Les derniers obstacles juridiques désormais levés, Amazon peut enfin prendre les commandes de Whole Foods, sa chaîne de supermarchés bio. Le géant américain veut procéder le plus vite possible à de profonds changements, et la grande distribution tremble déjà.
L'affaire n'est pas encore définitivement signée que Jeff Bezos se frotte déjà les mains. La FTC, le gendarme américain de la concurrence a validé mercredi soir le rachat de Whole Foods par Amazon. Dans la foulée, les actionnaires de l'entreprise cible ont également approuvé la manœuvre, et pour cause, à 13,7 milliards de dollars, l'offre du géant du e-commerce représente un bonus de 27 % par rapport à l'ancienne valorisation du groupe.
Lundi, les dernières signatures seront posées sur les contrats et Amazon aura les pleins pouvoirs sur Whole Foods, une chaîne comprenant 460 supermarchés, employant 87 000 personnes aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni. Une acquisition qui apporte une foule de nouvelles possibilités à Amazon, qui ne compte évidemment pas s'en priver.
Battre le fer tant qu'il est chaud
La société de Jeff Bezos ne souhaite d'ailleurs pas laisser la moindre seconde de répit. Dès lundi, l'ensemble des magasins Whole Foods baisseront leurs prix sur « une sélection d'articles parmi les plus vendus, avec bien plus encore à venir », annonce sans détour Amazon. En vrac, les bananes, les avocats, le saumon, le bœuf, les pommes ou encore le beurre d'amande sont notamment concernés par ces rabais. Un mouvement d'autant plus étonnant qu'il va se produire au premier jour de la prise de contrôle de l'entreprise, un fait assez rare pour être souligné.
Des réductions qui nous promet-on, « ne compromettent pas l'engagement de Whole Foods envers les meilleurs standards de qualité ». Par ailleurs, Amazon s'engage aussi a poursuivre la mise en avant de produits et de fournisseurs locaux. Mais ce n'est pas forcément cette guerre des prix que la concurrence craint le plus. Comme le note Bloomberg, l'indice des prix à la consommation pour la nourriture a connu un net recul en 2016 avant de se stabiliser cette année.
Les synergies seront brutales
Amazon ne va évidemment pas limiter ses assauts à une simple guerre des prix. L'un des premiers chantiers consistera à faire d'Amazon Prime le programme de fidélité de Whole Foods. Ainsi, les abonnés à cette offre pourraient profiter de réductions spéciales dans les magasins. En poussant le concept un peu plus loin, le groupe pourrait même faire en sorte que le solde de la carte de fidélité puisse être indifféremment dépensé en magasin, ou sur Amazon.
Le géant du commerce en ligne compte d'ailleurs sur ses 460 magasins comme point relais. En clair, les clients d'Amazon pourront venir y chercher leurs commandes dans des armoires dédiées (Amazon Lockers), mais également y déposer les produits qu'ils souhaitent retourner à l'entreprise. Un bon moyen d'inciter ses clients à faire un tour dans le supermarché du coin, et d'y faire quelques achats au passage.
Le chemin inverse est également prévu. Les produits vendus par Whole Foods seront aussi proposés en ligne au travers d'AmazonFresh, Prime Pantry et Prime Now. « Et ce n'est que le début. Amazon et Whole Foods prévoient d'offrir encore plus d'avantages en magasin et de prix de plus en plus bas au fur et à mesure que les deux entreprises intégreront leurs logistiques et leurs systèmes de vente », prévient le géant américain. Il est par exemple question de permettre aux clients d'acheter directement leur Amazon Echo en magasin, rapporte Bloomberg.
Wal-Mart, Target, Kroger et les autres transpirent
Pendant ce temps, dans les comités de direction des spécialistes américains de la grande distribution, on sue à chaudes gouttes. Les plans d'Amazon semblent bien inquiéter les investisseurs du secteur.
L'impact de l'annonce du géant du e-commerce, effectuée en cours de séance à Wall Street, se voit très clairement. Wal-Mart, Target, Costco et Kroger, qui passaient tous une séance plutôt calme avec des variations minimes de leurs cours, l'ont respectivement terminée en baisse de 2 %, 4 %, 5 % et 8,1 %. En l'espace de quelques heures, ce sont ainsi un peu plus de 11 milliards de dollars de valorisation boursière qui se sont envolés chez ces quatre acteurs.