La réforme du droit d’auteur inquiète l’univers du logiciel libre

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Le logiciel vibre

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Marc Rees

Publié dans

Droit

15/09/2017 3 minutes
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La réforme du droit d’auteur inquiète l’univers du logiciel libre

La réforme en cours de la directive sur le droit d’auteur va-t-elle porter atteinte à l’univers du logiciel libre ? Deux grandes organisations gravitant autour de cet univers en sont convaincues. Elles publient un livre blanc pour tirer le signal d’alarme.

Le socle des inquiétudes réside sur l’article 13 du texte proposé par la Commission européenne. Pour mémoire, cette disposition entend obliger les intermédiaires qui stockent et donnent accès à un grand nombre d'œuvres à mettre en place « des mesures destinées à assurer le bon fonctionnement des accords conclus » avec les ayants droit.

Reconnaissance automatisée et filtrage

Ces accords et mesures visent à prévenir la mise en partage de contenus illicites dénoncés notamment par des solutions de reconnaissance automatisées. Les plateformes auraient ainsi à établir régulièrement des comptes rendus sur ce déploiement.

Quant aux États membres, ils devraient faciliter la coopération entre ces parties « afin de définir de bonnes pratiques, telles que les techniques appropriées et proportionnées de reconnaissance des contenus, compte tenu, notamment, de la nature des services, de la disponibilité des outils techniques et de leur efficacité au vu des évolutions technologiques ».

Les craintes de l’OpenForum Europe et la FSFE

Alors que la présidence estonienne du Conseil, institution qui représente les États membres, envisage de nouvelles pistes pour durcir encore cette obligation rampante de filtrage, ce chantier est désormais critiqué par de nouveaux acteurs.

Dans un livre blanc, OpenForum Europe et la Free Software Foundation Europe (FSFE) s’alarment ainsi de « l’impact probable » de cet article dans l’univers du logiciel libre, notamment quant à la responsabilité des plateformes utilisées par les développeurs. Avec le filtrage, les deux organisations craignent une mise en cause de « plusieurs droits fondamentaux ».

Sur la liberté d’entreprise, par exemple, le filtrage automatisé risque d’engendrer des faux positifs et de « briser » les initiatives sur ces espaces, « entrainant perte d’affaires, de productivité et (…) des infrastructures moins résilientes ».

S’agissant de la liberté d’expression cette fois, le livre blanc anticipe des suppressions injustifiées. Et pour la « présomption d’innocence », les deux organismes estiment que cette directive vient finalement considérer chaque utilisateur comme un contrevenant potentiel.

Une menace à la responsabilité des intermédiaires

Plus globalement, l’OFE et la FSFE dénoncent une atteinte au cadre de la responsabilité des intermédiaires techniques, jusqu’alors encadré par une directive de 2001 sur la société de l’information. Une menace directe visant des initiatives comme GitHub (23 millions d'utilisateurs et 65 millions de dépôts) ou SourceForge, puisque ces plateformes peuvent contenir des éléments couverts par le droit d’auteur.  

Pourquoi ? Le considérant 38 du projet de directive entend expressément sanctuariser la directive sur la société de l’information, afin de protéger le statut de l'hébergeur. Cependant, le même texte écrit sans détour qu’un intermédiaire qui « optimiserait » les contenus ou en ferait la promotion, perdrait de facto ce statut pour tomber, en conséquence, de plein fouet dans le régime de responsabilité de droit commun. Il serait ainsi directement responsable des éventuelles contrefaçons trouvées dans leurs serveurs. 

Écrit par Marc Rees

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Sommaire de l'article

Introduction

Reconnaissance automatisée et filtrage

Les craintes de l’OpenForum Europe et la FSFE

Une menace à la responsabilité des intermédiaires

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Commentaires (20)


Ce genre de chose est déjà inposé à Youtube non ?




Sur la liberté d’entreprise, par exemple, le filtrage automatisé risque d’engendrer des faux positifs et de « briser » les initiatives sur ces espaces, « entrainant perte d’affaires, de productivité et (…) une infrastructures moins résilientes ».



C’est sûr que si chaque projet qui possède une fonction Java de détection de dépassement d’indice peut se prendre un SCUD d’Oracle, on est mal barré



Je me fais peut-être vieux mais j’ai la désagréable sensation que les libertés sur tous les sujets ne font que diminuer en permanence et sans contrepartie… Ca me dépite


….les intermédiaires qui stockent et donnent accès à un grand nombre d’œuvres à mettre en place « des mesures destinées à assurer le bon fonctionnement des accords conclus » avec les ayants droit.



entre ces 2….c’est sûr “y-aura de l’eau-dans-l’gaz” ! <img data-src=" />


Les défenseurs du “droit d’être libre” vont enfin comprendre ce que ca fait de se voir imposer un droit (en l’occurrence, le “droit d’être auteur”).



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Ce qui manque pour calmer un peu les ardeurs des systèmes de filtrage automatiser, c’est de facturer les faux positifs. Avec une tarification dissuasive bien sur. Ca responsabilserait un peu plus les fournisseurs/utilisateurs d’algo de reconnaissance automatique.


Ouais bon…pour l’instant ça fait quand même beaucoup de “si” avant que Github et le logiciel libre dans son ensemble soient directement menacés.








The F0x a écrit :



Ce qui manque pour calmer un peu les ardeurs des systèmes de filtrage automatiser, c’est de facturer les faux positifs. Avec une tarification dissuasive bien sur. Ca responsabilserait un peu plus les fournisseurs/utilisateurs d’algo de reconnaissance automatique.





Mouais… y en aura bien pour répliquer que les logiciels distribués étant gratuits, le préjudice est nul (et sa compensation de même, de fait). <img data-src=" />



(cela étant je suis 100% d’accord)









jackjack2 a écrit :



Je me fais peut-être vieux mais j’ai la désagréable sensation que les libertés sur tous les sujets ne font que diminuer en permanence et sans contrepartie… Ca me dépite





j’ai l’impression que ce n’est pas qu’une impression !!









Apone a écrit :



j’ai l’impression que ce n’est pas qu’une impression !!





J’ai l’impression que ton impression que ce n’est pas qu’une impression n’est pas une impression moi aussi.&nbsp;



Connais-tu la fable de la grenouille ? Ou l’histoire du mec qui tombe d’un immeuble de 50 étages ?



Effectivement : jusqu’ici, tout va bien.








le_vinzz a écrit :



Connais-tu la fable de la grenouille ? Ou l’histoire du mec qui tombe d’un immeuble de 50 étages ?





Le brûleur vient juste d’être allumé et notre grenouille vigilante surveille la cuisson comme le lait sur le feu.



La démocratie ne marche plus, de nombreux sujets ne font même plus vraiment l’objet de débats, et les droits individuels sont piétinés constamment face aux droits de quelques uns. Nos politiciens ont trop couché avec le monde de l’entreprise et le pognon pour pouvoir encore défendre les citoyens.



Le droit d’auteur devrait être un choix de société, mais en pratique il s’apparente uniquement au droit d’une oligarchie contrôlant presque tout le spectre politique.








tpeg5stan a écrit :



J’ai l’impression que ton impression que ce n’est pas qu’une impression n’est pas une impression moi aussi.





En parlant d’impression, mon toner “encre en poudre” est vide. <img data-src=" />



De quoi tu te plains, aujourd’hui on a l’iPhone et Neymar au PSG, c’est mieux non? <img data-src=" />


J’ai pas compris le lien entre le logiciel libre, le droit d’auteur et les ayants droits ?


Le même lien qu’il y a entre les vidéastes qui publient leurs vidéos sur des plateformes, les gros groupes de l’audiovisuel qui les reprennent sans vergogne et sans respecter le droit d’auteur, et qui font ensuite bloquer, au nom du droit d’auteur, les vidéos originelles par les scripts automatiques des plateformes…








jackjack2 a écrit :



Je me fais peut-être vieux mais j’ai la désagréable sensation que les libertés sur tous les sujets ne font que diminuer en permanence et sans contrepartie… Ca me dépite





J’ai plutôt la même impression, et sur plein de sujets.

Cependant, il faut aussi regarder ça sur de longues périodes, et analyser les qualités de ces libertés. Concernant le droit d’auteur et la propriété intellectuelle, on fait des bonds et des zigs zags et ds chutes sans arrêt depuis l’arrivée massive des supports dématérialisés et internet.



Il n’y a pas si longtemps, il fallait qu’un copain prête une k7, disposer d’un double lecteur enregistreur et d’une heure pour copier un album. Puis on est passé à une facilité énorme, puis à des dispositifs de protection (drm, cd protégé) ou de répression (hadopi). Les supports étaient (et sont, mais pas les mêmes) taxés.

On pouvait faire des photocopies de bouquins, mais ça prenait UN PEU de temps, une part du coût allait au Centre National du Livre… Maintenant on trouve de l’illégal, du légal numérique parfois libre, parfois aussi cher que le papier…



Internet a explosé l’existant, avec une sorte de liberté, cela a généré des réponses de protections (très souvent mauvaises ou mal branlées). Du coup, j’ai du mal à juger si on a plus ou moins de libertés qu’avant (concernant cet aspect des libertés, savoir et culture).



Ce n’est pas simple. Il m’arrive de donner des cours, et c’est absolument génial la somme de docs qu’on peut trouver, alors qu’avant il fallait avoir une encyclopédie ou aller à la biblio, que refaire un schéma prenait 4h… Sauf que… Quand c’est du libre/autorisé pour l’éduc etc. ok, on peut le filer aux étudiants. Quand c’est protégé… ben non. Et surtout, dans plein de cas, rien n’est précisé, et je n’ai pas envie de piller ce que certains mettent généreusement à dispo pour aider les gens, juste parce qu’il ne précisent pas les conditions d’utilisation.

Sachant que j’ai déjà vu des formateurs projeter du Creative Common après avoir mis leur nom à la place du logo…!



Ce serait beaucoup plus simple si ces documents ou oeuvres n’étaient pas souvent aussi une source de revenus. A titre personnel, j’ai des choses que j’aimerais bien amoureusement partager avec la planète entière, mais il faudrait pour ça que ce ne soit pas un outil pour nourrir ma famille, dont la “propriété” est une partie de ce que je monnaye avec mes employeurs.



Evidemment quand on applique ça à des majors ou des géants du logiciel, surtout face à des amateurs éclairés ou des défenseurs du libre, le choix moral est facile. Mais il existe une large zone grise.



Beau résumé, on en est tous à attendre leurs nouvelles règles qu’on devra respecter <img data-src=" />


Si tu veux briller, agit dans l’ombre.



&nbsp;Pas mal <img data-src=" />


ça existe comme procédé ? on a des exemples ?