Le Conseil national du numérique (CNNum) a ouvert cette semaine une consultation ayant pour thème « la confiance à l'ère des plateformes numériques ». Tout un chacun peut y participer en amenant ses propositions ou en votant pour d'autres jusqu'au 17 novembre prochain.
Les plateformes prennent une place de plus importante dans le paysage numérique, et pour certaines, elles le façonnent à leur image, ou au gré de leur propres politiques. Les affaires où tel ou tel réseau social supprime des contenus sans donner d'explication ou pour des raisons floues font régulièrement couler beaucoup d'encre, tandis que la question de la transparence de ces plateformes est régulièrement soulevée. C'est dans ce contexte que le CNNum fait appel à la sagesse de la foule pour trouver les mesures qui permettront de naviguer sur un Internet plus transparent.
Deux consultations sont ainsi ouvertes. L'une sur les méthodes d'action destinées à assurer la loyauté des plateformes, la seconde pour trouver des moyens de faire entendre la voix des utilisateurs face aux mauvaises pratiques. Pour l'heure, le CNNum est quasi le seul acteur à être intervenu dans le débat, et nous avons regroupé certaines de ses propositions.
Comment assurer la loyauté des plateformes ?
Le CNNum a divisé ses idées en trois problématiques, l'une concerne la gestion des contenus par les plateformes. La première piste dans ce domaine consiste à « Inciter les plateformes à renforcer la transparence de leur politique de modération des contenus, et à mieux impliquer leurs utilisateurs dans leur élaboration ». L'idée serait de clarifier les règles de modération, d'en publier les résultats et de laisser les utilisateurs participer à leur élaboration. Une méthode qui pourrait éviter certains cas litigieux comme lors de la censure de L'Origine du Monde sur Facebook par exemple.
Autre idée de l'organisme : « Inciter les plateformes à prendre des engagements en matière de gestion des fake news et promouvoir les bonnes pratiques ». En réponse aux initiatives prises par certaines d'elles sur la visibilité des fake news, le CNNum souhaiterait que les plateformes se dotent d'une organisation « en charge de mettre en valeur les démarches et mesures volontaires prises par chaque plateforme en la matière » devant aussi faciliter le dialogue entre les rédactions à l'instar de Crosscheck.
Autre cheval de bataille : les discriminations liées à l'utilisation d'algorithmes. En clair, le CNNum plaide pour la création d'un corps d'audit des algorithmes, et le développement de méthodes d'audits dédiées aux outils de personnalisation dynamique des contenus, prix et informations « afin d’identifier les erreurs ou biais discriminatoires potentiels ».
D'un autre côté, les plateformes devraient expliquer clairement les biais qu'elles utilisent ainsi que leur potentiel discriminatoire pour montrer les informations aux utilisateurs. Une démarche qui s'inscrit dans un récent décret d'application de la loi Lemaire portant sur la loyauté de ces acteurs.
Dernier point délicat, la transparence sur l'usage des données personnelles. L'idée de panels-test d'utilisateurs pour évaluer la lisibilité des conditions générales d'utilisation, souvent compliquées à comprendre, est évoquée. Autre piste du CNNum : développer un comparatif des politiques de gestion des données personnelles employées par les différentes plateformes.
Faire entendre la voix des consommateurs
Le CNNum a également émis plusieurs idées afin spécifiquement de permettre aux utilisateurs de remonter les désagréments auxquels ils font face dans leur utilisation des plateformes. Une première étape consisterait déjà à sensibiliser les internautes à certaines problématiques comme le ciblage publicitaire, par le biais de vidéos ou d'infographies.
Ensuite, une extension pour navigateur pourrait être développée afin que les utilisateurs remontent simplement les problèmes qu'ils rencontrent. Le CNNum a déjà travaillé sur ce projet avec des étudiants de l'école des Gobelins. Autre piste, conduire une étude exploratoire qui permettrait de faire remonter les préoccupations des internautes lorsqu'ils utilisent des plateformes et cartographier les moyens de contournement mis en place par certains pour contrer certaines pratiques qu'ils jugent abusives.
À défaut d'apporter des solutions immédiates, cette consultation devrait quoi qu'il en soit permettre au régulateur d'avoir une idée plus précise des mesures à prendre, ou de celles qui n'ont finalement que peu d'intérêt. La deuxième phase de la consultation démarrera à partir du 18 novembre, ou un premier tri sera fait dans les idées qui auront été proposées.