Nolife, c'est fini

« Vous pouvez reprendre une activité normale »
Nolife, c'est fini

Dimanche 8 avril, clap de fin pour la chaine TV des cultures geek. Après 11 ans d'activité, la chaine passe en liquidation à la mi-avril. La plateforme vidéo Noco ne devrait pas survivre à l'opération. Nous en discutons avec Sébastien Ruchet.

Le couperet est passé près à plusieurs reprises. Il vient de trancher. Dans un « Point final sur Nolife » le 1er avril au soir, Sébastien Ruchet a annoncé la fin de la chaine qu'il préside depuis près de 11 ans, visiblement ému. « C’était vraiment dur à tourner. Alexandre [Pilot] a laissé tourner la caméra comme un fourbe » nous explique le patron de Nolife.

« On a eu la date quelques jours avant, la semaine dernière. Évidemment, on savait que ça allait mal, que notre plan [de redressement] n'a pas abouti » nous explique le patron de Nolife. La chaine vit sa dernière semaine, avant une soirée spéciale dimanche 8 avril, en bouquet final. « On est concentrés pour fournir la plus belle fin possible » promet Ruchet, alors que la chaine prépare la sortie des derniers reportages en stock. « On compte chaque heure, chaque minute pour réaliser ce qu'on a prévu. »

La liquidation, et la fin probable de la diffusion, est prévue le 16 avril. Si l'espoir d'une reprise subsiste toujours d'ici là, il semble bien maigre. La société, qui a misé sur son service de vidéo à la demande Noco suite à la crise publicitaire sur la télé gratuite, avait dû se séparer de sa rédaction jeux vidéo fin 2016 pour passer le cap du redressement judiciaire.

« Il ne suffisait pas de grand-chose »

« On était arrivé à sortir de redressement. Il y avait un avenir potentiel, avec des investisseurs intéressés. Nous avons été diminués avec le départ d'une partie de l'équipe. Malheureusement, les pistes [d'investissement] n'ont pas abouti » déclare le patron de Nolife, qui se refuse à donner tout montant pour une reprise.

Cette fin de route pour Nolife aurait difficilement pu être évitée. Un financement participatif n'aurait, par exemple, rien réglé selon Sébastien Ruchet. « Il ne s'agit pas d'obtenir une somme ponctuelle. C’est suffisamment d’argent pour relancer, embaucher, créer des programmes, reprendre le processus de la chaine, de l’acquisition de programmes, du marketing... » détaille notre interlocuteur. En clair, il fallait un investisseur de long terme.

Les annonces récentes n'auraient amené que peu de nouveaux abonnés à Noco, la principale source de revenus de la chaine. Selon Ruchet, « il ne suffisait pas de grand-chose » pour sauver la société... et pour la voir tomber. Les pertes accumulées depuis l'été dernier ont fait basculer la balance du mauvais côté.

Une nouvelle grille qui aura fait long feu

Dimanche soir, une fois l'annonce confirmée, de nombreux spectateurs ont rappelé ce que Nolife leur a apporté, à l'instar des organisateurs de la convention Jonetsu. Quelques figures de la chaine ont aussi commenté la nouvelle, comme Monsieur Poulpe et le réalisateur François Descraques, entre autres connu pour Le Visiteur du futur. 

« On a reçu beaucoup d’amour, de messages de gens qui ont grandi avec la chaine » commente Ruchet, qui a répondu à une bonne part de ces messages de soutien reçus pendant cette soirée.

Il y a quelques mois, la chaine a dépoussiéré sa grille de programmes, en privilégiant des formats plus courts, sur le mode des chaines d'info. « C'est venu de la célébration de nos 10 ans. On avait un modèle de télévision ancien et conscience que les habitudes de consommation avaient changé, que le gens picoraient beaucoup plus » se souvient Sébastien Ruchet.

Il en attribue le mérite à Alex Pilot. « Tout c'est qui est l’antenne, c’est lui. Je ne suis qu’un facilitateur. La vision de Nolife, c’est Alexandre. [...] Il en a fait des nuits blanches pendant 11 ans. Il ne s’est pas ménagé, c’est son bébé » résume le patron de la chaine.

Quid de Noco ?

La chaine doit donc émettre jusqu'à la liquidation de la société, en finissant par des rediffusions après le 8 avril. Le service de vidéo à la demande, Noco, partira avec l'entreprise.  « Les programmes sont la propriété de Nolife. C’est liquidé, comme les meubles et les ordinateurs. On n’aura plus le droit de diffuser les programmes via Noco » répond le patron de la chaine, qui ne sait pas encore comment se déroulera la fermeture du service.

Si d'autres catalogues sont bien présents, celui de Nolife représentait l'essentiel de l'activité. Ruchet constate d'ailleurs un pic de piratage de vidéos depuis l'annonce du 1er avril, malgré les protections en place.

Noco Superplay 177 Nolife

Sans Noco et son replay payant, la chaine gratuite n'aurait pas tenu aussi longtemps, nous rappelle-t-on. Passer à une diffusion payante n'était pas possible, faute de moyens pour acquérir des programmes et communiquer. « La crise de la publicité nous a fait très mal, comme à toutes les chaines ADSL. La mutation de la télé arrive lentement. A priori, on marchait très bien sur Molotov, qui est vraiment capable de transformer les usages » pense Ruchet.

Selon lui, Nolife se voyait en fer de lance d'une génération de chaines qui n'est pas arrivée, même si elle a laissé son empreinte. « Nolife était la chaine d’une génération, qui est aujourd'hui installée, avec des enfants. Quand on s‘est lancés, le premier iPhone était à un mois de sa sortie. C’était le seul endroit où on pouvait voir des animes sous-titrés, des critiques de jeux sans note… C’est un contenu unique à l'époque, que tu trouves à foison en ligne aujourd'hui » estime-t-il. 

Le rapport au Japon, « jusqu'alors bien mal traité », est l'une de ses victoires. « C'est ce dont nous sommes les plus fiers : les entretiens avec de grands réalisateurs, les soirées spéciales, les débats historiques… Pouvoir en parler de manière juste, en prenant le temps, c'est vraiment super. » Pour lui, l'indépendance est le secret de cette longévité sous cette forme.

« 11 ans de galère »

Le patron de Nolife le martèle, la chaine est arrivée grâce à une conjonction bien particulière, entre l'arrivée de la TV par ADSL (avec Free), la technologie DV qui a permis la manipulation vidéo à moindre coût et une solution de diffusion à bas coût de TDF.

« Le fait qu’on ait tenu 11 ans... On n’aurait jamais pensé tenir plus de six mois à la base… Ça a été 11 ans de galère, mais on est très fiers d’avoir tenu aussi longtemps, d'avoir eu de beaux partenariats et contribué à de belles initiatives » conclut Sébastien Ruchet. Une histoire sur laquelle nous étions déjà revenus avec lui l'an dernier.

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