Le nouveau gouvernement n’a toujours pas tranché : que faut-il faire du plan pour le numérique à l’école, en vertu duquel tous les collégiens devraient disposer à terme d’une tablette ou d'un ordinateur portable ? Sur le terrain, certains n'y croient déjà plus.
Fini, le temps où le ministère de l’Éducation nationale mettait fièrement en avant, lors de la rentrée, le nombre d’établissements participant au « plan numérique » cher à François Hollande. Hier, lors de sa toute première conférence de presse de rentrée, le nouveau locataire de la Rue de Grenelle, Jean-Michel Blanquer, n’a évoqué à aucun moment le sujet. Pas un mot non plus au fil des 73 pages du dossier dévoilé dans la foulée par l’exécutif...
Rappelons-en le principe : fournir un équipement informatique (tablette ou ordinateur portable) à chaque élève de cinquième, le dispositif étant bien entendu complété par des ressources pédagogiques numériques. Si l’État apporte son soutien financier au côté des départements, le tout pour un budget évalué à un milliard d’euros sur trois ans, ce plan fonctionne sur la base du volontariat. Y « entrent » uniquement les établissements qui le souhaitent.
« En 2016, une très grande majorité des élèves de cinquième pourront ainsi être équipés en France », avait promis François Hollande. « En 2017, les élèves de quatrième qui auront été dotés l'année précédente pourront conserver leur matériel et une nouvelle génération de cinquièmes sera à son tour dotée et ainsi de suite. C'est ainsi que nous pourrons atteindre l'objectif, en 2018, (...) de 100 % d'élèves en collège qui disposeront d'un outil numérique ».
Des objectifs sans cesse rabotés
Force a pourtant été de constater le décalage entre les ambitieux objectifs fixés par l’ancien locataire de l’Élysée et la réalité. Déjà, François Hollande avait commencé par annoncer fin 2014 que « tous les élèves de classe de cinquième [seraient] équipés d'une tablette » dès la rentrée 2016. Quelques mois plus tard, cette promesse était finalement transformée en un déploiement progressif sur trois ans...
Mathieu Jeandron, le Directeur du numérique pour l’éducation, nous avait ainsi expliqué que le ministère espérait voir 40 % de collèges participants au « plan numérique » à la rentrée 2016, 70 % en 2017, puis 100 % en 2018.
Dès la rentrée 2016, les chiffres se montraient cependant moins bons qu’espérés : seuls 25 % des collèges se sont lancés dans l’aventure l’année dernière (bien loin donc des 40 % envisagés). Et pour cette rentrée ? Aucun chiffre n’est donné par la Rue de Grenelle, comme nous l’expliquions précédemment, mais notons que dans une communication en Conseil des ministres, le précédent gouvernement annonçait la couleur : l’objectif était ramené à 50 % de collèges numériques pour 2017...
« Nous n’avons pas encore de chiffres, de remontées des académies ou des départements », nous indique le ministère de l’Éducation nationale. « Peut-être » pourrons nous en savoir plus « en fin d’année »...
« Tout le monde est à peu près persuadé que c'est mort »
Ne doit-on donc pas y voir un signe que le « plan numérique » voulu par François Hollande sera abandonné par le nouvel exécutif ? « On ne sait pas encore, on attend une communication du ministre sur le sujet » nous répond-on Rue de Grenelle (sachant que ce sujet n’avait pas été abordé par Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle). Le cabinet de Jean-Michel Blanquer travaillerait ainsi sur ce dossier avec celui de Mounir Mahjoubi, le secrétaire d’État au Numérique, en vue d’un arbitrage.
De fait, les établissements participants pourront continuer de bénéficier du soutien de l’État, mais on peut imaginer que le plan ne soit pas prolongé au-delà de l’année scolaire 2018-2019, voire même modifié en cours de route.
Sur le terrain, ce flottement apparaît comme un énième signal négatif. « Tout le monde est à peu près persuadé (institutionnels, collectivités) que c'est mort », nous glisse un spécialiste des questions éducatives. « Les profs, eux, s'en foutent, ils ont compris depuis longtemps, pour la plupart d'entre eux, que ce ne sont pas les tablettes qui vont changer quoi que ce soit. »
Le nouveau ministre promet une « politique numérique très volontariste »
En matière de numérique, Jean-Michel Blanquer s’est contenté de promettre hier qu’il aurait une politique « très volontariste ». Mis à part quelques annonces concernant le soutien aux élèves handicapés, assez peu de mesures concrètes ont été détaillées par cet ancien recteur.
On pourra néanmoins retenir qu’une concertation portant sur « le temps et l'espace de l'enfant au 21ème siècle » devrait être « très prochainement » organisée. Le ministre souhaite avoir une « vision complète » sur des sujets « comme le sommeil, la relation aux écrans,... Tous ces sujets concrets qui font la réalité de la vie des élèves et qui ont évidemment beaucoup d'importance. »
Notons également que le Brevet informatique et Internet (B2i) va être remplacé cette année « par une évaluation régulière des compétences numériques des élèves ». Les lycéens seront ainsi les premiers concernés, puisqu'ils seront testés au travers de la plateforme PIX (accessible dès à présent en bêta au tout un chacun).