Condamné pour corruption, le vice-président de Samsung fait appel

Le conseil d'administration en embuscade
Droit 3 min
Condamné pour corruption, le vice-président de Samsung fait appel
Crédits : tiero/iStock/Thinkstock

À 49 ans, Lee Jae-yong, vice-président et héritier de Samsung, se voit infliger une peine de cinq ans de prison. Reconnu coupable de tous les chefs d’accusation qui pesaient contre lui, dont la corruption, il a décidé de faire appel. Parallèlement, le géant coréen se prépare à des temps difficiles, les actionnaires étant majoritairement étrangers.

Les dirigeants de Samsung ont souvent eu à faire face à la justice, mais jamais dans ces proportions. Le père de Lee Jae-yong, Lee Kun-hee, s’était ainsi empêtré dans des affaires d’évasion fiscale et n’avait eu d’autre choix que de démissionner. Le fils fait cependant face cette fois à de la prison ferme, même si l’appel de la décision était prévisible.

Un verdict très attendu

Et quelle décision : cinq ans de réclusion sans aucun sursis, même si le parquet en avait réclamé douze. Les chefs d’accusation qui pesaient contre lui ont tous été confirmés : corruption, parjure, abus de bien sociaux, détournement de fonds et dissimulation d’actifs. Un verdict très attendu dans un pays où les grandes entreprises ne sont pas forcément des entités uniques mais des réseaux de structures plus petites liées entre elles.

La condamnation de Lee Jae-yong (arrêté en février dernier) est déjà vue par certains comme le signe des temps d’une importante évolution en Corée du Sud.

Samsung : le grand bazar

Pour bien comprendre l’impact potentiel du verdict et l’attente qui en résultait, il faut rappeler que Samsung est loin d’être une entité unique. Le groupe Samsung est bien contrôlé par la famille Lee, mais il est constitué d’un réseau de filiales ayant entre elles des participations croisées (un chaebol). La glue fonctionne globalement, mais au sein de chaque filiale, le clan familial est parfois largement minoritaire. Dans Samsung Electronic par exemple, sa participation n’est que de 5 %.

L’ensemble de l’affaire porte sur la fusion de deux de ces filiales en 2014. À cette époque, le président de Samsung, Lee Kun-hee, était inconscient suite à une crise cardiaque. Avec ses deux sœurs, Lee Jae-yong essayait donc de débloquer la situation. Il a notamment versé 8,9 milliards de wons (environ 6,6 millions d’euros) à Choi Soon-sil, la plus proche conseillère de la présidente du pays, Park Geun-hye. L’idée était alors d’obtenir le soutien de la caisse publique des retraites.

Le scandale a finalement éclaté en fin d’année dernière, balayant Park Geun-hye, destituée le 9 décembre. La confirmation a été prononcée le 10 mars dernier, les huit juges de l’instruction votant à l’unanimité. Entre temps, de grandes manifestations avaient eu lieu à Séoul contre la présidente Park.

Appel et doutes sur l’avenir

Même si Lee Jae-yong a fait appel de la décision, le verdict a été retentissant, particulièrement pour sa confirmation de tous les chefs d’accusation. Dans le sillage de la destitution présidentielle cependant, la décision n’a pas surpris tout le monde. D’ailleurs, Samsung a senti venir le coup et se prépare déjà à une période délicate, que l’appel réussisse ou non.

La situation de Samsung est particulière. Le chaebol est par définition une structure complexe dirigée par un très petit groupe de cadres, ici la famille Lee. Au cours des quinze dernières années, Samsung est devenu un véritable géant dans de multiples domaines, les smartphones n’étant que l’une des activités phares. Le conseil d’administration, composé pour plus de la moitié d’étrangers, espère depuis longtemps un assouplissement des règles qui favoriseraient davantage – et évidemment – le conseil.

Le conseil d'administration pourrait en profiter

Comme le rapporte le Financial Times, Kwon Oh-hyun, PDG de Samsung, a fait circuler aujourd’hui un courrier à l’ensemble des employés. Il y indique que même si la décision du tribunal est « regrettable » et que la crise est « sans précédent », personne ne devrait être « choqué ». En clair, la décision était prévisible, et il est nécessaire de réunir « toutes les bonnes volontés » pour la surmonter.

L’analyste Kim Young-woo a indiqué à nos confrères qu’une action conjointe des membres du conseil d’administration était à redouter. En particulier, ils pourraient tenter de faire nommer des directeurs étrangers pour casser le monopole de la famille Lee dans les décisions du groupe. Une famille déjà sous pression face à des dividendes jugés trop faibles en regard des bénéfices engrangés. 

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