Surprise, Kaspersky vient de lancer une version gratuite de son antivirus, à destination de la seule plateforme Windows. Moins riche en fonctions et plus légère, elle devrait permettre d’attirer davantage de monde dans les serres de l’éditeur. Un lancement sur fond de conflit avec Microsoft, accusé d’abus de position dominante avec son Defender.
L’éditeur russe profite de son vingtième anniversaire pour lancer une version gratuite de son antivirus. Nommée assez simplement Kaspersky Free, il n’est pas encore disponible officiellement partout, l’entreprise prévoyant un déploiement pour quelques pays seulement, avant de passer au reste du monde. Il est toutefois possible de récupérer le logiciel en anglais.
Le calendrier du lancement est d’ailleurs intéressant. L’éditeur indique que cette version particulière était en travaux depuis plus de 18 mois, mais beaucoup remarqueront qu’elle débarque un peu plus d’un mois après le dépôt de plainte de Kaspersky contre Microsoft en Europe pour abus de position dominante.
Un socle fonctionnel évidemment moins riche
Kaspersky Free, version gratuite oblige, se contentera d’un lot de fonctions beaucoup moins poussé que l’édition payante, disponible pour environ 60 euros par an. On retrouvera cependant toutes les principales caractéristiques d’un tel produit.
La version Free fournira ainsi une analyse constante ou ponctuelle de ce qui se passe dans la machine, y compris dans les clients emails. Il disposera du même système de mises à jour automatisées que son grand frère et effectuera toutes les tâches de base, notamment l’analyse des téléchargements par le navigateur, la possibilité de mettre en quarantaine des fichiers, etc.
Il ne faudra évidemment pas y chercher des fonctions un peu plus poussées, réservées à la version payante. Pas question d’utiliser la solution VPN de l’éditeur, les protections supplémentaires comme la surveillance des achats en ligne ou encore le contrôle parental.
Kaspersky indique cependant que cette version sera plus légère, non seulement que son produit plus complet, mais également que les solutions gratuites concurrentes. Moins de fonctions, donc moins de modules en mémoire, ainsi qu’une absence complète de publicité. Ce dernier point sera certainement apprécié, mais on s’étonnera d’une légèreté sur les fonctions mise en avant comme un avantage.
Autre point, Kaspersky Free n’est disponible que pour Windows. La société possède bien une version Mac, mais n’a manifestement pas estimé que ce marché était en danger.
Où et quand ?
Quelques pays peuvent déjà récupérer Kaspersky Free : Russie, Ukraine, Chine, Finlande, Suède, Norvège et Danemark. Ce sont en fait les marchés dans lesquels l’éditeur avait lancé une version de test l’année dernière. Dans les derniers jours de juillet et en août, c’est la région Asie-Pacifique, les États-Unis, le Canada et quelques autres qui seront concernés.
Et pour la France ? Début octobre, avec une bonne partie de l’Europe. Le Vieux continent devra attendre son tour et passera donc après le Moyen-Orient, l’Afrique, la Turquie, le brésil, l’Inde et les autres. Seuls quelques pays d’Asie ne passeront qu’après, entre fin octobre et novembre, comme le Japon et la Corée du Sud.
Notez que ces dates sont celles des lancements officiels, avec des versions traduites. Ceux qui ne veulent pas attendre peuvent le récupérer dès maintenant depuis la nouvelle page sur le site officiel, à condition de ne pas avoir de soucis avec la langue de Shakespeare.
La guerre des antivirus gratuits...
Il est intéressant de constater que cette version gratuite arrive peu de temps après la plainte contre Microsoft. Kaspersky lui reproche de profiter de la position dominante de Windows pour fournir son Defender, exactement de la même manière qu’il avait imposé Internet Explorer. La plainte a d’ailleurs été déposée en Europe, peut-être dans l’espoir de provoquer l’apparition d’une fenêtre de sélection des antivirus gratuits, exactement comme pour les navigateurs il y a quelques années.
Pris sous l’angle juridico-économique, ce lancement a clairement du sens. D’une part, Kaspersky s’assure de venir jouer dans une cour dont il était complètement absent, celle justement des antivirus gratuits. Dans un domaine où règnent des noms comme Avast ou Avira, les utilisateurs auront désormais un nom de plus pour faire leur choix.
D’autre part, Kaspersky Free servira inévitablement d’offre d’appel pour des éditions plus riches, qu’il s’agisse de l’antivirus seul ou de la suite de sécurité. Cette version gratuite n’est censée embarquer aucune publicité, mais il existe cependant des formes plus indirectes de suggestion d’achat. En l'occurence, des icônes grisées qui seront toujours là pour rappeler ce que l'utilisateur manque avec cette édition Free, comme le montre la capture ci-dessous.
... et celle de la réputation
Kaspersky dispose également d’une arme supplémentaire dans sa lutte contre Microsoft et son Defender. L’entreprise espère sans doute profiter de sa réputation, l’intégration de Defender jouant très clairement contre la concurrence dans une partie des cas : une partie des utilisateurs se contentera toujours de ce qui est présent dans Windows. Avec la version gratuite, si tant est que la communication soit assurée, Kaspersky espère sans doute que le grand public réfléchira à deux fois avant de s’en remettre à Defender, qui ne récolte d’ailleurs que mépris chez Eugene Kaspersky, fondateur et PDG de l’entreprise.
Enfin, cette dernière devra faire face à un contexte légèrement différent, surtout aux États-Unis. Il existe de fortes suspicions autour de ses activités, plus particulièrement des éventuels liens avec le FSB, l’agence russe de renseignements. À tel point que les produits de l’éditeur ont été supprimés de la liste des logiciels autorisés dans les administrations américaines, provoquant l’incompréhension d’Eugene Kaspersky.