TF1 durcit le ton autour de l'accès à ses contenus et sa tentative d'imposer son service Premium aux FAI. Ainsi, la chaîne demande à SFR de la retirer de son offre. Ce dernier s'étonne d'être le seul concerné et ne compte pas se laisser faire.
Ce matin, TF1 a publié un « message » via son compte Twitter. On pouvait y apprendre que « La box et l'application SFR TV de Numericable SFR ne permettent plus d'avoir accès au service de replay MyTF1, les accords de distribution n'ayant pas été renouvelés ». Une nouvelle étape dans la guerre que se livrent les FAI et la chaîne autour de son service Premium depuis des mois, qui fait donc une première (et unique) victime : SFR.
Reprise de TF1 par SFR : la chaîne passe à l'offensive... juridique
Un coup de semonce dans lequel TF1, qui a divisé son bénéfice par deux en 2016, veut garder le beau rôle, la chaîne indiquant regretter cette situation et rappelant que son service de replay est toujours accessible en ligne ou via ses applications. Oubliant au passage que ces interfaces nécessitent une connexion, mais aussi d'accepter un matraquage publicitaire complémentaire (et des dizaines de trackers), ce qui est la norme dans ce type de services (excepté Molotov).
Mais ce message est surtout trompeur : car selon nos constatations, on peut toujours accéder aussi bien à TF1 en direct qu'en replay via l'application SFR TV par exemple. La chaîne n'a ainsi que signifié le fait que le FAI le fait sans en avoir le droit, comme elle le précise dans un communiqué de presse :
« A compter du 29 juillet 2017, date d’échéance des contrats, et en l’absence de tout accord avec le groupe TF1, Numericable-SFR n’est plus autorisé à exploiter commercialement MYTF1 et les chaînes en clair du groupe TF1.
En conséquence, le groupe TF1 n’est plus en mesure de fournir à Numericable-SFR le service replay MYTF1 et a demandé à ce que le distributeur cesse l’exploitation commerciale des chaînes TF1, TMC, NT1, HD1, LCI.
Constatant que Numericable-SFR poursuit l’exploitation commerciale de ses chaînes sans contrat, le groupe TF1 entend utiliser tous les moyens juridiques à sa disposition pour faire valoir ses droits »
Elle précise au passage le calendrier des faits, indiquant avoir accepté la prolongation des accords de distribution arrivés à échéance au 31 décembre 2016 jusqu'à hier, 28 juillet. Mais en avril 2017, elle indique que Numericable-SFR a suspendu les discussions et saisi le CSA, ce qui est sans doute à l'origine de cette action ne visant qu'un seul acteur. Là aussi TF1 semble oublier son propre coup de pression prenant la forme de lettres recommandées envoyées en avril dernier.
SFR s'étonne d'être le seul concerné...
Bien entendu, SFR a réagi à cette annonce, là aussi à travers un communiqué de presse afin de préciser que « malgré l'opération de communication de TF1 ce jour, rien ne change pour les abonnés SFR concernant la diffusion des chaînes du Groupe TF1 [...] le service My TF1 est disponible via ordinateur, tablette, mobile et en OTT sur la télé ».
La société affirme avoir découvert cette action, perçue comme une « inique tentative de prise d'otage de ses clients » par voie de presse, et s'étonne du fait que TF1 n'ait pas décidé d'attendre l'aboutissement de son recours devant le CSA. Elle rappelle au passage qu'Orange a de son côté saisi le Tribunal de Commerce. Pour rappel, l'opérateur historique représente à lui seul 25 % de l'audience de la chaîne.
... et contre-attaque
SFR indique qu'il va engager « dès aujourd'hui toute action judiciaire nécessaire », considérant que « la communication de TF1 comme la coupure unilatérale de My TF1 pour les seuls abonnés de SFR, dont la légalité est questionnée, constituent en effet un préjudice considérable ». Au passage, les clients du FAI s'amuseront sans doute de le voir critiquer des prises de décisions unilatérales, alors qu'il vient coup sur coup d'imposer des hausses et des services à ses abonnés fixe et mobile comme nous l'avions révélé au début du mois.
Quoi qu'il en soit, la société semble déjà avoir mis quelques arguments de côté et rappelle que « TF1 détient plus de 40% de parts de marché de la publicité, que le Groupe TF1 jouit d'une position dominante sur le marché français et qu'il dispose d'une licence de diffusion hertzienne gratuite et souhaite, après plus de 30 ans, désormais être rémunéré pour la diffusion de sa chaîne gratuite. Pour la première fois depuis la création du cable et de l'Adsl, une télévision veut être rémunérée pour la diffusion de sa chaîne gratuite ».
De quoi rajouter une couche de bataille juridique sur une histoire qui était déjà bien mal engagée pour se conclure de manière apaisée. Maintenant qu'une nouvelle attaque a eu lieu, chacun va devoir se positionner, et les réactions de chacun seront intéressantes à analyser... en attendant la décision du CSA et du Tribunal de Commerce.