Dans une série de tweets, le responsable Joe Belfiore confirme que Windows 10 Mobile n’est plus une priorité. Ses réponses ne sont pas vraiment une surprise, mais ont le mérite de « clore » le sujet. L’aventure de Microsoft dans les smartphones n’est pas forcément terminée pour autant.
Joe Belfiore, vice-président de la division Windows, s’est livré au difficile jeu des réponses sur Twitter. Interrogé sur plusieurs aspects actuels de Windows 10 Mobile, il a confirmé que la situation était très variable selon qui utilisait la plateforme.
Il affirme que des entreprises sont par exemple en train de déployer des flottes d’appareils sous Windows 10 Mobile et qu’il n’est bien entendu pas question de relâcher le support technique. Cependant, en tant qu’utilisateur, il indique lui-même jongler avec plusieurs systèmes mobiles, sans dire lesquels. Des propos qui font écho à la « révélation » récente que Bill Gates lui-même était passé à Android.
Plus de fonctionnalités ou de nouveau matériel
Là où les choses se corsent un peu, c’est quand le même continue sur sa lancée en accompagnant ses messages d’emojis tristounets. En réponse à un utilisateur se posant la question du grand public, le vice-président répond que Windows 10 Mobile continuera à recevoir des corrections de bugs et autres pansements numériques pour les failles de sécurité. Cependant, « développer de nouvelles fonctionnalités ou du matériel n’est pas la priorité ».
La sentence est très claire, et elle a le mérite de mettre des mots sur une situation globale que l’on pouvait deviner aisément. La meilleure illustration est l’arrivée prochaine de la Fall Creators Update de Windows 10. Comme indiqué dans notre article dédié, la liste des améliorations est assez longue. Mais pas pour les smartphones : comme avec Windows Phone 7.8, Microsoft ne va picorer que quelques nouveautés au sein d’un pack « Feature 2 ». Il ne s’agira que d’une petite évolution de la Creators Update du printemps dernier.
Of course we'll continue to support the platform.. bug fixes, security updates, etc. But building new features/hw aren't the focus. 😟 https://t.co/0CH9TZdIFu
— Joe Belfiore (@joebelfiore) 8 octobre 2017
Le nombre d'applications, toujours lui
Toujours par la bouche de Joe Belfiore, il est clair que Microsoft n’est pas sans regrets face à cet état des lieux peu reluisant. « Nous avons VRAIMENT essayé d’inciter les développeurs d’applications » indique-t-il ainsi, avant de préciser : « Nous avons payé… écrit des applications pour eux… mais le nombre d’utilisateurs est trop bas pour que la plupart des entreprises investissent ».
Le responsable a résumé en un tweet l’éternel problème de Windows Phone/Mobile, et plus globalement de tous ceux qui se sont frottés au marché du smartphone après Apple et Google. L’arrivée de l’iPhone avait changé la donne, comme si tout ce qui avait existé avant ne comptait plus. Et si les fans de la marque sont nombreux, la part de marché d’Android est de très loin supérieure, Google le fournissant comme une matière première flexible aux constructeurs, qui en font alors ce qu’ils veulent.
Ce problème d’investissement est ainsi connu depuis longtemps. Qu’il s’agisse de développeurs indépendants ou de plus grosses entreprises, développer des applications pour les deux plateformes principales réclame déjà du temps, et donc de l’argent. Si Microsoft n’a pas l’argument d’une part de marché suffisante, il est difficile d’inciter à des dépenses supplémentaires s’il ne peut pas y avoir de retour sur investissement.
We have tried VERY HARD to incent app devs. Paid money.. wrote apps 4 them.. but volume of users is too low for most companies to invest. ☹️ https://t.co/ePsySxR3LB
— Joe Belfiore (@joebelfiore) 8 octobre 2017
Le support continuera jusqu'à nouvel ordre
Les commentaires de Belfiore ont toutefois plusieurs mérites. En plus de confirmer « verbalement » la situation, il est rassurant pour les utilisateurs – qu’ils soient du grand public ou dans les entreprises – que l’entretien du système continuera. Cependant, ils doivent se faire à l’idée que la plateforme telle qu’on la connaît n’évoluera plus guère… justement parce qu’elle passe en mode entretien. L’équivalent, en somme, d’un logiciel Microsoft quand il passe en support étendu, après les cinq ans de support classique.
Parallèlement, Microsoft ne ménage pas ses efforts dans sa stratégie multiplateforme. Le remplacement récent d’Arrow par Microsoft Launcher le montre bien, tout comme le renouvellement intégral de Skype sur tous les systèmes concernés. L’éditeur ambitionne d’être un peu partout et de ne pas limiter les fonctionnalités à sa seule plateforme. Word, Excel, PowerPoint, OneNote, OneDrive, Sway et même Edge désormais (voir notre prise en main) : la continuité de l’expérience utilisateur prend le pas sur le système maison.
La fin de l'aventure mobile pour Microsoft ? Pas forcément
Il n’est pour autant pas certain que Microsoft ait totalement renoncé à ses ambitions dans ce domaine. L’avantage d’un parc applicatif synchronisé est qu’en cas de nouvelle plateforme, l’éditeur sera déjà prêt avec ses services. Il se murmure ainsi qu’un projet Andromeda pourrait à la fois signifier un nouvel appareil tout autant qu’un nouveau système. Nous reviendrons sur Andromeda dans un prochain article pour faire le point sur les rumeurs.
En attendant, la conclusion sera douce-amère pour ceux qui ont cru à Windows 10 Mobile. Mais tout comme Windows Phone 8/8.1 et 7 avant lui, le système rejoint la liste des plateformes mobiles de Microsoft qui n’ont pas vraiment réussi à percer. Les utilisateurs ont cependant l’assurance que le système ne sera pas lâché du jour au lendemain, surtout si des entreprises ont des déploiements en cours.