C’est l’entreprise Blue Efficience qui a mis en ligne le site parasitant Zone-Telechargement.ws, ce site de liens illicites actuellement visé par une action en blocage pour contrefaçon. Thierry Chevillard, fondateur et directeur général de l’entreprise, revient dans nos colonnes sur ses motivations.
Sur des pattes de velours, l’arrivée de Zone-Telechargement.al a fait finalement grand bruit dès lors que plusieurs internautes et articles ont signalé l’existence de ce drôle de site. Et pour cause : celui-ci parasite Zone-telechargement.ws, bête noire des ayants droit, pour lui chaparder sa structure jusqu’à son nom, avec une nuance puisque l’extension passe en .al. Un joli remake 2.0 de l’arroseur arrosé.
Sur Zone-Téléchargement.al, on retrouve donc des milliers de films à télécharger, mais uniquement sur des plateformes légales. Le site s’approvisionne notamment sur la base VàD du Centre national du cinéma, mais aussi iTunes ou Amazon, pour tenter de drainer les visiteurs vers des sites beaucoup plus vertueux que Zone-Telechargement.ws.
L'idée ? « Faire la promotion de l'offre légale »
Selon nos informations, c’est Blue Efficience, une société spécialisée dans la protection des œuvres, qui est à l’origine de ce site, mais également VoirFilms.al qui reprend la même logique. « Nous avons toujours eu l’idée de faire de la promotion de l’offre légale. La protection, c’est bien, mais c’est insuffisant sans ce complément » nous commente Thierry Chevillard.
Le directeur général de Blue Efficience estime que « les plateformes de vidéos à la demande ont des difficultés pour se mettre en avant par rapport à l’offre illégale ». Au même moment, « les sites pirates sont extrêmement doués pour se mettre en avant dans les moteurs où ils doublent les offres légales ». Autant donc jouer avec des armes similaires sur le même terrain.
Concurrencer l'offre illicite dans les moteurs
L’idée, ébauchée en août dernier, a été d’arriver « à faire aussi bien en terme de positionnement dans les moteurs ». Évidemment, la base de données VàD du CNC a permis de lancer ce site très rapidement avec déjà beaucoup de données, même si on est encore loin du mastodonte visé actuellement par une procédure de blocage.
La société concède que sa démarche était d’abord altruiste, mais a décidé de mettre des affiliations sur certains liens, comme ont pu le remarquer des lecteurs. Sur ce point, assure Thierry Chevillard, cette inclusion a été décidée pour « compenser en partie les coûts, même si on est loin de couvrir le développement et le fonctionnement du site ».
Selon les premières remontées, en tout cas, il y aurait sur Zone-Téléchargement.al un taux de conversion gravitant autour de 5 pour 1 000 pour ceux qui cliquent vers un lien menant à une plateforme légale.
D'autres sites bientôt clonés
S’agissant de la reprise des affiches des films, qui fait débat dans les commentaires et sur Twitter, l’intéressé concède : « notre position a été simple : nous avons mesuré le pour et le contre, le risque. On a donc pris cette initiative. Et Si à un moment donné, il y avait un problème avec les ayants droit, il est évident qu’on obtempéra ». S’agissant de la reprise du logo de Zone Téléchargement.ws, la réponse est identique, même si on imagine mal les éditeurs de ce site qui fait actuellement l’objet d’une procédure devant le TGI de Paris, attaquer en contrefaçon devant les juridictions françaises.
On remarquera le joli rififi initié par ce site. Rivendel, un concurrent spécialisé lui aussi dans la protection des droits, a demandé le déréférencement de plusieurs URL de VoirFilms.al. TMG, l’illustre prestataire des sociétés en amont d’Hadopi, a lui demandé l’effacement d’une URL de Zone-Telechargement.al sur Google
N’y a-t-il pas un autre risque cependant, celui de déboussoler les internautes entre Zone-Téléchargement.ws et son clone légal en .al ? « C’est déjà le cas sur d’autres sites. Énormément d’internautes vont voir des films sur YouTube en pensant que leur diffusion est légale. Notre démarche est vraiment de pousser les utilisateurs vers la consommation légale afin que la vidéo reprenne son souffle et revienne dans le jeu. Nous souhaitons donc accompagner nos services de protection, avec ce système de mise en avant de l’offre légale ».
Que les autres sites de téléchargement illicite se préparent : « on n’a pas l’intention de s’arrêter à Zone-Téléchargement.al et VoirFilm.al » assure le directeur de la société qui compte donc étendre son entreprise de clonage.