Épinglé dans une vidéo de Project Veritas sur les accès aux messages directs par ses employés, Twitter se défend. Elle répète que de telles lectures peuvent arriver, mais seulement dans un cadre spécifique, qu’elle oublie de préciser.
Publiée hier, une vidéo de Project Veritas montre plusieurs (parfois anciens) employés de Twitter, souvent des ingénieurs, intervenir au sujet de la vie privée sur le réseau social. C'est la culmination de plusieurs publications, issues de discussions en caméra cachée. En ligne de mire, les fameux DM – ou Direct Messages – les échanges privés en marge du flux principal. Très utilisés, ils ont été enrichis par Twitter avec le temps, avec les conversations de groupe et les envois de photos et vidéos.
On y apprend, à les en croire, que « plusieurs centaines » de personnes constituent une équipe dont la mission est de lire tout ce qui ressort sur Twitter, y compris les DM. Les ingénieurs évoquent notamment le grand nombre de « dickpics » aperçues dans les messages privés, comme pour prouver la véracité de leurs dires.
Twitter nie en bloc
Il n’aura fallu que quelques heures pour que Twitter réagisse. Dans une réponse donnée à BuzzFeed, un porte-parole déclare ainsi : « Nous ne vérifions pas proactivement les DM. Point. Un nombre limité d’employés ont accès à de telles informations, pour des raisons professionnelles légitimes, et nous leur imposons des protocoles stricts d’accès ».
Si la vidéo provoque des ondes de choc, c’est parce qu’elle prend racine sur une crainte pour la vie privée liée aux services de sociétés privées. Un phénomène largement accentué par le passage d’Edward Snowden en 2013, avec l’importante chute de confiance qui en a résulté pour tout ce qui touche au cloud.
Le cas de Twitter est encore plus spécifique, la société étant engluée dans des problématiques de modération et de manque de transparence sur ses pratiques. La vidéo apporte donc les pires réponses possible aux interrogations liées à ce brouillard, puisque les propos des ingénieurs sont clairs : ils peuvent voir les communications les plus intimes.
Un peu de vrai, beaucoup d'alcool
Ces éléments de réponse sont pourtant à prendre avec des pincettes. Un ancien employé de Twitter indique ainsi à BuzzFeed que les informations sont « techniquement correctes jusqu’à un certain point, mais exagérées par des imbéciles bourrés pour produire de l’effet ». Les échanges entre ingénieurs et journalistes prennent en effet toujours place dans des bars ou boites de nuit, où les conversations vont bon train, tout comme l’alcool.
Mais même avec des informations acquises de manière douteuse, Twitter semble encore une fois manquer le coche. La réponse donnée exprime une position nette, mais l’entreprise rate l'occasion de décrire justement les fameux protocoles de sécurité et les raisons « légitimes » qui peuvent pousser des employés à lire des DM.
Tant que ces règles – et surtout leur application – ne seront pas éclaircies, la société risque de voir les zones d’ombre complétées par des phrases-chocs issues d’employés probablement alcoolisés et souhaitant impressionner leur auditoire. Mais quand on sait qu’un employé sur le départ a pu désactiver le compte de Donald Trump pendant 11 minutes, on se demande quelle est la marge réelle de manœuvre des équipes de Twitter, ou le degré d’efficacité des protocoles de sécurité mentionnés par l’entreprise.