Orange, SFR condamnés : « des points noirs encore nombreux » selon l’UFC

Biactol

Édouard Barreiro, responsable des études à l’UFC-Que Choisir a bien voulu répondre à nos questions suite à la condamnation à 183 millions d’euros infligée à Orange et SFR par l’Autorité de la Concurrence. Celle-ci a donné un coup de pied aux offres « tribu » des deux opérateurs, lancée après 2005.

téléphone

 

Dans un communiqué, Orange a vertement critiqué Bouygues après cette condamnation, alors que ses offres étaient, d'après l'opérateur, destinées « à libérer les usages "famille" des  abonnés » : « Nous regrettons une stratégie de marché de Bouygues systématiquement contentieuse face aux innovations de ses concurrents, plutôt qu'une stratégie commerciale dont l'efficacité est démontrée par les évolutions du marché mobile ces dernières années ». Cependant, l’analyse faite par l’opérateur n’est pas partagée par l’UFC-Que Choisir. Édouard Barreiro, responsable des études, considère au contraire satisfaisante la décision de l’Autorité de la concurrence. Mieux, il estime qu’elle va impacter d’autres formules aujourd’hui en vigueur qui présentent ces caractéristiques similaires.

Quelle est votre réaction suite à la condamnation d’Orange et SFR ?

On est très satisfait. Nous avons toujours combattu ce type d’offres qui selon nous constitue une vraie atteinte à la concurrence. Cette décision peut paraître anachronique, car elle renvoie à des pratiques anciennes, qui se faisaient d’ailleurs dans un contexte très différent. Trois opérateurs se partageaient l’essentiel du marché, et deux d’entre eux se taillaient la part du lion, et la terminaison d’appel mobile (TAM) était très élevée. C’est une prestation d’interconnexion où l’opérateur de l’appelant paie un droit de passage à l’opérateur du consommateur qui reçoit l’appel.

 

Ce qui signifie que les petits opérateurs, y compris Bouygues, étaient dans l’incapacité de répliquer. En effet, si les trois numéros illimités vers un même opérateur avait du sens pour les abonnées d’orange et de SFR qui avait respectivement autour de 45 % et 35 % du marché, quel intérêt pour le consommateur lorsqu’il s’agissait d’opérateur qui ont au mieux 15 % du marché (le cas de BouyguesTelecom) et d’autres qui n’avaient que des miettes ?

 

Sans compter qu’à mesure que les consommateurs choisissaient leur camp (Orange ou SFR) il y avait un rendement croissant d’adoption qui les rendait encore plus attractifs. Le consommateur lui était verrouillé, car si une offre plus intéressante émerger dans le marché, il devait convaincre sa tribu (ses numéros préférés, mais aussi ceux qui l’ont inclus comme numéro préféré) de changer d’opérateur. Et s’il relevait ce défi, il falait encore que les périodes d’engagement (de 24 mois en majorité) soient à peu près alignées.

Comme s’en est sorti Bouygues finalement ?

Bouygues s’en est sorti avec l’offre Néo incluant de l’illimité vers tous les opérateurs, mais cela s’est soldé par d’importants flux financiers en TAM vers les deux plus gros et sans bénéficier de l’effet club. En effet, les contacts du client Bouygues pouvaient être chez n’importe quel opérateur.

 

Cette décision a aussi un impact sur de nouvelles offres qui émergent et qui sont tout aussi dangereuses. Par exemple, l’option famille d’Orange (http://assistance.orange.fr/le-pass-famille-4382.php), qui permet des appels illimités entre membres d’une même famille a les mêmes effets. Effets, qui peuvent d’ailleurs être encore plus pervers si on y associe une offre Open (Mobile + Box)

Finalement, la principale victime de ces manœuvres, c’est aussi le consommateur. Comment assurer leur indemnisation ?

Le consommateur pense à tort en avoir bénéficié, car il a eu de l’illimité vers un nombre limité de contacts. La réalité est que sans cette vicieuse mécanique, d’une part, la concurrence aurait été plus importante et les prix des forfaits auraient, de manière générale, pu baisser plus vite tout comme la TAM, car elle devenait moins stratégique pour Orange et SFR. Cette baisse de la TAM aurait permis à son tour une baisse des prix des appels mobiles, mais aussi entre les fixes et les mobiles. Pour l’indemnisation, sans action de groupe, on ne peut rien espérer. Désolé !

Existe-t-il d’autres points noirs concurrentiels aujourd’hui dans ce secteur ?

Ils sont encore nombreux. Les engagements sur 24 mois, surtout lorsqu’ils sont imposés de manière un peu cavalière lors d’un changement contractuel type une demi-heure d’appel supplémentaire ou une nouvelle option activée. Il y le Quadruple Play avec des contrats qui créent de nouvelles barrières à la sortie, ce qui est d’ailleurs à l’origine de notre recours contre l’offre Open d’Orange. Sur le fixe il y a surtout des lourdeurs techniques et logistique, comme celle consistant à renvoyer la box, payer des frais de sortie, réclamer des dépôts de garantie, attendre l’activation de la ligne, etc. sans compter la toujours très problématique portabilité des numéros fixes !

Vous n'avez pas encore de notification

Page d'accueil
Options d'affichage
Abonné
Actualités
Abonné
Des thèmes sont disponibles :
Thème de baseThème de baseThème sombreThème sombreThème yinyang clairThème yinyang clairThème yinyang sombreThème yinyang sombreThème orange mécanique clairThème orange mécanique clairThème orange mécanique sombreThème orange mécanique sombreThème rose clairThème rose clairThème rose sombreThème rose sombre

Vous n'êtes pas encore INpactien ?

Inscrivez-vous !