Le Syndicat Mixte Aéroportuaire, situé à l’Hôtel de la Région de Nantes, vient de lancer un appel d’offres. Son objet ? Implanter une tour de contrôle sur les médias sociaux et de la presse sur l’épineux sujet de Notre-Dame-des-Landes (NDDL). Un projet largement contesté aussi bien à NDDL que sur Internet.
NDDL : manifestation anti aéroport Notre-Dame des Landes le 17 novembre 2012 par NDDL. Licence CC By 2.0
C'est Presse Océan qui a signalé l'existence de ce marché, nous en publions ci-dessous l'une des principales pièces constitutives :
L'appel comporte deux volets. L'un visant les médias sociaux, l'autre la presse. Dans tous les cas, les deux prestataires qui remporteront ce marché « devront prendre en compte l’actualité de la réalisation de la future plateforme aéroportuaire du Grand Ouest » et « promouvoir la réalisation de l’Aéroport au niveau des institutions et pouvoirs publics, des réseaux d’influence et des médias à l’échelle nationale et européenne ».
Les chefs de ligne pour cette opération de lobbying seront le directeur général et surtout Jacques Auxiette, président PS de la région et président du Syndicat. Nos prestataires « seront [aussi] en rapport également avec les élus, les Cabinets et les Directions générales des Services des membres financeurs du Syndicat Mixte » indique le document.
Mission de lobbying sur les réseaux sociaux
Le chantier d’influence sur les médias s’annonce ambitieux puisqu’ « afin de réaliser ces prestations, les prestataires devront livrer l’ensemble des outils de communication nécessaires à la mission de lobbying : notes de synthèse et notes techniques, argumentaires, montages de réunions et rencontres etc. » Des réunions de coordination et de concertation éviteront les crashs afin que « cette collaboration se passe dans les meilleures conditions ».
Sur les réseaux sociaux, tout sera fait pour promouvoir l’aéroport et donc, en creux, disqualifier les contestations. « Cette stratégie de lobbying et d’influence devra être efficace et opérationnelle » exige le Syndicat Mixte qui réclame des plans d’actions adaptées « pour expliciter les différentes phases de réalisation de la plateforme aéroportuaire ainsi que les impacts socio-économique et spatial de cet équipement sur le développement des territoires concernés. »
Fidéliser les intervenants, les décideurs, les relais, les alliés
Veille « on line » « action rapide sur les médias sociaux » sont au programme de ce plan de vol. Ce n’est pas tout : le Syndicat Mixte Aéroportuaire réclame « l’animation d’un dispositif type « community management » en identifiant et fidélisant les intervenants, les décideurs, les relais et alliés ». Bref, faire du bruit sur le tarmac des réseaux sociaux, mais uniquement pour fleurir le futur chantier de l’aéroport.
En coulisse, l’ode à l’aéroport laisser place à la sécheresse des tableaux Excel de haut vol : « le prestataire devra réaliser et alimenter un tableau de bord de suivi des réseaux sociaux et de l’e-réputation de l’aéroport ».Ce n’est pas tout, « il devra, en outre, rendre compte de son activité, le prestataire devra rédiger et transmettre un rapport écrit mensuel du travail effectué sur la base d’indicateurs validés par le syndicat mixte. Ce rapport devra contenir a minima les actions entreprises, des statistiques de fréquentation et une analyse qualitative et servira au prestataire pour évaluer sa stratégie. Le prestataire devra faire des propositions pour la recaler le cas échéant. Ponctuellement, le prestataire pourra être amené à assurer une prestation de conseil et d’accompagnement du syndicat mixte dans le développement de sa stratégie de lobbying. »
Un noyau dur de supports et de journalistes prescripteurs
Mais ce n’est pas tout. Outre les Facebook et autre timeline Twitter, le Syndicat Mixte veut également parfumer ses relations avec les journalistes. Le prestataire devrait mener un plan stratégique similaire à l’égard de la presse. Mais le Syndicat Mixte prend le soin de préciser que cette stratégie portera sur différents points. Par exemple, il s’agira d’ « identifier et fidéliser un « noyau dur » de supports et journalistes prescripteurs », le tout ponctué de « rendez-vous informels avec ces personnes ».
Le prestataire ne devra pas oublier de « transmettre au Syndicat Mixte les éventuelles opportunités de communication et proposer les actions presse adéquates » ni « recenser les sujets susceptibles d’intéresser les journalistes, pointer les accroches et angles pertinents pour chaque événement ou actualité dans lesquels le Syndicat Mixte peut être impliqué. »
Plus classiquement, le marché attend « un « press book » « des retombées presse, la préparation d’ émissions et interviews », des « conférences de presse » ou que soit assurée « une veille des retombées presse en rapport avec les objectifs cités plus haut permettant les ajustements et les évolutions nécessaires en fonction des résultats obtenus. »
« Ce plan sera validé par le syndicat mixte ». Nos heureux confrères seront ravis de savoir que ce syndicat compte « organiser l’ensemble des actions en direction des journalistes ciblés (conférences de presse, voyages de presse, rendez-vous individuels). » Bien entendu, « le syndicat mixte se chargera des frais techniques (salles, transport, hébergement… des journalistes) au vu des devis fournis par le prestataire. »
L’élaboration d’une stratégie de lobbying et la mise en oeuvre dans les médias sociaux sera facturée entre 50 000 et 120 000 euros HT sur deux ans. Pour la partie « stratégie presse », le Syndicat va mettre sur la table pour la même période entre 20 000 € et 70 000 € euros HT. Le prix à payer pour implanter une tour de contrôle dans les médias et réseaux sociaux.