L'affaire fait beaucoup de bruit depuis ce week-end : les États-Unis auraient dans l'idée de lancer un réseau 5G nationalisé, c'est du moins ce que laissent penser des documents publiés par Axios. Depuis, les réactions s'élevant contre cette idée ont été nombreuses, notamment du côté de la FCC.
Le but de cette proposition faite au Conseil National de Sécurité de Donald Trump serait de se « prémunir de la Chine » rapportent nos confrères. Les documents affirment ainsi que ce pays « a acquis une position dominante dans la fabrication et l'exploitation de l'infrastructure de réseau », ajoutant qu'il est « un acteur malveillant dominant dans le domaine de l'information ».
Des préliminaires, les « premiers stades » d'une discussion...
Une information confirmée (au moins en partie) par un haut fonctionnaire à Reuters. Celui-ci ajoute néanmoins que « l'option était en train d'être débattue à un bas niveau dans l'administration et qu'elle était encore à six ou huit mois d'être considérée par le président lui-même ».
Même son de cloche au New York Times qui évoque « une idée très préliminaire » selon des sources, nécessitant encore plusieurs mois avant que Donald Trump ne se penche sur la question. De son côté, Recode s'appuie sur plusieurs sources pour indiquer qu'il s'agit d'un vieux mémo qui ne serait plus vraiment au programme.
Lors d'une conférence de presse, Sarah Huckabee Sanders, porte-parole de la Maison blanche affirme elle aussi que la discussion en est aux « premiers stades ». Bref, le gouvernement tente de jouer les pompiers afin de désamorcer la situation.
Cette fuite suit des années de déboires des équipementiers télécoms chinois outre-Atlantique. Huawei, l'un des géants mondiaux, se serait vu écarté de plans d'AT&T sur pression du Congrès américain, dans un climat d'extrême méfiance de l'administration Trump face à ces acteurs... dans la continuité de l'ère Obama, pour une fois.
Ajit Pai s'oppose à cette idée et il n'est pas seul
Dans tous les cas, les réactions ont été nombreuses, notamment du côté de la FCC. Son président Ajit Pai, s'est ainsi exprimé officiellement : « Je m'oppose à toute proposition faite au gouvernement fédéral de construire et d'opérer un réseau national 5G. La principale leçon à tirer du développement du secteur mobile sur les trois dernières décennies (y compris l'avance américaine dans la 4G) est que le marché, et non le gouvernement, est le mieux placé pour pousser l'innovation et l'investissement [...] Tout effort fédéral pour construire un réseau 5G nationalisé serait un égarement coûteux et contre-productif ».
Il n'est pas le seul à monter au créneau. C'est notamment le cas de Mike O’Rielly, Brendan Carr et Mignon Clyburn (deux Républicains et une Démocrate, tous les trois commissaires de la FCC) qui se sont également dressés contre cette idée.
Le secteur des télécoms rappelle les investissements déjà faits dans la 5G
Jonathan Spalter d'USTelecom y va aussi de sa petite déclaration, citée par le New York Times : « rien ne saurait davantage freiner notre élan, durement gagné, pour être les leaders mondiaux dans le déploiement de la 5G, que l'arrivée du gouvernement fédéral pour construire ces réseaux ». Le CTIA (Cellular Telephone Industries Association) n'est pas en reste : « le gouvernement devrait poursuivre sa politique de libre concurrence qui a permis à l'industrie américaine du mobile de gagner la course à la 4G ».
Enfin, AT&T répond à Axios : « Nous ne pouvons pas commenter quelque chose que nous n'avons pas vu. Mais, grâce aux investissements de plusieurs milliards de dollars réalisés par des entreprises américaines, le lancement de la 5G aux États-Unis est déjà bien avancé ».
Rappelons en effet que les vrais réseaux commerciaux 5G sont attendus pour 2020, avec des lancements précoces grâce à la « Non-Standalone 5G » sur un cœur de réseau 4G. Dans tous les cas, les premières expérimentations sont déjà en cours. Un calendrier plus que serré donc pour se lancer dans une 5G nationalisée, d'autant plus s'il faut attendre encore six mois pour que Donald Trump se penche sur la question.
Attendons maintenant de voir ce que le gouvernement fera de cette idée préliminaire et si elle dépassera les « premiers stades » de sa discussion.