Facebook a présenté cette nuit ses résultats annuels ainsi que ceux du quatrième trimestre 2017. Le réseau social poursuit sa croissance galopante et s'est même payé le luxe de franchir la barre des 40 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2017.
« 2017 a été une année solide pour Facebook, de bien des manières ». La phrase d'introduction de Mark Zuckerberg devant la foule des investisseurs et analystes est on ne peut plus vraie. Surtout sur le plan financier, où le réseau social vient de boucler un exercice record à tous les niveaux.
D'importants bénéfices, malgré les effets du « tax break »
Sur le quatrième trimestre, Facebook annonce un chiffre d'affaires de 12,97 milliards de dollars en hausse de 47 % sur un an. Il s'agit d'un record absolu pour l'entreprise, qui éclipse la marque établie au troisième trimestre avec 10,14 milliards de dollars. La marge opérationnelle atteint elle aussi des niveaux inédits, à 57 %, soit 5 points de mieux que l'an dernier.
Le bénéfice net s'établit quant à lui à 4,268 milliards de dollars, le deuxième meilleur score de l'histoire du réseau social. Ce niveau aurait toutefois pu être bien plus élevé sans l'effet du « Tax Break » instauré par l'administration Trump, et qui pèse à hauteur de 2,27 milliards de dollars dans les comptes de l'entreprise.
Elle obtient cependant en échange la possibilité de rapatrier aux États-Unis une partie de ses liquidités à l'étranger.
Sur l'ensemble de 2017, Facebook a enregistré un chiffre d'affaires de 40,65 milliards de dollars, soit 47 % de mieux qu'en 2016. Il s'agit là encore d'un record pour la firme de Marc Zuckerberg. Le bénéfice net a lui aussi crevé le plafond, et atteint 15,93 milliards de dollars, en progression de 56 % sur un an.
En 2017, Facebook a généré 17 milliards de dollars de trésorerie, ce qui laisse à l'entreprise 42 milliards de dollars de liquidités à sa disposition, dont une partie devrait prochainement être rapatriée aux États-Unis.
La pub mobile comme principal vecteur de revenus
Dans le détail, il apparait que la publicité reste de très loin le principal vecteur de recettes pour Facebook, puisqu'elle ne pèse pas moins de 98,5 % du chiffre d'affaires, soit 12,779 milliards de dollars au quatrième trimestre. Les 193 millions restants proviennent des paiements et autres frais réalisés par les utilisateurs du réseau social.
Côté publicité, c'est le mobile qui fait office de locomotive, et occupe de plus en plus d'espace au détriment des annonces sur ordinateurs. 89 % des revenus publicitaires provenaient de consultations mobiles, soit 11,4 milliards de dollars (+57 % sur un an), contre seulement 11 % pour le desktop. Fin 2016, les revenus issus du mobile représentaient 84 % du total.
Si l'on s'attarde sur la répartition géographique de ces revenus, c'est encore la zone États-Unis & Canada qui représente le plus gros marché avec 49 % du total (6,27 milliards de dollars), devant l'Europe (25 % et 3,2 milliards) l'Asie-Pacifique (16 % et 2,05 milliards) et le reste du monde (10 % et 1,26 milliard).
La même hiérarchie peut être observée au niveau du revenu moyen par utilisateur (ARPU). Il atteint 26,76 dollars sur la zone États-Unis Canada (+35 % sur un an) contre 8,86 dollars (+48 % sur un an) en Europe, zone où la croissance de l'ARPU est la plus franche.
Pour continuer de faire progresser cette ligne de revenus, Facebook compte sur les publicités vidéo adaptées aux mobiles, un segment en forte croissance qui compte déjà pour 50 % des revenus issus de la publicité vidéo, contre 41 % il y a trois mois. Selon le réseau social, ce format serait particulièrement efficace sur Instagram, où 60 % des annonces vidéo seraient lues avec le son actif.
1,4 milliard d'utilisateurs quotidiens
Il n'y a pas que les revenus de Facebook qui progressent, son audience fait de même. Le réseau social comptait fin décembre 1,401 milliard d'utilisateurs quotidiens (DAU), soit 14 % de plus que l'an dernier à la même époque. Cette croissance est toutefois très inégale selon les régions du monde.
Aux États-Unis et au Canada, Facebook a perdu 700 000 habitués en trois mois, un recul inédit. Selon Mark Zuckerberg, cette légère contraction est due aux récents changements apportés aux contenus poussés dans le fil d'actualité des utilisateurs. « Nous ne voyons pas ça comme une tendance durable, mais nous nous attendons à ce que le nombre de DAU puisse fluctuer étant donné son taux de pénétration relativement élevé », précise David Wehner, directeur financier.
Le gros de la croissance se trouve du côté des régions Asie-Pacifique (+26 % sur un an) et dans le reste du monde (+14 %). En Europe, la progression est nettement plus lente (+6 % sur un an), en raison d'un taux de pénétration déjà elevé, puisque Facebook y compte 277 millions d'utilisateurs quotidiens.
La tendance est la même du côté des utilisateurs actifs au moins une fois par mois (MAU). Facebook a attiré 57 millions d'adeptes au dernier trimestre et 260 millions ces douze derniers mois. Là encore, la stabilité est de mise en Amérique du Nord, la progression est molle en Europe, tandis que les autres zones géographiques, notamment le Brésil, l'Inde et l'Indonésie portent la croissance de l'entreprise.
Zuckerberg et le type de contenu consommé
Pendant la conférence dédiée aux investisseurs et analystes, Mark Zuckerberg s'est longuement étalé sur les récents changements apportés à l'algorithme distribuant les contenus dans les fils d'actualité des utilisateurs.
« Nous voulons donner la priorité aux interactions sociales qui ont du sens, plutôt qu'à la consommation passive de contenu. Des recherches montrent que renforcer nos relations améliore notre bien-être. Quand nous utilisons des réseaux sociaux pour nous connecter à d'autres personnes, il y a une corrélation avec notre bien-être ressenti, notre bonheur et notre santé. Regarder passivement des vidéos ou lire des articles pourrait ne pas avoir les mêmes effets », prophétise ainsi le fondateur de Facebook pour qui « aider des gens à se connecter est plus important que de maximiser le temps qu'ils passent sur Facebook ».
Selon lui, les modifications apportées à l'algorithme ont provoqué une baisse d'environ 5 % du temps passé par les utilisateurs sur Facebook. « Cela représente 50 millions d'heures chaque jour pour nous assurer que le temps des gens est bien employé. Nous sommes sérieux à ce point sur cette question », martèle Zuckerberg, qui s'attend à une baisse de plusieurs indicateurs d'engagement, mais à une hausse des interactions entre utilisateurs.
« Nous ne nous préoccupons pas de l'impact sur le chiffre d'affaires, nous le faisons parce que c'est la bonne chose à faire pour notre communauté », appuie Sheryl Sandberg, directrice de l'exploitation.
Instagram et WhatsApp font le plein
Terminons ce tour d'horizon avec quelques chiffres lâchés en vrac par la direction de Facebook à propos de ses activités annexes.
Concernant WhatsApp, l'entreprise revendique 1,5 milliard d'utilisateurs actifs chaque mois, envoyant en moyenne 60 milliards de messages chaque semaine. De son côté, Instagram a franchi le cap des 300 millions d'utilisateurs quotidiens, de quoi donner un coup de fouet à la monétisation des fameuses Stories, récemment implémentées et reprenant le principe de celles inaugurées par Snapchat.
Les nouvelles autour d'Oculus sont quant à elles assez minces. Mark Zuckerberg rappelle que le casque Oculus Go doit être lancé un peu plus tard cette année, et rabache que les domaines de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée restent une de ses priorités à long terme.
En bourse, ces annonces ont été chaudement accueillies, le cours de l'action progressant de 4 % au moment où nous rédigeons ces lignes. Le réseau social est ainsi valorisé à plus de 564 milliards de dollars, soit 45 % de mieux qu'il y a un an.