus que réussis, notamment du côté de Thanos qui ne pouvait pas être loupé. Armure, expressions du visage, déplacements, tout est là.
Que ce soit dans les phases de combat rapproché, même entre géants, ceux à plusieurs centaines d'intervenants ou les phases spatiales, on y trouve son compte. Un équilibre qui a sans doute à voir avec le savoir-faire de Disney en la matière. Il faut dire qu'en plus de Marvel, la société détient un autre univers qui doit faire face à ce genre de défis : Star Wars.
Marvel x Star Wars
Et dans cet Infinity War, on retrouve de nombreux codes issus de cette autre saga. Le découpage en petites scènes en alternance, la mise en avant des lieux avec des codes qui leur sont propres (avec leur nom en gros à l'écran), etc. Il y a de nombreux parallèles qui peuvent désormais être établis.
Cela participe à la réussite de l'ensemble, même si des différences sont à noter. Le nombre de personnages, bien entendu, leurs pouvoirs importants et la technologie bien plus présente, absence de la Force oblige. On a quand même droit à d'autres facilités scénaristiques, notamment via la bêtise des personnages, ce qui est toujours un peu décevant.
Les thématiques diffèrent aussi. Si l'on retrouve bien la question de l'écologie ou même de l'espoir, chère à nos Jedis, c'est plutôt pour se demander si cette dernière n'est pas une tare. Premier épisode d'une histoire en deux parties, le film se veut sombre. Thanos doit montrer qui il est, imposer sa puissance, d'où il vient et où il va.
Thanos : un déséquilibre/é
Le vilain est à la fois l'un des vrais points forts mais aussi notre plus grand regret du film. Graphiquement très réussi, il est développé de manière intelligente, avec une certaine humanité à laquelle on pouvait ne pas s'attendre.
Les pouvoirs des pierres d'infinités sont également bien exploités, même si là aussi, on se retrouve parfois avec un Thanos tout puissant, puis qui se fait maîtriser assez facilement pour faciliter le scénario... alors que l'on imagine de nombreuses manières qui lui aurait permis de s'en sortir d'un claquement de doigts.
Mais surtout, 2h30, c'est à la fois long et très court pour raconter une telle histoire. Et c'est la back story de Thanos qui a été largement sacrifiée. Comme dans Star Wars, Disney est défaillant à nous transcrire un méchant dans son ensemble et reste à la surface. Si l'on nous dépeint ce tyran sanguinaire, c'est sans lui donner l'ampleur nécessaire.
Cela fait dix ans que l'on ne fait que l'apercevoir, qu'il est entouré d'un large voile de mystère. De fait, devoir désormais tout dire dans un seul film déjà bien rempli tenait de la mission impossible. Dès que la motivation première de notre géant violet est évoquée, elle est répétée toutes les quinze minutes comme un mantra.
Mais comment est-il devenu celui que l'on connaît ? Qu'est-ce qui, après une quinzaine de films, le pousse finalement à apparaître et à agir avec tant de force ? Cela reste difficile à dire. Bien entendu, les prochains opus pourront venir compléter le tableau. Mais ici, c'est un peu trop fade. L'emballage est parfait, mais le personnage sonne creux.
L'enjeu : vous persuader d'aller voir la suite
Il en est de même pour les rôles secondaires, notamment ceux accompagnant Thanos, forcément peu détaillés. Certains personnages tiennent d'ailleurs plus du caméo placé là le temps d'une scène. Les enjeux, eux, ne s'imposent que par la situation forcément dramatique : Thanos arrive, et il va tout raser sur son passage. Un bain de sang est à prévoir.
Pour autant, une fois sortis de la salle, une fois l'euphorie de cette claque visuelle passée, on ressort avec plus de questions que de réponses. La dernière heure accélère d'ailleurs nettement par rapport au reste du film, comme s'il fallait en finir dans le temps imparti. Comme pour nous dire « les choses sérieuses commencent, pensez à venir voir la suite ».
La fin est d'ailleurs composée d'un double cliffhanger, notamment à travers la scène bonus qui ravira sans doute autant qu'elle décevra les fans, d'ici à ce que l'on en découvre un peu plus. Il faudra pour cela attendre encore un an, le prochain Avengers étant attendu en France pour le 24 avril 2019.
D'ici là, nous aurons droit à Ant-Man et la Guêpe pour souffler un peu pendant l'été, puis à Captain Marvel histoire de changer la donne pour le combat final ? Qui sait...
À l'heure où nous écrivons ces lignes, Avengers : Infinity War a droit à une note de 4,6 chez Allociné, 7,7 chez Sens Critique et 9,1 chez IMDb.