Avec Orange Bank, l'opérateur met en avant un service gratuit entre banque en ligne et « néo-banque ». Mais comme souvent, il y a des conditions à respecter. Nous avons analysé les documents de la société pour voir ce qu'il en est.
Orange Bank est lancé aujourd'hui. Après avoir détaillé la procédure de création d'un compte, nous avons analysé les tarifs, mais aussi les conditions proposées par l'opérateur. Une manière de voir comment ce service se place face à la concurrence, composée de banques en ligne mais aussi de néo-banques (voir notre analyse).
Pour cela, nous avons analysé le site d'Orange Bank, mais aussi les principaux documents légaux rattachés à cette offre :
Pour cette première comparaison, nous avons utilisé Boursorama et N26 comme référence avant la publication de notre guide des tarifs plus complet sur les services bancaires. Si vous voulez aller plus loin, vous trouverez d'autres éléments par ici, l'aide, les informations bancaires, mais aussi des guides de la Fédération Bancaire Française (FBF).
Notre dossier sur l'évolution du secteur bancaire :
- Banques classiques, mobiles, en ligne ou « néo » : qu'est-ce que ça change ?
- Orange Bank : faut-il craquer ? Derrière la gratuité affichée, quels tarifs et conditions ?
- Orange Bank : comment créer un compte ?
Tarifs de base : tout est gratuit (ou presque)
Le premier document comprend les tarifs de base. Chaque banque est obligée de présenter un tel document de manière standardisée. Ici, tout est gratuit à deux exceptions près.
Ainsi, les frais de tenue de compte seront de cinq euros par mois si vous ne réalisez pas au moins trois paiements ou retraits par carte bancaire ou paiement mobile par mois. Les frais de virement seront aussi de cinq euros si vous passez par le chat, mail, téléphone, courrier ou via « mes demandes » pour demander à un « expert » de le faire pour vous.
Espérons qu'ils penseront à prévenir les clients concernés avant de procéder. Dans tous les cas, c'est ici plus cher ou plus contraignant que des services de banque en ligne classiques et autres « néo-banques ». N26 demande par exemple 2,90 euros par mois aux plus de 26 ans si moins de trois transactions par mois sont effectuées (gratuit pour les plus jeunes). Boursorama n'impose qu'une opération par mois pour son offre de base.
Lorsque l'on regarde dans le détail des tarifs, on voit que la facturation de cinq euros concerne en réalité toute opération qui pourrait être effectuée pour votre compte, et pas seulement les virements. Cela concerne :
- Le paramétrage de votre carte bancaire :
- Déblocage du paiement sans contact
- Déblocage des paiements par carte bancaire à distance (internet ou téléphone)
- Déblocage des paiements et retraits par carte bancaire à l’étranger
- L’édition d’un Relevé d’Identité Bancaire (RIB)
- L’ajout, la modification ou la suppression d’un bénéficiaire
- L’émission d'un virement SEPA (occasionnel ou permanent)
- La modification ou la suppression d’un virement SEPA permanent ou différé
Une pratique que l'on retrouve ailleurs, Boursorama facture ainsi également les opérations effectuées par ses conseillers cinq euros lorsqu'elles peuvent être effectuées gratuitement par le client dans son interface.
Le remplacement de la carte bancaire est gratuit si elle vient à ne plus fonctionner ou à son expiration, mais si vous le demandez de manière anticipée, il vous en coûtera 10 euros. Un tarif là aussi assez classique.
Aucun frais ne vous sera demandé pour des retraits dans les différents distributeurs, mais pour les paiements dans d'autres devises que l'euro, il vous en coûtera 2 % du montant. Un tarif cette fois un peu plus élevé qu'ailleurs (1,95 % chez Boursorama, rien chez N26 pour les paiements, et 1,7 % dans le pire des cas pour les retraits par exemple).
Un virement « urgent » sera facturé 15 euros par Orange Bank. Pour ceux effectués en devises ou hors zone SEPA il sera question de 25 euros pour une émission et 15 euros pour une réception. Des frais de 14 euros seront également facturés comme frais de change par opération.
Attention aux frais en cas d'incident
Pas de commission d'intervention chez Orange Bank mais en cas de non-exécution d'un virement pour défaut de provision 8 euros seront facturés, un rejet de prélèvement 20 euros. Si la somme est inférieure au montant, la facturation sera limitée à cette somme. Ainsi, si un prélèvement de 10 euros est rejeté, vous ne pourrez pas avoir plus de 10 euros de frais.
Une lettre d'information préalable pour chèque sans provision vous coutera 14,5 euros, 15 euros si c'est pour compte débiteur non autorisé, contre 30 ou 50 euros pour un chèque rejeté (selon son montant). Des tarifs qui sont plutôt ceux d'une offre bancaire classique cette fois.
Chez Boursorama, seul le rejet de prélèvement peut être facturé pour un montant maximal de 20 euros. Un rejet de chèque est facturé 30 euros. Aucune commission d'intervention ou de frais pour envoi de lettre n'est prévu. N26 ne détaille de son côté pas ces tarifs, comme bien d'autres qui manquent dans ses documents, malheureusement.
Le découvert autorisé comporte des intérêts de 8 %, contre 16 % pour le découvert non autorisé. C'est à peu près identique à ce que l'on retrouve ailleurs (7 % et 16 % chez Boursorama). Chez Orange Bank comme chez Boursorama, en cas de succession, 300 euros de frais seront facturés.
Si jamais vous veniez à faire l'objet d'une inscription à la Banque de France, vous serez facturés 30 euros, puis 30 euros par an, 40 euros pour la déclaration d'une décision de retrait de carte bancaire et 30 ou 40 euros si jamais vous émettez un chèque malgré votre interdiction bancaire et qu'il est encaissé. Des frais qui peuvent vite se cumuler. De son côté, Boursorama vous facturera 30 euros de gestion de l'interdiction bancaire et 30 euros par chèque rejeté.
D'autres petits frais peuvent venir s'ajouter à votre quotidien. Un envoi de chéquier en recommandé vous coûtera cinq euros (gratuit chez Boursorama), en cas de courrier retourné à l'expéditeur (NPAI) parce que vous n'avez pas prévenu d'un changement d'adresse il vous en coûtera 22 euros et si un créancier demande une saisie sur votre compte chaque procédure vous sera facturée 100 euros.
N26 ne donne pas non plus de détails pour ces tarifs, mais pour Boursorama les procédures de saisie sont facturées 88,10 euros. Rien ne semble à payer si une lettre retourne à l'expéditeur.
Orange Bank précise enfin dans ses conditions « qu’en cas d’incident de paiement ou irrégularité, nous vous informerons d’abord du montant et de la nature des frais correspondants sur votre relevé de compte. Ce montant sera débité sur votre compte au minimum 14 jours après cette information ».
Comment contacter Orange Bank ?
Si vous êtes clients et que vous avez besoin de contacter le service, vous disposez d'un chat avec un conseiller virtuel qui répondra à vos questions de base à toute heure. S'il ne peut vous apporter son aide, un « expert » vous recontactera. Vous avez aussi la possibilité d'appeler du lundi au samedi de 8h à 20h au 01 43 60 01 52.
La section « Mes demandes » de l'espace client peut également vous aider, comme les réseaux sociaux ou un forum. Tous les détails concernant les numéros à joindre en cas de perte ou de vol de la carte par exemple se trouvent par ici.
Enfin un service réclamation peut être joint à l'adresse suivante : Orange Bank – TSA 56792 – 95939 ROISSY CH DE GAULLE CEDEX. Un accusé de réception devra vous parvenir dans les cinq jours ouvrés et une réponse dans les 20 jours ouvrés. Dans tous les cas, le médiateur de la banque peut être contacté par ici.
Le cas des dépôts de chèques et d'espèces
Avec les services bancaires en ligne ou orientés vers les usages mobiles, deux points sont souvent oubliés ou mis de côté : la gestion des chèques et des espèces. Ici, seuls les services qui ont un lien avec un groupe bancaire classique proposent en général un dépôt en agence.
Mais ce n'est pas toujours le cas. Boursorama ne permet ainsi pas d'effectuer un dépôt via la Société Générale par exemple, tout se fait par courrier. N26 propose de son côté le service Cash26, seulement en Allemagne pour le moment.
Pour créditer un compte Orange Bank autrement que via un virement, les conditions précisent que vous pouvez déposer un chèque signé avec le numéro de compte indiqué au dos en l'envoyant à Orange Bank - Service Clientèle - TSA 56792 - 95939 Roissy CDG CEDEX. Pour les espèces, aucun détail n'est donné, seulement que « vous pouvez nous adresser votre demande et nous vous indiquerons les modalités ». Il nous a été confirmé que cela passerait par un mandat postal.
La clôture de compte
Fermer un compte bancaire n'est pas toujours aisé. Dans le cas d'Orange Bank les conditions précisent que « vous pouvez clôturer votre compte à tout moment. Cette démarche est gratuite ». La démarche à suivre n'est par contre pas précisée, il faudra donc sans doute contacter le service client spécifiquement.
Pour cela « vous devez vous assurer que votre compte dispose d’une provision suffisante, pour payer les opérations en cours (notamment les prélèvements, les chèques émis ou les paiements carte et mobile) et faire le nécessaire pour changer les domiciliations de vos virements et prélèvements sur le compte ».
Il faut bien entendu restituer tous les moyens de paiement ou les détruire et fournir une attestation de destruction. Si votre solde est créditeur après clôture, il vous sera versé selon vos instructions, sinon « des intérêts seront appliqués dans les conditions du découvert non autorisé. Ces intérêts sont exigibles à tout instant. S’ils sont dus pour une année entière, ils s’ajouteront au montant que vous nous devez et produiront eux-mêmes des intérêts ».
Chez N26, un formulaire est à transmettre par courrier ou par email. Chez Boursorama, il faudra en passer par une lettre accompagnée d'une copie de votre pièce d’identité.
Faut-il changer de banque pour Orange Bank ?
Comme on peut le voir, la gratuité mise en avant par Orange Bank ne concerne que les services de base et seulement si vous utilisez le service. Il faut dire que l'utilisation de la carte bancaire est une source de rémunération importante à travers les commissions, c'est donc un élément essentiel. Les clients doivent être actifs (et dépensiers).
Pour le reste, il y a des frais qui sont à prendre en compte, et l'on est parfois plus cher qu'une simple banque en ligne. Les boutiques Orange ne peuvent pas être utilisées pour la gestion du compte ou les dépôts, n'étant sans doute pas équipées pour cela, et l'on ne retrouve aucun des « petits plus » qui font l'intérêt de services comme N26.
Ce dernier se démarque par exemple avec la gratuité des frais de change sur l'ensemble de son offre, outre sa procédure de création de compte ultra-simple, ne demandant pas trois jours ouvrés de vérification. Ici, quelle est la promesse que l'on ne retrouve pas ailleurs ? Une application mobile réactive, des notifications, un solde en temps réel ? On peut déjà avoir tout cela via d'autres services qui existent pour certains depuis plusieurs années.
Orange Bank ressemble donc pour le moment à une banque en ligne qui viendrait de passer au monde mobile en s'inspirant (un peu) des « néo-banques ». Pas de quoi chambouler le marché, mais la société compte sans doute sur son aspect rassurant, ses agences et ses millions de clients pour tenter d'appâter des utilisateurs en masse.
Ils auront néanmoins tout intérêt à comparer et à regarder les conditions dans les détails avant de faire leur choix et de signer pour une nouvelle banque. Si partir d'une banque classique est souvent une solution intéressante financièrement, opter pour une banque en ligne ou une « néo-banque » devra se faire selon vos besoins.
En la matière, Orange Bank n'arrive pour le moment pas vraiment à se démarquer, mais le service vient à peine de se lancer. Gageons que dans les mois à venir, des nouveautés et autres améliorations viendront un peu étoffer l'offre.