Le « Code du travail numérique » prendra forme en 2020 « au plus tard »

Le « Code du travail numérique » prendra forme en 2020 « au plus tard »

Uniquement sur ordonnance

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Xavier Berne

Publié dans

Droit

01/09/2017 4 minutes
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Le « Code du travail numérique » prendra forme en 2020 « au plus tard »

Présentant ses projets d’ordonnances relatives à la réforme du droit du travail, jeudi 31 août, le gouvernement a dévoilé davantage son projet de « Code du travail numérique ». En cas de litige, le salarié ou l’employeur qui se prévaudra d’informations fournies par ce nouvel outil devra être « présumé de bonne foi » par l’administration.

Après des mois d’attente et d’échanges avec les partenaires sociaux, le Premier ministre Édouard Philippe et sa ministre du Travail, Muriel Pénicaud, ont levé le voile hier sur la réforme du droit du travail. Au total, ce sont « 36 mesures concrètes et opérationnelles pour l’emploi, les entreprises et les salariés en France », qui ont été présentées, vante le dossier de presse concocté par l’exécutif. Simple bug ou petit tour de passe-passe pour gonfler ce chiffre, deux ont trait à un seul et même projet : la création d’un « Code du travail numérique ».

Le gouvernement promet ainsi la mise en place d’un nouvel outil « clair, accessible et compréhensible, répondant aux questions concrètes que se posent les chefs d’entreprise des TPE/PME et les salariés ». Il n’est en ce sens absolument pas question d’élaborer un nouveau texte, qui ne s’appliquerait par exemple qu’aux acteurs « numériques » (Uber, Deliveroo, etc.).

Mais que nous dit donc le projet d’ordonnance « relative à la prévisibilité et la sécurisation des relations de travail » ? Qu’une « version du code du travail numérique » sera « mise en place au plus tard le 1er janvier 2020 en vue de permettre et faciliter l’accès à toute personne au droit du travail et aux dispositions législatives et réglementaires ainsi qu’aux stipulations conventionnelles applicables ».

Vers un renforcement de Légifrance

L’accès à ce code se fera « de manière gratuite », précise le texte, « au moyen du service public de la diffusion du droit par l'internet » (a priori le site Légifrance, dont la refonte est justement prévue pour cette année).

L’exécutif reste finalement très discret sur les modalités concrètes de mise en œuvre de ce Code du travail numérique, alors qu’il avait été question lors des débats parlementaires d’instaurer un outil plus interactif qu’une simple retranscription de règles de droit...

ordonnance code travail numérique

Une présomption de bonne foi au bénéfice des salariés et employeurs

Le projet d’ordonnance renvoie bien à un décret, mais uniquement pour la définition des « conditions dans lesquelles les personnes peuvent se prévaloir dans leurs relations avec l’administration des informations » qui seront fournies par ce nouvel outil. « L’employeur ou le salarié qui se prévaut des informations obtenues au moyen du code du travail numérique est, en cas de litige, présumé de bonne foi », dispose ainsi le texte du gouvernement.

Devant les députés, Muriel Pénicaud avait expliqué début juillet que ce Code du travail numérique ressemblerait au rescrit fiscal (cette demande d’interprétation de texte qui devient ensuite opposable à l’administration fiscale) : « Lorsqu’elles seront face à l’administration, les petites entreprises bénéficieront d’une sorte de certification de bonne foi. L’administration fera preuve de bienveillance à leur égard. Bien sûr, cela ne vaut pas interprétation du droit mais cela fait partie du « droit à l’erreur », c’est-à-dire de cette démarche de présomption de bonne foi, surtout s’il y a une information de l’administration. »

Aucune évaluation de l’impact de ce dispositif, notamment pour les finances publiques, n’a pour l’instant été dévoilée.

Restera maintenant à voir si ces dispositions évoluent d’ici à leur présentation officielle en Conseil des ministres, prévue pour le 22 septembre prochain. Le gouvernement doit en effet encore consulter différents organismes (tels que le Conseil national d’évaluation des normes), sans parler de la décision du Conseil constitutionnel sur le projet de loi d’habilitation à prendre ces ordonnances, toujours attendue pour la semaine prochaine.

Écrit par Xavier Berne

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Vers un renforcement de Légifrance

Une présomption de bonne foi au bénéfice des salariés et employeurs

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

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Commentaires (20)


Ça améliore la situation, c’est sûr. Mais c’est légèrement contradictoire avec la volonté de privilégier les accords d’entreprise, qui renforcent la difficulté de lecture du droit effectif…


Yep




  • Code du travail

  • Accord de branche

  • Accord d’entreprise

  • Accord individuel

    Rien que 4 niveau ca peut devenir complexe à bien cerner même avec des git -diff (leur version numérique portera plus sur une “page web” que sur une perspective versioning+utilisation de branches)


On va finir comme les USA, on pourra plus vivre sans sons avocat. (Bon sa va, j’aime bien le guacamole !)


Attendez je mets mon commentaire dans 5 minutes, je vais vérifier mes fiches


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Le parallèle avec le rescrit fiscal est curieux, c’est une réponse (parfois standardisée certes) mais à un problème précis demandée par le contribuable.



Là, il ne semble pas à proprement parler de pouvoir soumettre une question dans l’attente d’une réponse.



Est-ce qu’on doit lire entre les lignes et qu’il est imaginé un système de chatbots ? Si oui on a pas fini de rire ^^ (et au passage bonne chance pour l’employeur/salarié qui va devoir démontrer que c’est bien le chatbots qui a dit n’importe quoi, il a intérêt à avoir son huissier sous la main le jour où il soumettra sa question…).


J’ai relu plusieurs fois les parties entre guillemets dans le dernier paragraphe, et je ne comprends rien. On parle de présomption de bonne foi face à l’administration dans quel contexte ? <img data-src=" />


Et il n’y aura plus qu’une ligne dedans:





  • Ferme ta gueule et fait ce que ton patron te dit sinon il te remplace par un plus soumis.



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Exemple: Erreur de calcul sur une cotisation redevable à l’administration. Plutôt que sanction immédiate, l’employeur est considéré comme avoir fait “une erreur de bonne foi” en gros il n’y avait pas d’intention de tricher. Si sanction ce sera à l’administration de démontrer que l’interlocuteur est de mauvaise foi (montants anormalement erronés, répétition suite à avertissements etc…). Principe de “présumé innocent jusqu’à démonstration du contraire”




Simple bug ou petit tour de passe-passe pour gonfler ce chiffre, deux ont trait à un seul et même projet : la création d’un « Code du travail numérique ».





La mesure 30 c’est pour les handicapés qui n’ont pas réussi à comprendre la mesure 3.



On vous l’a déjà dit pourtant: la pensée de notre dirigeant suprême est très complexe !

Vous voyez le mal partout… <img data-src=" />








127.0.0.1 a écrit :



On vous l’a déjà dit pourtant: la pensée de notre dirigeant suprême est très complexe !





Absolument, c’est pas Jupiter à terre…



Ok merci il me manquait l’exemple concrêt pour comprendre de quoi on parlait <img data-src=" />



Donc si on a un justificatif médical, la “phobie admisitrative” pour ne pas payer ses impôts a une chance de passer <img data-src=" />








Jarodd a écrit :



Ok merci il me manquait l’exemple concrêt pour comprendre de quoi on parlait <img data-src=" />



Donc si on a un justificatif médical, la “phobie admisitrative” pour ne pas payer ses impôts a une chance de passer <img data-src=" />





En gros si tu fais une connerie en suivant une débilité recommandée par le Code du travail en ligne, on estimera que tu ne seras pas sanctionné à ce titre mais uniquement obligé de te conformer à la bonne règle.



Ce qui implique pour te justifier de démontrer que c’est le Code du travail en ligne qui disait une connerie et qui est à l’origine de ta méprise, à charge pour toi d’avoir un constat d’huissier daté du jour de ta recherche en ligne pour pouvoir le prouver…

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D’ailleurs, quid de la partie lésée par la connerie suggérée en ligne (oui parce en droit fiscal la partie lésée c’est l’état, en droit du travail c’est nécessaire le salarié et/ou l’employeur) ? On pourrait imaginer une éventuelle condamnation de l’Etat (après des années de procédure devant le Tribunal administratif…), mais précisément on sait déjà que l’information erronée donnée par une administration si elle fait commettre une connerie de bonne foi n’est pas malgré tout exonératoire de responsabilité…



Concrètement, imaginons un employeur qui après une recherche sur le Code du travail en ligne (et ses annexes), comprend de bonne foi qu’il ne doit pas les paniers repas à son salarié. Quelques années après, à l’occasion d’une instance prudhommale, le salarié les réclame en rappelant qu’il relève pas de la convention collective que suggérait le code en ligne, mais de telle prévoyant l’indemnité de paniers repas et que celle-ci est vue comme un complément de salaire soumis à cotisation (pas de bol mais ça existe).



L’excuse de bonne foi pour l’employeur aura quoi comme conséquence pour le salarié doublement planté;




  • d’un coté pour ne pas avoir eu son indemnité (je pense qu’elles seront accordées malgré tout, la bonne foi ne pouvant jouer que contre l’administration),

  • de l’autre pour avoir moins cotisé ? (Logiquement le salarié va indirectement cotiser sur les indemnités finalement perçues (en réalité il y a des seuils, lesquels ne seraient probablement pas dépassés ici, aboutissant bien à une moindre cotisation) et l’administration va s’assoir sur ses pénalités ?).



    Encore une annonce qui relève de la communication sans réflexion sur le fond, aboutissant à plus de problèmes éventuels qu’il n’y en a aujourd’hui…



Non dans le fond c’est la généralisation d’une situation déjà existante.

Un exemple qui parlera au particulier (mais qui existe pour les entreprise). La possibilité de discuter avec les impôts pour régler une situation difficile ou erronée (suite à erreur). Actuellement selon l’interlocuteur l’échange passera plus ou moins bien, désormais l’idée est plutôt de favoriser cet échange en reconnaissant qu’il est humain de faire des erreurs et que cela ne sert a rien de chercher à punir par défaut et que donc l’interlocuteur a le devoir de chercher une solution amiable par principe (et non par exception).








Sheepux a écrit :



Non dans le fond c’est la généralisation d’une situation déjà existante.

Un exemple qui parlera au particulier (mais qui existe pour les entreprise). La possibilité de discuter avec les impôts pour régler une situation difficile ou erronée (suite à erreur). Actuellement selon l’interlocuteur l’échange passera plus ou moins bien, désormais l’idée est plutôt de favoriser cet échange en reconnaissant qu’il est humain de faire des erreurs et que cela ne sert a rien de chercher à punir par défaut et que donc l’interlocuteur a le devoir de chercher une solution amiable par principe (et non par exception).





Théoriquement c’est déjà le cas avec le développement des modes alternatifs de conflits (avec le résultat que l’on connait). Par ailleurs j’admets la philosophie générale de ton commentaire s’agissant du droit fiscal.



En revanche et cf. mon exemple précédent, le raisonnement est parfaitement bancal pour le monde du droit du travail: sous prétexte de droit à l’erreur avec l’administration (ici l’urssaf) du fait d’infos erronées données par le “code du travail” en ligne par exemple, le salarié qui n’a rien demandé se retrouve planté de certaines cotisations.









crocodudule a écrit :



Concrètement, imaginons un employeur qui après une recherche sur le Code du travail en ligne (et ses annexes), comprend de bonne foi qu’il ne doit pas les paniers repas à son salarié. Quelques années après, à l’occasion d’une instance prudhommale, le salarié les réclame en rappelant qu’il relève pas de la convention collective que suggérait le code en ligne, mais de telle prévoyant l’indemnité de paniers repas et que celle-ci est vue comme un complément de salaire soumis à cotisation (pas de bol mais ça existe).





J’espère que ca veut dire, dans ce cas, que l’entreprise sera obligée de payer mais sans majoration et/ou amende. Et idéalement qu l’état accepte un échelonnement du payement pour la partie cotisation



Je vois bien ton exemple et quelques situations absurdes que le texte ne résoud pas mais je pense que l’idée est plus pour les TPE qui aurait oublié la cotisation x/y obligatoire quand le vent fait plus de 120Km/h. De très nombreuses petites structures se retrouvent dans des emmerdes horribles (surtout quand on voit le ton de certains courriers administratifs) pour des petits détails relevant de ratés/méconnaissance.



“Nul n’est sensé ignorer la loi” … comme toujours à partir du moment que l’on connais le texte et l’avons clairement compris.


Déjà en vigueur chez pas mal d’entreprises accessoirement…



Chefton N+1 dit un truc, Chefton N+2 dit un autre, tout le monde s’agenouille et ne cherche ni à comprendre ni à voir d’autres solutions que ce que Chefton N+2 a dit.








abitbool a écrit :



J’espère que ca veut dire, dans ce cas, que l’entreprise sera obligée de payer mais sans majoration et/ou amende. Et idéalement qu l’état accepte un échelonnement du payement pour la partie cotisation





Difficile de donner une réponse définitive, car l’annonce de ce droit à l’erreur n’apporte aucune précision sur ses effets juridiques.



Par raisonnement en parallèle avec le rescrit fiscal et toujours dans le cas de mon exemple, l’entreprise serait condamnée au paiement de l’indemnité au salarié (le Conseil de Prud’hommes pouvant accorder un délai mais cela n’a rien d’obligatoire), tandis que même avec un large cumul d’arriérés il est improbable que l’on dépasse le seuil du montant de condamnations imposant la cotisation, de sorte que le salarié n’aura pas cotisé au titre de ces indemnités.









Sheepux a écrit :



Je vois bien ton exemple et quelques situations absurdes que le texte ne résoud pas mais je pense que l’idée est plus pour les TPE qui aurait oublié la cotisation x/y obligatoire quand le vent fait plus de 120Km/h. De très nombreuses petites structures se retrouvent dans des emmerdes horribles (surtout quand on voit le ton de certains courriers administratifs) pour des petits détails relevant de ratés/méconnaissance.




   "Nul n'est sensé ignorer la loi" ... comme toujours à partir du moment que l'on connais le texte et l'avons clairement compris.








  Je comprends ce que tu veux dire, néanmoins et pour moi, les "emmerdes" que tu évoques sont liées aux problèmes du RSI (avec qui tu peux avoir des situations totalement dingues avec personne capable/disponible pour te répondre, et une absence de dialogue).         






  En revanche, je trouve que l'URSSAF et les services d'Etat permettent généralement d'avoir un interlocuteur pour trouver une solution amiable (ce qui ne veut pas dire qu'ils ont toujours raison et que les infos qu'ils donnent sont forcément les bonnes, encore récemment avec le contrat de location de licence de taxi où de bonne foi certains propriétaires de licences ont fait n'importe quoi en utilisant un modèle de contrat donné de façon informelle pas certaines administrations...).        






  Mais à nouveau, je suis d'accord avec toi sur l'intérêt d'un tel droit à l'erreur face à l'administration.         






  Mais comme en droit du travail, les rapports de l'employeur avec les administrations sont le plus souvent en lien avec les droits des salariés, il me semble injuste de priver le salarié de certains droits car l'employeur a cru de bonne foi les informations erronées fournies par l'administration (et ses services en ligne).