En Chine, les crypto-monnaies ne sont finalement plus en odeur de sainteté. Les autorités, inquiètes de la consommation énergétique excessive des fermes de minage, cherchent purement et simplement à les évincer du pays. Au Québec, le fournisseur d'état propose de l'électricité moins chère aux mineurs pour les attirer dans la province.
Depuis quelques mois, certains aspects des crypto-monnaies font couler beaucoup d'encre. La consommation électrique nécessaire pour maintenir les réseaux Bitcoin ou Ethereum, qui augmente rapidement avec l'augmentation des capacités de minage, est ainsi souvent pointée du doigt.
Digiconomist estime ainsi que chaque jour, 39,4 TWh d'électricité sont engloutis par les ASICs qui font vivre et sécurisent la blockchain de Bitcoin, c'est autant que ce que consomme un pays comme la Hongrie. Chacune des transactions qui y transite réclame ainsi 332 kWh, de quoi faire le plein de trois voitures électriques haut de gamme.
Ajoutez à cela une spéculation grandissante autour des crypto-monnaies (même Nabilla en parle, c'est vous dire), des ICO (voir notre analyse) pas toujours fiables, avec des cas de piratage voire d'escroqueries caractérisées et le tableau se noircit rapidement. C'est en tout cas comme ça que les autorités chinoises commencent à réévaluer l'industrie des monnaies virtuelles.
La Chine veut éradiquer en douceur le minage de crypto-monnaie
Jadis vue comme un eldorado pour les mineurs de crypto-monnaies, la Chine vient de très nettement durcir le ton à ce sujet. Selon le Financial Times, après avoir banni les plateformes d'échange et les ICO, le gouvernement entend « inciter » les mineurs à abandonner leurs activités.
Pour rappel, le minage consiste à employer des systèmes informatiques (processeurs, cartes graphiques ou puces spécialisées) pour résoudre des problèmes mathématiques visant à sécuriser les transactions qui circulent sur une blockchain (voir notre dossier). Cette participation est rémunérée en crypto-monnaie.
Les autorités chinoises ont ainsi ordonné aux gouvernements des différentes provinces chinoises « de guider activement » les entreprises à quitter l'industrie du minage de crypto-monnaies. Il leur est reproché de consommer trop d'énergie, d'avoir tendance à contourner la loi leur imposant d'acheter leur électricité aux opérateurs, plutôt que d'acheter directement aux producteurs, et souvent d'opérer en toute illégalité, sans avoir déclaré leurs entreprises.
Il n'est ainsi pas question d'interdire purement et simplement ces activités, mais d'en inciter l'abandon en faisant appliquer strictement les lois auxquelles elles sont soumises. Le coût de l'électricité devrait ainsi augmenter nettement pour les mineurs, tandis qu'ils devront également se plier aux réglementations environnementales en vigueur. Enfin, les crédits d'impôt qui leur étaient jusqu'ici accordés devraient être coupés. De quoi pousser doucement ce petit monde vers la sortie.
Problème, la Chine compte pour environ 3/4 de la production mondiale de crypto-monnaies, et ses capacités de minage ne peuvent disparaître du jour au lendemain sans provoquer des secousses dans le secteur. Deux théories sont alors envisagées : soit c'est la sécurisation d'une crypto-monnaie (c'est à dire son hashrate) qui fait sa valeur, auquel cas, les cours dégringoleront. Soit c'est l'usage qui en est fait qui compte, et dans ce cas, la puissance de calcul déployée n'a finalement que peu d'importance.
Québec, une terre d'accueil ?
Les entreprises de minage se tournent donc vers de nouvelles terres. Dans l'idéal, celles-ci doivent proposer un cadre favorable à leurs activités, un climat froid (facilitant le refroidissement des machines), et une électricité aussi bon marché que possible. Plusieurs pays tiennent ainsi la corde, dont le Canada, l'Islande, la Russie ainsi que plusieurs nations d'Europe de l'Est.
Au Canada par exemple, Hydro Quebec, une société d'Etat produisant de l'énergie hydro-électrique assure à nos confrères de Coindesk recevoir au moins une demande par jour d'une potentielle ferme de minage pour connaître les tarifs et conditions de sa fourniture d'énergie.
Actuellement, 70 % de sa production de 37 000 MWh est vendue aux mineurs pour 0,0394 dollar par kWh, contre 0,0248 dollar pour les datacenters classiques. Un tarif qui malgré la surcharge appliquée « parce que ces activités sont moins créatrices d'emploi » resterait « de deux à trois fois moins élevé que dans le reste de l'Amérique du Nord ».
Le climat froid du Québec serait aussi avantageux pour le refroidissement des machines, et pourrait même rallonger la durée de vie du matériel. « Sous certains climats chauds, les ASIC tendent à avoir une durée de vie très faible, de 6 à 9 mois, parce qu'ils chauffent tellement que le coût du refroidissement ne se rentabilise pas. Il est plus facile de les faire tourner à fond, de les jeter et d'en racheter. C'est du gaspillage », note un analyste canadien, qui voit dans les températures hivernales de la province une opportunité de limiter ce gâchis, lui aussi coûteux sur le plan environnemental.