Alors que la plupart des sites publics disposent aujourd’hui d’une organisation distincte, Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’État au Numérique, a annoncé la semaine dernière que les pouvoirs publics travaillaient à une « trajectoire d'unicité des interfaces officielles ». Les premiers changements sont attendus pour l'année prochaine.
Interpellé par un député de la commission des affaires économiques, mercredi 25 octobre, Mounir Mahjoubi a facilement admis que « l’expérience utilisateur » des internautes visitant les principaux sites publics (impôts, CAF, Pôle emploi...) pouvait constituer un « frein » pour les moins aguerris d’entre eux.
« En plus d’avoir des logins différents, on a des logiques de navigation différentes, a déclaré le secrétaire d’État au Numérique. Ce qui fait qu'on doit se réinventer en permanence. » Barre de connexion à son espace utilisateur en haut à gauche sur tel site, en bas à droite sur un autre... Il n’est pas toujours simple de s’y retrouver.
Les DSI de l’État chargés d’avancer sur une « normalisation »
L’ancien président du Conseil national du numérique a expliqué qu’il réunissait « toutes les six semaines » un « comité » des différents directeurs des systèmes d’information (DSI) de l’État. Plusieurs groupes de travail ont ainsi été installés, dont un sur l’expérience utilisateur :
« On essaie de faire partager des objectifs de transformation à tous les opérateurs et administrations qui fournissent des services publics numériques. Un des premiers sur lequel j'espère avoir des effets le plus rapidement possible, c'est celui sur les interfaces : simplification des interfaces, accessibilité des interfaces, et surtout trajectoire d'unicité des interfaces officielles. C'est-à-dire qu'il faut qu'on ressente quelque chose quand on est sur une interface officielle, qui dit que c'est officiel. »

Mounir Mahjoubi a pris pour exemple les formulaires CERFA : « On peut dire tout ce qu'on veut, sauf que les cases ont toutes la même forme, le bloc nom est toujours au début, etc. (...) On n'a pas besoin de réapprendre à chaque fois comment ça fonctionne. »
Pour le secrétaire d’État au Numérique, c’est dans cette direction qu’auraient du aller les services publics numériques. « Normaliser, c'est un mot qui fait peur. Sauf qu'en fait normaliser, ça simplifie beaucoup ensuite derrière pour fabriquer, pour faire, pour délivrer, donc ce sera un enjeu essentiel. »
« On travaille dessus », a conclu le successeur d’Axelle Lemaire. « J'ai demandé aux administrations d'identifier quelles sont les interfaces qui sont les plus utilisées par les citoyens. Et de démarrer sur ces interfaces, dès l'année 2018, pour avoir des premiers gains. »
Une proposition portée en 2013 par le CNNum
Certains se souviendront qu’en 2013, le Conseil national du numérique (alors présidé par Benoît Thieulin) avait proposé au gouvernement de Jean-Marc Ayrault de procéder à une harmonisation des sites publics. « L’État doit être garant que l’expérience usager soit simple, efficace et pertinente par rapport au contexte et aux moments où il les utilise » exhortait alors l’institution dans son rapport sur l’inclusion numérique.