StateAlchemist, le créateur de la série CDZAbridged, appelle les internautes à télécharger et republier sa parodie, suite à une nouvelle plainte de Toei Animation auprès de YouTube. Le cas pose encore la question de l'équilibre entre copyright et « fair use », après de nombreuses promesses de la plateforme sur le sujet.
Nouvel épisode dans les démêlés entre YouTube et oeuvres parodiques. Avant-hier, dans une nouvelle vidéo, le vidéaste StateAlchemist implorait les internautes : « Récupérez les épisodes de CDZA ! Vite ! ». « CDZA », c'est « Les Chevaliers du Zodiaque, la série abrégée », une saga parodique historique, qui se moque doucement depuis 2009 du dessin animé des années 80.
Terminée en 2014 après 13 épisodes, elle serait menacée d'extinction sur YouTube, selon son créateur. Dans sa vidéo, il affirme que Toei Animation demande une nouvelle fois la suppression de l'œuvre de la plateforme, pour violation du copyright, la série utilisant les images du dessin animé originel.
Après des années, la remise en ligne abandonnée
Le cas n'est pas nouveau. Déjà en 2015, une vidéo répondait à la suppression de certains épisodes de la chaine. Pour StateAlchemist, cette fois, les recours qu'il porte tomberaient dans l'oreille d'un sourd, malgré l'exception de parodie. « Je ne réuploaderai pas. Cela fait bientôt dix ans que je réuploade les fichiers sur Dailymotion, YouTube et tout ça... Clairement, ça ne marche pas. Toei me retrouve toujours, donc je ne le referai pas » se résigne-t-il.
Si YouTube est une plateforme américaine, le Code de la propriété intellectuelle français pose que « lorsque l'oeuvre a été divulguée, l'auteur ne peut interdire [...] la parodie, le pastiche et la caricature, compte tenu des lois du genre ». Rien n'y ferait dans ce cas, à moins de porter l'affaire devant la justice, ce à quoi le vidéaste amateur ne semble pas prêt.
Pour lui, la solution est donc d'obtenir des internautes qu'ils emportent avec eux une copie, voire la remettent eux-mêmes en ligne, tant qu'il est crédité. Des copies ont déjà émergé en ligne, notamment sur Dailymotion, au cours des derniers jours. La démarche reste tout de même risquée : si CDZAbridged n'entre légalement pas dans l'exception de parodie, ce sont les autres internautes qui portent le risque juridique, et non plus son créateur.
YouTube et le « fair use », une longue histoire
Sur la plateforme, la notion de « fair use », héritée du droit américain, est la plus mise en avant. Début 2016, le vidéaste Doug Walker (aussi connu comme le Nostalgia Critic) menait une campagne « What The Fair Use » (#WTFU) en réaction aux restrictions des fonctions de sa chaine, à la suite de plusieurs plaintes d'ayants droit sur ses critiques. À l'époque, il ambitionnait d'en faire un combat plus large, même si sa vidéo a permis de débloquer une situation figée pendant plusieurs semaines.
En avril 2016, YouTube affirmait changer ses règles pour maintenir la monétisation des vidéos contestées par des ayants droit, suite à une identification par son robot ContentID. L'annonce suivait un vœu pieux de novembre 2015, la plateforme promettait de s'ériger en barrière face aux abus d'ayants droit, qu'ils concernent le droit à la critique ou à la parodie, y compris en justice au besoin.
Depuis, YouTube a connu une fuite des annonceurs suite à la monétisation de vidéos choquantes, qui a mené la société à réduire le champ des vidéos monétisées via la publicité. Les occurrences de suppressions ou démonétisations jugées inadéquates par les vidéastes restent, elles, habituelles.
Pour le moment, la seule victime sur la chaîne CDZAbridged est la vidéo invitant les internautes à récupérer et remettre eux-mêmes en ligne les épisodes. « Cette vidéo a été supprimée, car elle ne respectait pas les règles de YouTube concernant le spam, les pratiques trompeuses et les escroqueries » justifie simplement YouTube.