L'été est bientôt terminé et le dénouement du feuilleton de la vente de la branche mémoire de Toshiba n'est toujours pas connu. Les tensions entre les enchérisseurs s'intensifient et le groupe japonais reste muet sur le déroulement du processus.
La branche mémoire de Toshiba est encore en vente, et le nom de son repreneur n'est toujours pas connu. Les candidats ne manquent pas à l'appel, ce qui a tendance à rallonger la durée des négociations, d'autant plus que le groupe japonais n'est visiblement pas encore décidé à faire le tri entre ses prétendants.
Selon Reuters, des sources proches du dossier affirment qu'une décision formelle doit être prise ce mercredi, avec la signature d'un accord définitif avec les heureux élus dès le 20 septembre. La finalisation de l'opération elle, demandera très certainement au moins un semestre, probablement davantage si Western Digital ne parvient pas à trouver de terrain d'entente avec son ex-partenaire.
Apple et Western Digital veulent leur part du gâteau
Plusieurs offres sont sur la table. Un point commun les rassemble : Apple, l'un des principaux clients de Toshiba, se trouve derrière une partie du financement de chacune d'elles. La marque à la pomme souhaite en effet sécuriser son approvisionnement en puces mémoire, une denrée de plus en plus rare sur le marché, et l'une des solutions les plus évidentes consiste à prendre des parts chez l'un de ses plus gros fournisseurs.
La mise d'Apple s'élèverait aux alentours de 460 millions de dollars. L'un de ses objectifs est également de s'assurer de garder un certain pouvoir de négociation dans le cas où Western Digital, qui possède déjà SanDisk, se retrouverait aux commandes de Toshiba Memory.
Aux dires de Toshiba, trois consortiums étaient encore en piste fin août. Le premier est mené par un fonds public japonais (Innovation Network Corporation of Japan), le fonds privé Bain Capital et la Development Bank of Japan, un équivalent local de Bpifrance. Un deuxième groupe « inclut Western Digital » et un dernier comprend Hon Hai, c'est-à-dire Foxconn.
Les enchères seraient menées pour l'instant par Western Digital, épaulé par le fonds KKR et plusieurs autres investisseurs soutenus par le gouvernement japonais, aurait formulé une offre comprise entre 17 et 18 milliards de dollars. Une somme conséquente dont la majeure partie ne proviendrait pas du fabricant de disques durs, déjà endetté par le rachat de SanDisk.
En juin dernier, Toshiba avait annoncé avoir choisi son favori pour reprendre sa branche mémoire, mais les négociations ne sont finalement pas arrivées à leur terme dans la fenêtre de temps initialement prévue, à savoir le 28 juin.
Comme chien et chat
Si l'affaire ne s'est pas réglée aussi rapidement, c'est notamment en raison de ses différends avec Western Digital. Les deux entreprises ont des relations très tendues depuis le début de ce feuilleton et les choses ne vont pas en s'améliorant. Elles disposent de parts dans des co-entreprises et, selon le groupe américain, les accords signés prévoient que le transfert des co-entreprises vers une autre structure ne peut se faire sans le consentement des deux intéressés. Or, Western Digital ne souhaite pas qu'un tel changement se produise, tandis que Toshiba pousse dans l'autre sens.
Western Digital affirmait en juin que « demander un dédommagement au travers d'un arbitrage en justice n'était pas notre premier choix pour résoudre ce différend. Cependant, tous nos efforts pour trouver une solution ont échoué, et nous croyons qu'une action en justice est désormais une étape nécessaire ». Il ajoute que Toshiba a « désormais répudié toute intention d'obtenir le consentement de SanDisk avant de vendre Toshiba Memory au meilleur enchérisseur ».
De l'autre côté, Toshiba dénonçait les agissements de son ancien partenaire qui « contacte les enchérisseurs et les banques les soutenant, les menaçant de poursuites. Cela a mené Toshiba à un point où sa direction n'est plus capable ou ne souhaite plus ignorer ces interférences injustifiées ». Les deux sociétés cherchent désormais un compromis sur la part du produit de la vente à reverser aux co-entreprises. Toshiba table sur un taux de 5 %, que WD trouve très insuffisant.
Ce passif fait qu'aujourd'hui, le fabricant nippon n'est pas très enclin à céder ses activités, même partiellement, à Western Digital. Les négociations en cours auraient donc trait à déterminer la part du capital que le fabricant de disques durs pourra absorber, et à éviter que WD puisse prendre le contrôle de Toshiba Memory.
Le temps presse
Pour Toshiba, il serait toutefois bon que les discussions ne trainent pas trop. L'entreprise est dans une situation très délicate sur le plan financier et a grand besoin de faire entrer des liquidités pour d'une part éponger les 7,5 milliards d'euros de pertes enregistrées en 2016 à cause de sa déroute sur le marché des centrales nucléaires.
Un an plus tôt, le groupe avait annoncé 4,2 milliards de dollars de pertes, ce qui avait provoqué son abandon du marché du PC grand public en Europe. Quelques mois auparavant, le géant nippon admettait avoir falsifié ses comptes depuis 2008. Autant de cascades qui ont mis à mal les finances de Toshiba, qui compte donc sur le produit de la vente de ses activités dans la mémoire pour retomber sur ses pattes.