Mozilla est actuellement déchainé sur Firefox. Après des versions 57 et 58 déjà riches en nouveautés, la prochaine mouture 59 en remettra une bonne couche, particulièrement sur les extensions.
Les derniers mois ont été très chargés pour Mozilla. Bien décidé à revenir dans la course aux navigateurs, notamment face à un Chrome étendant partout sa domination, l’éditeur multiplie les nouveautés, les annonces et les communications. Depuis Firefox 57, alias Quantum, l’accent est particulièrement mis sur les performances, la mouture 58 en ayant remis une couche.
Firefox 59 s’adresse pour sa part un peu plus aux développeurs, et tout spécialement ceux qui travaillent sur des extensions. La prochaine mouture doit sortir le 12 mars, mais les plus pressés peuvent toujours la télécharger depuis le site de Mozilla dédié aux préversions (Beta, Developer Edition et Nightly).
Du neuf pour les extensions
Le passage aux WebExtensions n’a pas été sans conséquences pour Firefox. La version 57 a abandonné l’ancien modèle, trop permissif et laissant aux extensions de trop nombreux pouvoirs. En se basant sur la recommandation du W3C, Mozilla s’assurait également que les développeurs visant Chrome pourraient aisément basculer sur Firefox, puisque Google utilise ce modèle pratiquement depuis le début.
Firefox ayant été le premier à populariser les extensions, autant revenir sur le devant de la scène. La version 59 introduit une longue liste de 69 nouveaux éléments à destination des développeurs. Exploitables dans la bêta, il faudra bien sûr que leur présence se maintienne d’ici la version finale, attendue pour mars.
Parmi les ajouts, signalons quand même les plus importants, à commencer par la possibilité pour une extension de masquer un onglet. Cette capacité était présente dans l’ancien modèle, mais a disparu avec la transition vers les WebExtensions. Elle peut s’appliquer à tout onglet n’étant pas épinglé, en cours de fermeture, actif, contenant une diffusion de type partage d’écran ou une communication via WebRTC.
La fonctionnalité est désactivée par défaut, Mozilla signalant des interrogations sur la sécurité. Après tout, masquer un onglet peut être intéressant pour un malware. L’API est dans un état expérimental et va le rester pour l’instant. L’éditeur prévient que si l’implémentation ne le satisfait pas sur le plan de la sécurité, elle pourrait disparaître complètement. Mais puisque Firefox a toujours eu une image de navigateur très personnalisable, autant tenter l’aventure jusqu’au bout.
Les extensions pourront également interagir davantage avec les marque-pages et les résultats de recherche, avec la possibilité de les ouvrir dans de nouveaux onglets ou encore de capturer n’importe quel onglet plutôt que le seul actif. La Theme API permettra aussi une plus ample personnalisation, avec par exemple la couleur de bordure de la barre d’adresse, ou encore celle des onglets.
La version 59 renforce en outre le contrôle de l’utilisateur sur les paramètres et éléments modifiés par les extensions, qu’il s’agisse de la page d’accueil ou des contrôles de vie privée. En plus de mieux mettre ces changements en avant, Firefox proposera dans la foulée à l’utilisateur de revenir à ses précédents réglages ou de confirmer les nouveaux.
Une manière de s’assurer qu’une extension ne viendra pas modifier des paramètres importants en douce.
Du débogage, des scripts et des architectures décentralisées
Les développeurs auront fort à faire avec Firefox 59, mais certaines améliorations vont dans le sens d’une simplification. L’API webRequest par exemple réserve quelques bonnes surprises : un rassemblement de tous les en-têtes ayant le même nom plutôt que le seul dernier, une simplification du passage de HTTP à HTTPS et, pendant le débogage, les exceptions signalent le message d’erreur original ainsi que le nom de fichier.
Retour aux extensions avec l’un des plus gros ajouts selon Mozilla : la possibilité pour les développeurs d’enregistrer des scripts au démarrage. Via contentScripts.register()
, une extension peut associer librement et dynamiquement un script à un lien. Jusqu’à présent, il fallait que tous les scripts de contenus soient listés dans le manifeste.
Firefox 59 introduira en outre le support de trois nouveaux protocoles liés à des architectures décentralisées : Dat Project (dat://), IPFS (dweb://, ipfs:// et ipns://) et Secure Scuttlebutt (ssb://). Ces protocoles ne sont pas directement implémentés dans le navigateur, mais sont quand même reconnus comme tels. D’éventuelles extensions peuvent donc avoir leur propre implémentation.
Et côté utilisateurs alors ?
Les versions 57 et 58 ont permis à Firefox de redevenir un concurrent sérieux sur le terrain des performances : nouvelle architecture multiprocessus, nouveau moteur de rendu, amélioration de la compilation JavaScript et utilisation plus fréquente du GPU étaient ainsi au programme.
Firefox 59 continuera ses efforts dans ce domaine, mais de manière moins intense. Il doit notamment activer WebRender qui, dans les grandes lignes, modifiera le moteur de rendu pour le faire ressembler à un moteur de jeu vidéo, le GPU s’occupant de la plupart des calculs graphiques. Comme l’a déjà expliqué Mozilla, l’objectif n’est pas d’obtenir un rendu plus rapide, mais plus fluide.
La nouvelle version apportera également quelques petits changements et réglages bienvenus. Par exemple, les résultats de recherche suggérés apparaitront par défaut au-dessus des éléments de l’historique. Ceux préférant l’inverse pourront toujours modifier ce réglage dans les options du navigateur.
Les préférences embarquent de leur côté quelques cases à cocher qui devraient beaucoup plaire : dans la section Vie privée et sécurité puis Permissions, les entrées Localisation, Caméra, Microphone et Notifications permettent dans leurs paramètres associés de bloquer toutes les demandes.
Agacés par les demandes constantes des sites pour leurs notifications ou l’accès à votre position géographique ? La question sera réglée. Évidemment, si vous voulez donner l’autorisation à un site, il faudra penser à décocher la case idoine.
Des nouveautés sont également prévues pour la version mobile de Firefox 59. Sur Android par exemple, il sera possible de modifier le comportement de l’appui prolongé sur le bouton principal du smartphone afin d’y faire apparaître la recherche Firefox. La lecture de flux HTTP Live Streaming est décrite de son côté comme améliorée, avec possibilité de verrouiller l’affichage en mode paysage.
Notez par ailleurs que la page about:
a été supprimée, nécessitant de passer par la boite de dialogue associée.
La lutte continue
Firefox 59 s’annonce comme une troisième mouture majeure d’affilée pour le navigateur. Cette fois cependant, les nouveautés se concentrent davantage du côté des développeurs, avec un accent particulier mis sur les extensions.
Mais si Mozilla veut réussir à revenir dans le cœur des utilisateurs afin de lutter contre un Chrome devenu omniprésent, l’éditeur n’a pas le choix. Il aurait également tout intérêt à avoir une attitude plus cohérente sur les questions de vie privée, comme nous le signalions récemment.
Ceux qui veulent tester ces nouveautés n’ont pas besoin d’attendre le 12 mars, jour prévu pour l’arrivée de Firefox 59. La bêta est disponible depuis le site dédié, cinq préversions étant déjà sorties à ce jour.