Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a prononcé aujourd’hui une sanction de 3 millions d’euros contre C8 et l’émission Touche pas à mon Poste. L’épilogue d’un canular téléphonique visant un homosexuel via une annonce postée sur Vivastreet.
Le 8 juin dernier, le CSA infligeait déjà une peine de suspension de publicité durant trois semaines à l’encontre de TPMP. Deux séquences de l’émission de Cyril Hanouna étaient épinglées : une caméra cachée, où l’un des animateurs se faisait endosser une agression mortelle commise par le célèbre présentateur. Dans l’autre séquence, le même intéressé avait, au prétexte d’un jeu, pris la main d’une chroniqueuse pour l’apposer sur son pantalon au niveau de son sexe.
Cette fois, c’est l’émission du 18 mai qui est mise à l’index. Préalablement, l’animateur avait diffusé une annonce sur Internet où il se présentait comme un bisexuel désireux de faire des rencontres. « Adoptant une posture et une voix très efféminées et maniérées, visant à donner une image caricaturale des personnes homosexuelles », il a alors piégé plusieurs personnes au téléphone, en espérant les rires du public.
Plusieurs violations de la convention signée par C8
Pour le CSA, cette séquence a en elle-même violé la convention signée par C8 où celle-ci s’était engagée « à promouvoir les valeurs d’intégration et de solidarité qui sont celles de la République et à lutter contre les discriminations ». Et puisque les personnes piégées ont livré de nombreuses informations personnelles, l’autorité indépendante a déniché un autre manquement relatif cette fois à la vie privée, l’image, l’honneur et la réputation des personnes (article 2-3-4 de la convention de C8 cité par la décision de sanction) .
Dans un communiqué, le CSA témoigne d’un certain agacement puisqu’il affirme avoir reçu « près de 47 000 plaintes concernant ce programme ». Depuis 2015, il a traité près de 16 dossiers, « prononcé 3 mises en garde et 2 mises en demeure, outre des courriers d’observation adressés à la chaîne ». Cependant faute d’avoir été entendu, « il en appelle expressément au sens de la responsabilité des dirigeants de C8 et du groupe Canal+ et leur demande de faire respecter les dispositions de la convention souscrite et les règles fixées par la loi ».
Les trois millions d'euros seront affectés au Centre national du cinéma, prévient le CSA. C8 dispose là encore de la possibilité d’attaquer cette décision administrative devant le Conseil d’État pour espérer faire annuler cette sanction pécuniaire.