Dans un tweet, Adrienne Charmet annonce son départ de la Quadrature du Net. La coordinatrice de campagne révèle dans le même temps son arrivée au sein de l’Agence nationale pour la sécurité des systèmes d’information (ANSSI).
« Après 3 années très riches, intenses, et fortes, je quitte aujourd'hui la Quadrature ». Contactée, Adrienne Charmet nous indique que « fondamentalement, j’ai fait mon temps. Trois ans et des brouettes n’ont pas été de tout repos et je suis assez favorable à un changement de poste arrivée à ce terme ».
L'avant et après loi Renseignement
D’ailleurs, elle nous précise avoir prévenu la Quadrature de ce rythme ternaire dès son arrivée. « Il y a aujourd’hui un besoin de partir, changer d’air et laisser la place à d’autres gens. Les membres du conseil d’administration connaissaient ma décision, la respectent et n’ont aucun souci à me voir rejoindre l’Agence ». Adrienne Charmet travaillera sur la veille au sein de cette autorité, sans plus de détails pour l’instant.
Sur cette période, sa plus belle expérience reste notamment la conférence de presse organisée contre la loi renseignement. « Cela faisait à peu près un an que j’étais là, je me suis sentie lancée en pleine vitesse, dans une action hyper rapide sur une loi hyper dangereuse ». Autre moment notable, la censure partielle de ce texte de 2015 par le Conseil constitutionnel. « Je crois beaucoup au travail des Exégètes en complément de l’activisme plus traditionnel de la Quadrature » tient-elle à ajouter.
Après 3 années très riches, intenses, et fortes, je quitte aujourd'hui @laquadrature. ❤️Merci à tous ! ❤️ ⤵️ pic.twitter.com/Lj4pS65g7X
— Adrienne Charmet (@AdrienneCharmet) 24 juillet 2017
Pas l'impression de passer à l'ennemi
Sur cette période, c’est finalement l’importance de la question de la surveillance face à l’état de droit qui reste en mémoire. Même si la Quadrature avait commencé préalablement, en particulier avec la loi de programmation militaire, le collectif restait surtout focalisé sur le droit d’auteur, ACTA, la neutralité du net. « On a été happé par le sujet de la surveillance qui nous a ancré dans la défense des droits fondamentaux avec un recentrage sur la France, qui aujourd’hui tend à repartir au niveau européen ». Ces thèmes ont en tout cas été vécus comme à la fois « passionnants et usants » par Adrienne Charmet avec l’impression d’un perpétuel recommencement surtout après le vote de la sixième reconduction de l’état d’urgence.
Que répondre à ceux qui l’accuseraient de passer à l’ennemi ? « Je sais que ce n’est pas ultra consensuel, mais je ne considère pas que l’ANSSI soit l’ennemi. C’est une autre manière de travailler pour l’intérêt général. Si j’avais eu le moindre problème moral, je n’y serais pas allée ».