Le ministre de l’Éducation nationale face au défi de l’interdiction des mobiles au collège

Non mais allô quoi
Droit 3 min
Le ministre de l’Éducation nationale face au défi de l’interdiction des mobiles au collège
Crédits : skynesher/iStock

Le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, vient de confirmer qu’il travaillait à la mise en œuvre d’une promesse de campagne d’Emmanuel Macron : l’interdiction des téléphones portables au collège. Un dossier sensible tant sur le plan politique que technique, à l’heure où le numérique investit de plus en plus de salles de classe.

« Nous interdirons l’usage des téléphones portables dans l’enceinte des écoles primaires et des collèges. » Tel fut l’engagement pris par le candidat En Marche durant la course à la présidentielle.

Un chantier qui pouvait paraître plus qu’aisé, dans la mesure où l’article L511-5 du Code de l’éducation prévoit déjà (et ce depuis 2010) que « dans les écoles maternelles, les écoles élémentaires et les collèges, l'utilisation durant toute activité d'enseignement et dans les lieux prévus par le règlement intérieur, par un élève, d'un téléphone mobile est interdite ».

Jean-Michel Blanquer promet de « faire respecter les règles et le droit » actuels

Emmanuel Macron avait d’ailleurs visiblement pris la précaution de parler dans son programme d’usage et non de détention (nuance : un élève peut venir à l’école avec son téléphone mais ne pas s’en servir).

Le problème est que cette interdiction n’est pas forcément toujours bien respectée en pratique. Mathieu Jeandron, le Directeur du numérique pour l’éducation, avait ainsi concédé durant une audition à l’Assemblée nationale que le Code de l'éducation était « compliqué » à appliquer « pendant les heures de déjeuner ou de récréation ». Plus problématique : les transgressions ayant lieu pendant les cours – du « simple » surf sur des sites ou réseaux sociaux à la fraude aux examens...

Invité par L’Express à dévoiler la stratégie qu’il entend déployer pour tenir la promesse de campagne de celui qui est devenu chef de l’État, Jean-Michel Blanquer, le nouveau ministre de l’Éducation nationale, a indiqué mercredi 13 septembre qu’il s’agirait « de faire respecter les règles et le droit ». En creux, l’on comprend que l’exécutif n’envisage aucune évolution législative sur ce dossier. « L'usage des téléphones est déjà interdit en classe », rappelle-t-il d’ailleurs.

Des casiers à l’entrée des salles de classe ?

Le projet du ministre reste pour l'heure assez vague. « Avec les principaux, les professeurs et les parents nous devons trouver le moyen de protéger nos élèves de la dispersion occasionnée par les écrans et les téléphones. » Le successeur de Najat Vallaud-Belkacem s'est en fait simplement lancé dans l’analogie suivante : « En Conseil des ministres, nous déposons nos portables dans des casiers avant de nous réunir. Il me semble que cela est faisable pour tout groupe humain, y compris une classe. »

Des propos qui ont rapidement suscité des réactions. Au micro de Sud Radio, la secrétaire générale du syndicat SGEN-CFDT, Catherine Nave-Bekhti, a ainsi fait valoir que l’installation de casiers pourrait tout d’abord poser des problèmes sur le plan matériel, mais aussi – et surtout – « en termes de responsabilités et d’assurances en cas de dégradations ou de vols des téléphones portables ».

Certains dénoncent d’autre part le caractère anachronique de cette vision politique, à l’heure où les pratiques pédagogiques intègrent de plus en plus le numérique.

L’option du brouillage reste écartée

Si Jean-Michel Blanquer n’a pas évoqué l’option du brouillage des ondes, c’est parce que cette solution est considérée de longue date comme inadaptée.

De l’aveu même de l’Éducation nationale, l’installation de brouilleurs serait en effet trop coûteuse et délicate à mettre en place sur le plan technique : « Il faudrait réussir à brouiller le téléphone des élèves et non pas ceux des enseignants » expliquait ainsi Mathieu Jeandron, toujours devant les députés. Par ailleurs, avait-il poursuivi, « les usages pédagogiques des outils numériques que nous développons de plus en plus seraient limités par le brouillage. Sans compter les coûts importants pour équiper plusieurs dizaines de milliers d’établissements publics d’enseignement. Quid du brouillage collatéral pour les établissements situés dans un cadre urbain ou dans des locaux partagés ? »

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