Hadopi : pour la CADA, le taux d'erreur dans l'identification des IP est une information publique

Hadopi : pour la CADA, le taux d’erreur dans l’identification des IP est une information publique

IP IP Hourra !

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Marc Rees

Publié dans

Droit

14/08/2017 5 minutes
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Hadopi : pour la CADA, le taux d'erreur dans l'identification des IP est une information publique

La commission d’accès aux documents administratifs (CADA) a donné un avis favorable - avec réserves - à notre demande de communication d’un rapport de l’Inspection générale des finances jalousement gardé par le ministère de la Culture. Il concerne la question des frais d’indemnisation des fournisseurs d’accès à Internet.

Toutes proportions gardées, le 23 mars 2017 est une date historique dans l’écosystème de la Hadopi. Ce jour, le gouvernement a enfin daigné publier le décret relatif à l’indemnisation des FAI. Un texte attendu depuis près de huit ans.

Jusqu’alors, les géants de l’accès à Internet, Free, Bouygues, Orange, Numéricâble et SFR, travaillaient pour ainsi dire gratuitement : ils devaient identifier les abonnés derrière les adresses IP envoyées chaque jour par la Hadopi, sans pouvoir prétendre à une quelconque compensation pour ce travail imposé par la loi. Un déséquilibre aux antipodes de ce qu’avait prévu le législateur en 2009 et qui avait suscité devant le Conseil d’État une action de Bouygues et Free

On pourra relire notre actualité sur le tarif finalement adopté, mais on retiendra surtout que ce barème a été établi suite à un précieux rapport réalisé en amont par l’Inspection générale des finances.

Un précieux rapport de l'IGF 

Ce document avait été mentionné au détour d’un avis de l’Arcep portant sur le décret « indemnisation ». Immédiatement, nous avions demandé à l’IGF mais également au commanditaire du document, le ministère de la Culture, communication de cette pièce. Après des semaines d’attente, la Rue de Valois nous avait finalement transmis un document d’une quinzaine de pages, présentation et annexes non comprises. Bien loin de la soixantaine de pages qui garnissait le document complet, selon nos informations.

Nous avons donc saisi la Commission d’accès aux documents administratifs en avril 2017. Voilà quelques jours, celles-ci nous a fait connaître son avis sur le caractère public ou non de ce rapport de l’IGF.

Silence du ministère de la Culture, réticence de l'IGF

Avant de rédiger ses avis, la CADA a pris soin de contacter les deux entités réticentes. Manque de chance, le ministère de la Culture et de la Communication n’a pas souhaité répondre à ses sollicitations. L’Inspection générale des finances a, elle, été plus bavarde, en témoigne ce passage extrait de l’avis qui nous a été adressé : « Le chef du service de l'IGF a informé la commission que le rapport sollicité contenait des données de coûts des différents opérateurs, tels que les coûts d’investissement ou les coûts de frais de personnel et de fonctionnement, qui relèvent du secret en matière industrielle et commerciale ainsi que des informations sur l’architecture informatique des différents opérateurs ».

En clair, des éléments sensibles qui ne peuvent, selon l’IGF, être communiqués au public via la presse. La CADA a suivi l’analyse sur ce point, en s’appuyant sur l’article L311-6 du code des relations entre le public et l'administration.

Cet article dresse la liste des documents non « communicables ». Parmi eux, on trouve bien le secret en matière commerciale et industrielle divisé en plusieurs catégories (à savoir le secret des procédés, le secret des informations économiques et financières et le secret des stratégies commerciales ou industrielles). Or, explique la CADA, « les informations relatives à l’architecture informatique des différents fournisseurs d'accès à l'internet et aux coûts encourus évoquées par le chef du service de l'IGF relèvent respectivement des première et deuxième catégories et doivent, partant, faire l'objet d'une occultation avant toute communication du rapport ».

Le taux de déchets dans l'identification des IP

Par une lecture a contrario, tous les autres éléments sont a priori communicables. Justement. Selon nos informations, l’un des éléments recensés par le rapport décrit aussi le taux d’identification des adresses IP, classé par fournisseur d’accès. 

Selon le chef de service de l’Inspection, hors de question de divulguer de telles informations. Une telle diffusion en effet « serait susceptible d’avoir un impact sur la situation concurrentielle entre fournisseurs d’accès à internet ». En clair, des abonnés gourmands d’échanges sur P2P pourraient être tentés de changer de crémerie au motif qu'un FAI concurrent ne parvient qu’à identifier qu’un tout petit nombre d’adresses IP. 

Un œil attentif sur le Code des relations entre le public et l'administration, la CADA n’a pas partagé cette analyse : de telles informations ne sont « pas couvertes par le secret en matière industrielle et commerciale et (…) leur communication ne saurait dès lors être refusée au seul motif qu'elle aurait un impact en termes de concurrence sur le marché des fournisseurs d'accès à Internet », explique-t-elle sans détour dans son avis. Dit autrement, le taux de déchet dans l’identification des IP classé par fournisseur d’accès n’entre pas dans le périmètre des secrets de l’article L311-6. 

Au final, la CADA a émis « sous ces réserves, un avis favorable » à notre demande de communication. IGF et ministère de la Culture doivent donc nous transmettre l’intégralité du rapport, en prenant soin d’occulter les seuls secrets commerciaux et industriels, mais pas les autres données qui doivent être librement accessibles. Nous allons poursuivre notre demande de communication, sachant que les dernières résistances seront tranchées au besoin par le Conseil d’État.

cada hadopi cada hadopi
L'avis visant le ministère de la Culture, celui visant l'IGF

Écrit par Marc Rees

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Un précieux rapport de l'IGF 

Silence du ministère de la Culture, réticence de l'IGF

Le taux de déchets dans l'identification des IP

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Commentaires (49)


ALLEZ CHAMPION ! GO GO GO !!


Plus qu’à attendre.<img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" /><img data-src=" />


Putain, bien joué ! <img data-src=" />


Je mise sur sfr pour le plus haut taux d’erreur.<img data-src=" />


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Il manque une IP dans le sous-titre, c’est Hadopi qui l’a chopée ? <img data-src=" />



Il va falloir être prêt à lire entre les traces de marqueur ! [EYES ONLY]


respect !&nbsp;<img data-src=" />


Je mise sur Orange pour le plus bas <img data-src=" />.



Félicitations a toute l’équipe NXI pour ce travail acharne.


Tiens l’Etat français a des choses à cacher: “Dormez tranquilles braves gens, on s’occupe de nos vos intérêts <img data-src=" />


Ayant la chance de connaitre Marc, je puis vous garantir que c’est la manifestation de plus de 10 ans de travail de sa part. Bravo pour la ténacité <img data-src=" />


Ce sera free ils ont des IP partagée


pfff… 4 coupables par IP … le Graal

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Ils en ont pas beaucoup. Le gros de leurs abonnés sont en IP fixes ce qui simplifie beaucoup la démarche. Apres free est connu pour mettre beaucoup de mauvaise volonté avec HADOPI.


Pan sur le bec !!!








Meewan a écrit :



Ils en ont pas beaucoup. Le gros de leurs abonnés sont en IP fixes ce qui simplifie beaucoup la démarche. Apres free est connu pour mettre beaucoup de mauvaise volonté avec HADOPI.





L’IP Fixe et IP partagée ne sont pas exclusifs il me semble.

Enfin, je ne me rappelle pas comment Free les gères, mais ça pourrait être drôle justement.



Il me semble qu’au départ l’ip partagée ne concernait que des lignes en dégroupage partiel et que l’ip fixe a toujours concerné tout les abonnés (on ne parle pas de freemobile, que du FAI). Donc ouais ça doit pas être exclusif.


bravo. ça c’est du beau travail de journaliste.


Alors là, bravo Marc ! <img data-src=" />


Un grand bravo à l’équipe, la persévérance fini par payer !


Comment serez vous sûr que le rapport ne va pas être modifié avec de faux chiffres (genre tous égaux à peu près)?


Careful what you wish…



Si le taux d’erreur est important, je vois bien les ayant-droits demander un renforcement des méthodes d’identification pour capturer davantage de poisson dans les filets.


Le 14 aout la France est a la plage. Sauf Marc. MERCI !


Il travail peut-être depuis la plage.<img data-src=" /><img data-src=" />


Mouais. Heureusement que la CADA est là pour que les journalistes aient des infos.

Sur ce coup la plutôt que merci Marc je dis merci la CADA


Au final, la CADA a émis « sous ces réserves, un avis favorable » à notre demande de communication.

Super, plus que 5 ou 6 ans à attendre…


Ah c’est dans ce sens, toute technologie est faillible et susceptible a dysfonctionnement .Sur nos routes bon nombre de tracteur sont flasher pour des vitesses qu’ils de peuvent atteindre.


C’est la Cadastrophe pour Hadopi …


Parmi les IP en fail pour hadopi, je pense aux IPs étrangères qui, même si elles téléchargent du georges brassens sur le p2p fr, ne sont pas sous la juridiction de la hadopi.

Mais aussi toutes les IPs business: que ce soit une boite de ravioli, une boulangerie qui s’est fait pirater son wifi, ou une compagnie qui vend du vpn privé, il ne me semble pas que ce soit de la juridiction de la hadopi qui ne fait que soigner le particulier afin qu’il sécurise ses actes de piraterie suspectés.

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Moi, je mise sur Free pour le plus haut <img data-src=" />.


IP partagée ou pas on peut savoir qui a fait quoi à quel moment… Rien qu’avec les ports. Et Free est tenu de réagir et donc de collaborer comme si c’était une IP fixe attribué à un abonné.&nbsp;


Légende urbaine visant à appater les potentiels clients pirates alors qu’ils collaborent comme les autres tout en laissant croire qu’ils plantent des bâtons dans les roues d’HADOPI…



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Il y avait un smiley

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L’IP partagée (4 abonnés je crois) chez Free c’est récent et uniquement en FTTH, probablement que en ZMD pour le moment.



Peut-être que ça sera ensuite déployé sur le xDSL, aucune idée…


Merci Marc


Et les abonnements mobile, ainsi que les serveurs.


Au temps pour moi, je n’ai vu que après et me suis dit, c’est ironique.



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matroska a écrit :



IP partagée ou pas on peut savoir qui a fait quoi à quel moment… Rien qu’avec les ports. Et Free est tenu de réagir et donc de collaborer comme si c’était une IP fixe attribué à un abonné.&nbsp;







Sauf que la donnée en question est inconnue de la Hadopi :)



Sauf que pour l’instant ne tient compte ni des ports, ni de l’IPv6 (d’ailleurs je suis étonné qu’il n’y ait pas une optoon IPv6 only) dans les logiciels de torrent.


Bravo ! :)


C’est ce que les agriculteurs veulent faire croire à tout le monde.

Mais les courses de tracteurs tunnés à le mode fast & furious, ça chauffe le bitume








Soriatane a écrit :



Sauf que pour l’instant ne tient compte ni des ports, ni de l’IPv6 (d’ailleurs je suis étonné qu’il n’y ait pas une optoon IPv6 only) dans les logiciels de torrent.





Y a plus qu’à désactiver ta pile IPv4



Tu es sûr pour l’IP V6 ? Il me semble avoir lu le contraire. De plus, les textes ne font pas la différence entre V4 et V6.








Ami-Kuns a écrit :



https://www.youtube.com/watch?v=ect7ip0sFJI<img data-src=" />







Excellent <img data-src=" /><img data-src=" />









matroska a écrit :



IP partagée ou pas on peut savoir qui a fait quoi à quel moment… Rien qu’avec les ports. Et Free est tenu de réagir et donc de collaborer comme si c’était une IP fixe attribué à un abonné.





Si la donnée d’entrée est juste une IP sans précision de port Free ou tout autre FAI n’allait pas faire du zèle en faisant des recherches plus approfondies, d’autant plus si on prend en compte le fait qu’ils bossaient gratis. <img data-src=" />



Il y a une différence entre ce qu’il est possible de faire et ce qui est réellement fait pour un prix fixé, et ça ne marche pas que pour les identification hadopi. <img data-src=" />



De mémoire un rapport de la HADOPI d’il y a quelques années disait que la CNIL ne l’autorisait que sur de l’IPv4 et sans les ports. Par déduction pas IPv6.



https://www.nextinpact.com/news/98508-penurie-d-ipv4-hadopi-deconnectee-d-une-pa…



Après Orange ne s’était pas lancé dans lancé dans le déploiement massif de la fibre et surtout il n’y avait que Free a proposé de l’IPv6. Depuis Orange a commencé à le déployer largement.



C’est surtout que l’IPv6 demande de grosse table de base de données vu le nombre d’IP que peux avoir chaque internaute. Je crois que c’est une des raisons qui ralentisse sont adoption, il est difficile de faire un système de filtrage d’IPv6 comme on le fait pour IPv4.

Surtout il faut une base de donnée pour IPv6 et une autre pour IPv4.


L’article que tu cites dit :




  1. que le port peut être collecté du point de vue de la CNIL mais que c’est l’annexe du décret du 5 mars 2010 qui ne le permet pas.

  2. qu’ils peuvent traiter les adresses IP sans préciser V4 ou V6. Donc, les 2 types peuvent donc être traitées.



    Il confirme ce que je disais.








the_Grim_Reaper a écrit :



L’IP Fixe et IP partagée ne sont pas exclusifs il me semble.

Enfin, je ne me rappelle pas comment Free les gères, mais ça pourrait être drôle justement.





Si je me souvient bien, Free utilise surtout beaucoup la translation d’IP, car la quantité d IP disponible est insuffisante.

&nbsp;free regroupe donc les requêtes sur les mêmes IP en répartissant les utilisateurs sur des ports différents.

du coup quand la Hadopi fait une requete sur une IP, free est incapable de dire a qui ça appartient car le port de translation n’est pas indiqué/relevé.&nbsp; Mais c’est le cas aussi chez SFR pour la partie adsl. pour bouygues et orange, je ne sais pas, mais il doivent avoir le même probleme….



Tout ça à cause de la pénurie d IP ipv4. finalement on est pas pressé de passer en IPV6 :)



A ma connaissance à part sur Mobile, seul Free commence à utiliser des IPv4 partagées, je ne crois pas que les autres le fassent pour le moment…