En un an, la fibre a conquis 1,1 million d'abonnés, passant le cap des trois millions en fin d'année dernière. Plus de 10 millions de lignes sont éligibles, à 72 % au moins via deux opérateurs. L'ADSL continue sa chute, perdant près de 800 000 abonnés sur l'année.
L'autorité des télécoms, l'Arcep, a mis en ligne son observatoire du haut et très haut débit pour le quatrième trimestre 2017. Cette édition marque deux nouvelles étapes dans la progression du THD (à partir de 30 Mb/s descendant, définition européenne), qui continue de grignoter le haut débit, principalement via la fibre et l'amélioration du réseau cuivre (VDSL2).
Au 31 décembre, la France comptait 28,4 millions d'abonnés au (très) haut débit. Soit 215 000 de plus sur le trimestre et 765 000 supplémentaires sur l'année (contre 720 000 en 2016). Sur cet ensemble, 21,5 millions sont connectés en haut débit (sous 30 Mb/s), c'est-à-dire 771 000 de moins sur un an. L'ADSL reste la technologie dominante, avec 20,9 millions d'abonnés (-280 000 sur le trimestre et -785 000 sur un an). Comme nous le verrons, la fibre est son premier concurrent.
L'Arcep en profite pour mettre à jour sa carte des déploiements de la fibre, qui se contente toujours de présenter le pourcentage de couverture par commune, au lieu du découpage réel comme l'observatoire France THD. Le transfert de l'open data du plan national ne semble encore pas pour dire. Les nouvelles données utilisées pour la carte simplifiée sont aussi disponibles, tout comme des notes de version de l'Arcep.
1,5 million d'abonnés au très haut débit en plus en 2017
Fin 2017, les opérateurs français comptaient 7 millions d'abonnés au très haut débit ; 475 000 de plus sur le trimestre et 1,5 million de plus sur un an (1,2 million en 2016). Ils représentent 25 % des abonnés à Internet. La principale technologie THD est la fibre jusqu'à l'abonné (FTTH), avec 3,3 millions de clients. Ils sont 335 000 de plus sur le trimestre et 1,1 million arrivés sur l'année. Le total représente 9 % des connexions Internet fixes.
2,4 millions d'abonnés au très haut débit le sont entre 30 Mb/s et 100 Mb/s, via le VDSL2, le câble à moins de 100 Mb/s et la 4G fixe. Sur le trimestre, ces technologies ont gagné 125 000 abonnés, contre 374 000 sur l'année.
Enfin, le câble à plus de 100 Mb/s (rénové par SFR) compte 1,34 million de clients. C'est 56 000 de plus sur l'année et... 5 000 de moins sur le trimestre. Le câble modernisé a donc perdu des clients dernièrement.

Plus de 10 millions de lignes éligibles à la fibre
Côté déploiements, 40 % des locaux (habitations et entreprises) sont officiellement éligibles au très haut débit, soit 17,7 millions sur le territoire, contre 34 % l'année fin 2016. 11,8 millions sont situés hors des zones très denses, c'est-à-dire les grandes agglomérations les plus rentables pour les opérateurs.
La fibre est le réseau à l'empreinte la plus large. 10,3 millions de locaux sont concernés, contre 7,7 millions fin 2016. C'est aussi 751 000 de plus sur le dernier trimestre 2017... « ce qui constitue la valeur trimestrielle la plus élevée et marque la progression continue du déploiement FTTH » selon le régulateur.
Les inégalités territoriales sont flagrantes. Selon l'Arcep, 72 % des locaux sont couverts en fibre en zones très denses, contre 25 % en zones moins denses (agglomérations moyennes où les opérateurs privés coinvestissent) et... 6 % en zones d'initiative publique (principalement les zones rurales) !
Le taux de mutualisation est aussi important. Il donne la part de points de mutualisation avec au moins deux opérateurs connectés. « Le taux de mutualisation des lignes FTTH reste encore très en retrait en zones moins denses d’initiative publique (24% contre 72% en moyenne nationale) », regrette l'Arcep. Seules 44 % des lignes fibre ont accès à au moins trois opérateurs. L'Arcep ne fournit pas les valeurs brutes pour chaque opérateur, uniquement un graphique.

Les fournisseurs d'accès nationaux ont multiplié les accords avec les exploitants de réseaux publics, possédés par les collectivités et destinés à connecter les zones rurales en très haut débit. Les effets de ces contrats cadre, qui règlent des questions importantes (comme les systèmes d'information), ne se font pas encore sentir, note l'Arcep. Elle espère voir leurs fruits dans les prochaines trimestres.
Pour mémoire, le gouvernement promet 8 Mb/s pour tous en 2020, puis 30 Mb/s pour tous en 2022, dont 80 % en fibre. Tous les Français sont censés obtenir la fibre en 2025, même si cette perspective semble bien fragile.