Selon Le Monde, le gouvernement voudrait sabrer en tout 80 millions d’euros dans le budget de France Télévisions, Arte, Radio France et France Médias Monde. Une décision unanimement dénoncée par plusieurs sociétés de perception et de répartition (SPRD).
50 millions d’euros pour France Télévisions, 20 millions pour Radio France, 5 millions pour Arte et quelques millions d’euros pour France Médias Monde. En tout, selon Le Monde, l’audiovisuel public devrait perdre 80 millions d’euros suite aux débats pour la future loi de finances pour 2018.
Le choix n’a pas encore été acté, les discussions sont toujours en cours entre les sociétés impactées et l’exécutif, cependant, plusieurs SPRD sont montées au créneau pour dénoncer un tel tour de vis.
« Si des efforts d’économies peuvent être demandés par l’État actionnaire, il est tout aussi indispensable que l’État respecte sa parole et garantisse au service public des moyens pérennes et suffisants » explique Pascal Rogard, qui se souvient des différents contrats d’objectifs et moyens (COM) signés avec les entreprises en question, où l'Etat avait pris des engagements limpides.
La question de la pérennité de ce service public
S’appuyant sur le rôle de France Télévisions dans le financement, la promotion et la diffusion de la création française, le directeur général de la SACD estime que « le gouvernement porterait une lourde responsabilité s’il ne confortait pas ce rôle historique et majeur du service public ».
Du côté de la SCAM, même analyse : « Cette annonce contredit les engagements de l’État envers le service public audiovisuel, puisqu’il vient remettre en question les contrats d’objectifs et de moyens récemment conclus, avec chacun des groupes publics ». Et la société de gestion collective de plaider pour que l’État respecte ses engagements et cesse « de déstabiliser l’audiovisuel public ».
À l’ARP, on considère que cette coupe « serait le premier message concret envoyé par le nouveau gouvernement concernant France Télévisions, ce qui est loin d'être anecdotique puisqu'elle poserait la question de la pérennité d’un service public audiovisuel diversifié, à l’image des citoyens ». Pareillement, il est demandé à l’exécutif de « ne pas sacrifier cette belle spécificité de l'audiovisuel public pour des raisons seulement budgétaires ».
Haro sur le champ de la redevance
La SCAM et l’ARP reviennent au passage sur la question de la redevance TV. Pour mémoire, en août dernier, le cabinet du ministre de l’Action et des comptes publics, Gérald Darmanin, a fait savoir que la contribution à l’audiovisuel public serait inchangée en 2018.
L’exécutif n’envisage donc pas d’étendre la redevance aux « nouveaux » écrans comme les ordinateurs, tablettes ou smartphones... Une position aux antipodes des souhaits de toutes les chaînes publiques, qui reluquent avec jalousie la situation allemande.
Profitant du psychodrame de la coupe budgétaire de 80 millions, l’ARP estime que « l’audiovisuel public ne saura être à la hauteur de son ambition sans des ressources stables et une modernisation de la Contribution à l’Audiovisuel Public (CAP), qui doit enfin s’adapter aux nouveaux usages ».
Quant à la SCAM, la société de gestion considère que faute de réforme, la contribution à l’audiovisuel public sera une fois de plus « déconnectée des usages des téléspectateurs et anachronique ».