En Chine, Apple a retiré de nombreuses applications VPN de l'App Store d'iOS

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En Chine, Apple a retiré de nombreuses applications VPN de l'App Store d'iOS
Crédits : Hung_Chung_Chih/iStock/Thinkstock

Apple a fait le ménage dans son App Store chinois : la plupart des applications de VPN ont été supprimées. Les éditeurs concernés ont été avertis que leurs solutions violaient la loi chinoise. Apple, de son côté, indique évidemment qu’elle se contente de se plier à cette dernière.

C’est l’un des éditeurs concernés, ExpressVPN, qui a remarqué en premier la purge. Dans un billet de blog paru samedi soir, il explique avoir reçu une notification d’Apple lui expliquant que son application iOS avait été retirée de l’App Store en raison de « contenus illégaux en Chine ». ExpressVPN est donc invité à se mettre en conformité avec les lois chinoises avant de retenter sa chance.

L’éditeur n’est pas le seul. La plupart des solutions du même acabit ont été retirées de l’App Store. Apple a précisé dans son courrier aux développeurs que les autres marchés n’étaient pas affectés, et qu’il s’agissait d’un cas particulier. Une situation qui était d’ailleurs prévisible.

Les VPN sous tension depuis 2012

Cette purge était en effet d’autant plus attendue qu’elle aurait dû être faite depuis longtemps. Le ministère chinois de l'Industrie et des Technologies de l'information (MIIT) avait en effet déclaré les VPN étrangers illégaux dès 2012. En novembre de la même année, on apprenait même par le China Digital Times que dans certaines villes, les entreprises étaient averties d’un danger de coupure de leur accès Internet si des employés se rendaient sur des sites interdits via des VPN.

Il semble toutefois que l’obligation n’ait pas été aussi stricte pendant les premières années. Il a fallu attendre 2017 pour que le ministère rende sa position plus franche. Apple a d’ailleurs communiqué à ce sujet avec une courte explication : « Plus tôt cette année, le MIIT a annoncé que tous les développeurs proposant des VPN obtiennent une licence du gouvernement. Il nous a été imposé le retrait d’applications VPN qui ne respectaient pas les nouvelles règles ». Et de préciser qu’elles restent disponibles dans les autres pays… si tant est que ce type de loi n’y soit pas déjà.

Dangers sur la liberté d’expression

Les solutions VPN sont utilisées pour de multiples raisons. Les Virtual Private Networks (réseaux privés virtuels) sont par exemple utilisés en entreprise pour créer des sessions de travail distantes. L’idée est de créer un tunnel entre deux machines, afin qu’elles puissent communiquer directement. Concrètement, ces ordinateurs distants sont considérés comme faisant partie d’un réseau local.

Les VPN sont cependant aussi beaucoup utilisés en raison d’une autre spécificité. Puisqu’ils autorisent la création d’une passerelle pour communiquer avec l’extérieur, un utilisateur peut ainsi masquer sa véritable adresse IP en lui en fournissant une autre. À moins d’exiger la véritable IP à l’entreprise éditrice, l’internaute n’est pas directement identifiable et peut court-circuiter les limitations imposées via les fournisseurs d'accès.

Dans les pays où la liberté d’expression est limitée et/ou menacée, les VPN sont donc des solutions intéressantes pour contourner des blocages géographiques de certains services. En Chine, un internaute peut dès lors accéder à des services et sites qui ne seraient autrement pas accessibles, comme Wikipedia.

iOS pour l’instant, le reste plus tard ?

Forcer le retrait des applications de VPN dans les boutiques porte donc atteinte à la liberté d’expression et au concept même d’Internet ouvert. La Chine impose un contrôle croissant sur ce point, mais il faut remarquer pour l’instant que seul l’App Store d’iOS a subi une telle purge.

Comme le précise ExpressVPN dans son billet de blog, il reste possible d’installer ses applications sur Windows, macOS, Android et les autres plateformes. Les deux premières sont servies par un client que l’on récupère sur le site de l’éditeur. Sur Android toutefois, il est possible que Google – qui ne s’est pas exprimé sur le sujet – soit forcé d’appliquer les mêmes règles.

ExpressVPN condamne dans tous les cas l’action d’Apple : « Nous sommes déçus d’un tel développement, puisqu’elle représente la mesure la plus drastique que le gouvernement chinois ait prise pour bloquer à ce jour l’utilisation des VPN, et nous sommes troublés de voir qu’Apple a soutenu la censure en Chine. ExpressVPN condamne fermement ces mesures, qui menacent la liberté d’expression et les libertés civiles ».

Le cas très particulier de la Chine

À ceux qui suivent de près l’actualité de la liberté d’expression en Chine, les nouvelles ne seront pas forcément surprenantes. Le fameux « Great Firewall » - en référence à la Grande Muraille – n’a cessé d’être renforcé avec les années.

Le mois de juillet a par exemple été marqué par la censure partielle de WhatsApp dans le pays. Il y a moins de deux semaines, les utilisateurs ne pouvaient ainsi plus s’envoyer de photos ou de vidéos. Le gouvernement n’a pas communiqué sur le sujet, pas plus que Facebook d’ailleurs (qui a racheté WhatsApp), dont le réseau social est bloqué en Chine depuis 2009. D’autres applications de messagerie ont également été touchés par ce filtrage, notamment WeChat. Mais puisque cette dernière est un acteur dominant dans le pays, il applique de lui-même la censure gouvernementale au quotidien.

L’une des hypothèses circulant depuis dans la presse internationale est que la Chine a souhaité répliquer à un mouvement de protestation né de la mort de Liu Xiaobo. Dissident et prisonnier politique, ce prix Nobel de la Paix est décédé en prison après s’être vu refuser une autorisation de sortie du territoire pour recevoir un traitement à son cancer.

Notez cependant que le blocage sur les messageries n’est ou n’a été que partiel. Chez certains, il n’a pas fonctionné, tandis que d’autres utilisateurs n’ont été bloqués sur les contenus multimédias que pendant quelques heures. Actuellement, tout semble pour l’instant rentré dans l’ordre. Le chercheur Nadim Kobeissi, père notamment de Cryptocat indiquait le 18 juillet que la Chine avait probablement appliqué son filtrage en bloquant l’accès aux serveurs de WhatsApp routant les photos et vidéos. Rien n’indiquait selon lui en revanche que le pays ait été en mesure de lire ces contenus, WhatsApp utilisant le protocole de chiffrement de bout en bout de Signal.

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