Altice a annoncé vouloir souscrire à un nouvel emprunt afin de rembourser une partie de ses dettes existantes. Une opération plutôt classique qui permet de jeter un œil aiguisé sur les résultats de la branche « internationale » de l'opérateur.
Régulièrement, Altice tente de remettre à plat une partie de son imposante dette – environ 50 milliards d'euros. Celle-ci ayant été majoritairement souscrite lors de rachats reposant sur le principe du LBO (ou achat à effet de levier), les taux d'intérêts de ses différentes tranches sont en général très élevés. L'entreprise a donc tout intérêt à la refinancer, petit à petit, avec des conditions plus favorables.
Cette fois-ci, c'est Altice International, la filiale regroupant les activités de l'opérateur au Portugal, en Israël, en République Dominicaine et en Outre-mer qui cherche à emprunter la bagatelle d'environ 1 067 millions d'euros, à des fins de refinancement. Une opération détaillée, dans un épais document de 173 pages, dont nous avons extrait la mœlle.
Altice International montre patte blanche
Avant toute chose, il faut d'abord revenir sur l'organigramme interne d'Altice, et plus particulièrement sur celui de sa dette.
Altice organise sa dette selon plusieurs « Silos », qui correspondent à chacune de ses filiales. Altice France (SFR) supporte par exemple une dette brute de 15,7 milliards d'euros, Altice International 8,2 milliards d'euros, tandis que la holding luxembourgeoise affiche un passif de 6,2 milliards d'euros. L'opération du jour concerne le silo Altice International, encadré en vert sur l'organigramme ci-dessus.
Les nouveaux emprunts seront souscrits par Altice Finco, une filiale d'Altice International qui porte déjà à elle seule un total de 1 035 millions de dollars de dettes, réparties comme suit :
- 250 millions de dollars à 9 % jusqu'en 2023
- 400 millions de dollars à 8,5 % jusqu'en 2024
- 385 millions de dollars à 7,5 % jusqu'en 2025
Mais les 1 067 millions d'euros empruntés par Altice Finco (300 millions d'euros + 900 millions de dollars) n'ont pas vocation à couvrir l'une de ces lignes, affichant pourtant un fort taux d'intérêt. Ces fonds iront dans une autre ouverte en décembre 2013 et remboursable avant janvier 2022 pour 350 millions d'euros avec un taux variable.
Pour ce qui est des 717 millions d'euros excédentaires, Altice ne précise pas pour le moment à quelles fins ils seront utilisés. La logique voudrait que le reste soit également employé pour recouvrir d'autres lignes de crédit aux taux élevés afin de réduire le poids de la dette, mais ce point n'est pas encore confirmé.
Les affaires marchent pour Altice
L'ouverture de cette nouvelle ligne de crédit est également l'occasion pour Altice de refaire un point d'étape précis sur la santé financière de sa filiale Altice International, dont les chiffres sont peu mis en avant lors des présentations de résultats de l'entreprise.
Pourtant cette branche connaît des résultats satisfaisants, avec des revenus en nette hausse, passant de 3,5 milliards d'euros en 2015 à 4,5 milliards d'euros sur 2016. Si l'on zoome sur les six premiers mois de 2017, on y voit encore des revenus en franche progression par rapport à 2016 (2,64 milliards d'euros contre 2,26 milliards). Les pertes nettes se sont également réduites entre 2015 (401 millions d'euros) et 2016 (243 millions d'euros), ce malgré l'explosion du coût de la dette, passé de 481 millions d'euros à 654 millions.
Dans le détail, on peut observer que l'EBITDA est en progression dans l'ensemble des territoires où Altice International opère. Le plus gros morceau se trouve du côté du Portugal, grâce à l'opérateur MEO. Celui-ci affichait un EBITDA de 640 millions d'euros en 2015, qui est grimpé à près de 1,1 milliard d'euros en 2016. En Israël, la stabilité est de mise avec 431 millions d'euros sur 2016, tandis qu'en République Dominicaine, on note une croissance de 4 % à 375 millions d'euros.
La fuite des clients, une constante internationale
Si, en France, la courbe de recrutement de SFR est toujours sur une phase descendante, on observe des situations assez proches chez Altice International.
Au Portugal par exemple, sur les douze derniers mois, Altice a recruté 114 000 nouveaux abonnés à son réseau câble/fibre sur un total de 542 000. Un score encourageant, mais en un an, 127 000 clients ADSL sont également allés voir ailleurs. Un statu quo qui reste profitable à l'opérateur, l'ARPU et la rentabilité étant plus élevée sur son réseau fibre, ce qui se remarque dans ses résultats financiers. Sur le terrain du mobile, ce sont 43 000 clients forfait qui se sont ajoutés en un an au cheptel de MEO, mais 162 000 ont quitté ses offres prépayées.
En République Dominicaine, le constat est du même genre, avec une stabilité du nombre de clients pour les forfaits mobiles (-3 000 sur un an) mais un exode massif de clients prépayés (-313 000 sur un an). Même chanson en Israël, avec même un recul inédit du nombre d'abonnés « fibre » (-13 000 en un an).
Dans les territoires ultra marins, Altice semble toutefois tirer son épingle du jeu, avec 1 000 clients câble/fibre et 13 000 clients mobiles glanés en l'espace d'un an. Mention spéciale à l'ARPU, très élevé dans ces territoires (63,8 euros pour la fibre, 32,5 euros sur le mobile), qui rappelle qu'en France, les opérateurs n'ont pas exporté leur guerre des prix dans toutes les régions.