SFR est le deuxième grand opérateur français, en compagnie de sa maison mère Altice, à avoir présenté ses résultats financiers pour le deuxième trimestre. La marque au carré rouge continue de grapiller des clients sur le mobile, tandis que la stabilisation est en approche sur le marché fixe.
L'un des principaux objectifs à court terme de SFR reste d'endiguer la fuite de ses abonnés vers la concurrence, et par la même occasion de stabiliser ses revenus. Si la croissance n'est pas encore au rendez-vous à tous les étages, la situation tend à s'améliorer au fil des trimestres.
Le chiffre d'affaires remonte
Sur le deuxième trimestre, SFR a réalisé un chiffre d'affaires de 2,763 milliards d'euros, contre 2,723 milliards l'an dernier à la même période, soit une progression de 1,5 % sur un an. Cette évolution, bien qu'encourageante, n'est pas le fruit des activités traditionnelles de l'opérateur, mais de ses médias. Ceux-ci ont vu leurs revenus passer de 68 millions d'euros à 141 millions d'euros en l'espace d'un an , tandis que les recettes du côté des télécoms grand public ont encore fondu de 1,5 %, et de 0,7 % pour les clients entreprise.
L'EBITDA de l'opérateur recule lui aussi légèrement, de 4 % sur un an. Il atteint désormais 953 millions d'euros. Une baisse qui fait grimper le ratio d'endettement net à 4,1x l'EBITDA, un niveau qui peut commencer à devenir inconfortable sur le long terme.
Pas de panique sur le mobile
Du côté du mobile, SFR signe un troisième trimestre consécutif avec une hausse de son nombre d'abonnés grand public. La marque au carré rouge a signé près de 34 000 nouveaux clients sur ces offres avec abonnement. Du côté du prépayé, un peu moins de 4 000 clients supplémentaires sont venus s'ajouter au total. Pour le reste, voici les quelques autres chiffres à retenir :
- Nombre de clients mobile grand public (B2C) : 14,551 millions (+38 000 sur trois mois, - 26 000 sur un an)
- Dont abonnés : 12,439 millions (+34 000 sur trois mois, +62 000 sur un an)
- Dont prépayés : 2,112 millions (+4 000 sur trois mois, -89 000 sur un an)
- ARPU Mobile grand public : 22,5 euros (-0,1 euro sur trois mois, +0,2 euro sur un an)
- Dont ARPU Forfait : 25,2 euros (-0,3 euro sur trois mois, +0,2 euro sur un an)
- Dont ARPU Prépayé : 7,1 euros (+0,2 euro sur trois mois, -0,7 euro sur un an)
- Nombre de clients B2B : 5,651 millions (+121 000 sur trois mois, +224 000 sur un an)
- Dont M2M : 3,648 millions (+140 000 sur trois mois, +286 000 sur un an)
- Couverture 4G : 91 % de la population
Au niveau de la couverture 4G, SFR annonce avoir déjà atteint l'objectif qu'il s'était fixé pour fin 2017, à savoir 90 % de la population. L'opérateur n'entend toutefois pas lever le pied et vise désormais 99 % de la population pour fin 2018. Le tout en amenant de la 4G+ à 500 Mbps dans certaines communes dès l'an prochain.
La marque au carré rouge revendique par ailleurs être en première place sur la couverture 4G en s'appuyant sur des chiffres publiés par l'Arcep. On notera tout de même qu'Orange annonçait une couverture de 92 % de la population en 4G au 30 juin 2017. Il sera donc intéresant de voir comment l'Arcep départagera les deux opérateurs lors de son prochain pointage.
Opération séduction sur la fibre
Du côté de l'internet fixe, SFR n'est pas encore parvenu à retrouver une croissance durable de son parc d'abonnés. Sur le front de la « Fibre » (FTTH et câble inclus), la marque au carré rouge continue de glâner de nouveaux clients, mais à un rythme inférieur aux objectifs. Pendant ce temps, les départs sur le front de l'ADSL tendent à se réduire. Voici là encore les chiffres clés à retenir.
- Nombre de clients fixe grand public : 6,063 millions (-16 000 sur trois mois, -182 000 sur un an)
- Dont xDSL : 3,945 millions (-51 000 sur trois mois, -364 000 sur un an)
- Dont « Fibre » : 2,118 millions (+35 000 sur trois mois,+182 000 sur un an)
- ARPU Fixe : 35,1 euros (-0,8 euro sur trois mois, -0,5 euro sur un an)
- Dont xDSL : 33,7 euros (-0,4 euro sur trois mois, +0,3 euro sur un an)
- Dont « Fibre » : 38,0 euros (-1,8 euro sur trois mois, -2,8 euros sur un an)
- Prises « Fibre » commercialisables : 9,963 millions (+329 000 sur trois mois, + 1 413 000 sur un an)
Ce que l'on retiendra, c'est que non seulement les abonnés fixe de SFR sont de moins en moins nombreux, mais qu'en plus de cela, ils rapportent chacun de moins en moins d'argent. Dans ce contexte, on comprend un peu plus facilement ce qui a poussé l'opérateur a instaurer pendant l'été une nouvelle augmentation de ses tarifs de 5 euros par mois, au prétexte de l'ajout de nouveaux services.
Pour se démarquer de la concurrence et tenter de repartir à la conquète de nouveaux clients, SFR compte sur deux choses. D'abord sur ses investissements dans les contenus, qu'il s'agisse de la presse, du sport ou des médias en général. Une stratégie qui pour le moment n'a pas encore montré de résultats concrets, mais l'arrivée l'an prochain de gros morceaux comme la Ligue des Champions pourrait changer la donne.
Le second pilier concerne le réseau. À compter de 2017, SFR veut amener la fibre sur deux à trois millions de prises supplémentaires par an, ce afin d'atteindre une couverture de 80 % du territoire en 2022, et de 100 % à compter de fin 2025. Pour parvenir à ce résultat, SFR compte déployer son réseau en doublon de ceux prévus par le plan France THD, une manoeuvre qui selon l'opérateur pourra s'effectuer sans toucher à une once de son budget actuel, ni un centime d'argent public. Sur les 12 derniers mois, SFR n'a raccordé que 1,4 million de prises.
Altice aux pays des merveilles
Concernant Altice, les chiffres sont plus élogieux, notamment aux États-Unis où l'entreprise revendique une hausse de ses revenus de 5,8 % sur un an, avec 2,112 milliards d'euros. Sur la même période, la marge a progressé de 6,6 points pour atteindre 43,2 %. À titre de comparaison, SFR se situe plutôt autour de 34,5 %.
Cette progression suit celle du nombre d'abonnés sur les deux marques de l'opérateur outre-Atlantique. Optimum (ex-Cablevision) a gagné 7 000 abonnés en un an, tandis que Suddenlink en compte 20 000 de plus que l'an dernier. Parallelement, leur ARPU grimpe ausi. Chez Optimum, il est passé de 153,5 dollars a 156 dollars. Chez Suddenlink, il est passé de 107 à 110 dollars. Conséquence directe : l'EBITDA d'Altice USA a grimpé de 25 % sur un an et est désormais équivalent à celui de SFR.
Si les prix grimpent, c'est notamment parce qu'Altice applique la même recette qu'en France, à savoir investir dans le réseau pour en améliorer les débits, ce qui lui permet de pousser des offres plus chères. Il y a deux ans, 5 % des clients d'Altice disposaient d'un forfait avec un débt supérieur à 100 Mbps, avec une moyenne de 42 Mbps. Aujourd'hui, 79 % des recrutements et 39 % du parc se trouve avec une telle offre, et le débit moyen atteint 93 Mbps.
La dette ne bouge pas
Du côté de la dette, il n'y a pas de changement notable à souligner sur les trois derniers mois. SFR assume une dette nette de 15,4 milliards d'euros, avec un levier de 4,1x l'EBITDA, et dispose d'une réserve de crédit de 1,125 milliard en cas de coup dur. En ce qui concerne Altice USA, Suddenlink affiche une dette nette de 5,8 milliards d'euros (ratio 5,1x) et Optimum de 12,9 milliards d'euros (avec un ratio de 5,6x). Tous silos confondus, la dette nette d'Altice s'élève à 49,226 milliards d'euros, soit 5,3x l'EBITDA du groupe.
En bourse, ces quelques nouvelles ont apporté des fortunes diverses selon les entités concernées. Pour SFR, la séance suivant ces annonces a été marquée par une hausse du cours de 1,1 %, portant la valorisation de l'opérateur à 13,8 milliards d'euros (+17 % depuis début 2017, +48 % sur un an). Altice NV, la maison mère, a vu son cours reculer de 2,84 % vendredi, valorisant l'ensemble a 32,8 milliards d'euros (+10 % depuis début 2017, +56 % sur un an).