Ca y est. Altice est finalement parvenue à mettre la main sur plus de 95 % des droits de vote et du capital de SFR Group. L'entreprise devrait pouvoir procéder rapidement au rachat des actions restantes et sortir SFR de bourse, à condition que l'AMF ne trouve cette fois-ci rien à y redire.
En septembre 2016, Altice annonçait sa volonté de racheter 100 % du capital de SFR, afin d'en prendre le contrôle intégral. Le groupe néerlandais possédait alors 77,75 % du capital de l'opérateur et proposait aux autres investisseurs d'échanger 5 de leurs actions SFR contre 8 actions Altice. Une offre qui représentait alors une plus-value d'un peu moins de 3 %.
L'opération a capoté quelques semaines plus tard, suite à une décision de l'AMF. L'autorité estimait en effet qu'elle n'était pas conforme au droit, notamment parce que certains de ses aspects manquaient de précision. Altice y expliquait par exemple que la maison mère fournissait son modèle d'affaires et son expertise à SFR, le fameux « modèle Altice », et que celui-ci devait être rémunéré.
Problème, le montant de cette rémunération n'était pas évoqué, pas plus que ses modalités d'application. Or, il s'agit d'éléments indispensables à la valorisation de SFR et donc à l'estimation de l'offre faite par la firme de Patrick Drahi. Un an plus tard, le magnat des télécoms revient à la charge.
Quand la diplomatie ne fonctionne pas, il faut frapper plus fort
La décision de l'AMF n'interdisait pas à Altice de procéder à des achats d'actions sur le marché ou en dehors de celui-ci. Le groupe néerlandais ne s'en est donc pas privé. Près d'un an plus tard, il annonce donc avoir « conclu le 9 août 2017 plusieurs accords d’acquisition d’actions SFR Group par voie d’échange contre des actions ordinaires A d’Altice N.V. ». Ces accords permettent à Altice de détenir 95,9% du capital et des droits de vote de SFR Group.
En franchissant les seuils de 95 % des droits de vote et du capital de l'entreprise, Altice est désormais en droit de procéder à une offre publique de retrait, suivie d'un retrait obligatoire des actions SFR qui circulent encore en bourse. En d'autres termes, Altice peut forcer les actionnaires restants à lui vendre leurs titres, à un tarif de son choix. Ce prix reste néanmoins scruté par l'AMF, qui veille à d'éventuels abus.
Côté prix justement, Altice a opté pour 34,50 euros par action, soit une prime d'environ 10 % par rapport au cours de clôture de la séance du 9 août, et de près de 33 % par rapport à l'offre faite l'an passé. La date d'ouverture de cette offre n'est pas encore connue, Altice évoquant simplement un dépôt courant septembre. L'opération devrait se chiffrer à environ 600 millions d'euros.
Quelles conséquences en pratique ?
Si ce retrait a bel et bien lieu, SFR ne sera plus dans l'obligation de présenter ses résultats trimestriels séparément de ceux d'Altice. De quoi mieux comprendre le choix d'un retrait en septembre, afin d'éviter de devoir se plier à nouveau à l'exercice fin octobre, date de diffusion des chiffres du troisième trimestre.
Il sera donc intéressant de voir selon quel agenda ces opérations seront réalisées, et si Altice continuera de produire les mêmes données que celles fournies par SFR jusque-là. L'opérateur au carré rouge était par exemple le seul parmi les quatre grands à déclarer à ses actionnaires son nombre de clients à l'abonné près. SFR prenait également soin de détailler précisément l'évolution de sa clientèle entreprises en séparant le M2M du reste et évoquait même sa clientèle en marque blanche.