Il y a une semaine, Cloud Imperium Games a souscrit un emprunt aux conditions plutôt salées. La nouvelle n'a pas manqué d'alarmer certains fidèles du studio, mais aussi ses détracteurs, laissant entendre que l'entreprise se portait mal. En pratique, les faits sont moins inquiétants qu'ils en ont l'air.
La nouvelle a fait grand bruit ce week-end. Des documents publiés par la Companies House au Royaume-Uni montrent que Cloud Imperium Games, l'entreprise derrière Star Citizen, a souscrit à un emprunt d'un montant inconnu auprès de la banque Coutts.
Des conditions alarmantes en apparence
Sur cet emprunt, la banque s'est réservée un certain nombre d'actifs en guise de garantie, au cas où l'entreprise ne parviendrait pas à rembourser son dû. Ici, Cloud Imperium Games et Coutts se sont mis d'accord sur un éventail très large d'actifs saisissables en cas de problème avec notamment :
- Toutes les copies produites ou à produire du jeu
- Les éléments du jeu (code inclus) et ses droits de distribution
- Tout enregistrement sonore effectué lors de la production du jeu
- Toute copie faite ou à faire du script ou des partitions musicales, et tout dessin réalisé lors de sa production
- L'ensemble des biens, comptes, outils de production, intérêts, crédits d'impôts possédés par l'entreprise
Des précautions multiples qui semblent à première vue laisser entendre que l'entreprise se porte mal et que la banque la soutenant ne veut pas prendre le moindre risque de perdre sa mise. Ni une ni deux, de nombreux médias ont repris la nouvelle estimant que malgré les 150 millions de dollars collectés au cours de sa longue campagne de financement, le studio n'était peut-être plus en mesure de finir Star Citizen.
Le moulin à rumeurs
Il faut dire que cette rumeur pouvait sembler crédible aux yeux de certains. Star Citizen fait partie de ces jeux qui déchaînent les passions, dans un sens comme dans l'autre. D'un côté on retrouve les backers ayant participé à la campagne de financement du titre, dont certain défendent bec et ongles les travaux de Cloud Imperium Games. De l'autre, on retrouve des déçus, qui ont perdu patience devant les multiples retards du projet, et les sceptiques, qui n'ont jamais cru dans sa faisabilité, même avec plus de 152 millions de dollars en poche.
L'entreprise a pourtant tenté à plusieurs reprises de lancer des initiatives afin de montrer à tous, mais surtout à ceux qui ne suivent pas le projet de près, comment les travaux avancent. L'agenda de production du titre est ainsi mis à disposition librement depuis fin novembre 2016. Une initiative louable qui ne gomme toutefois pas le retard pris par certains pans du jeu. Le module solo Squadron 42 initialement promis pour l'automne 2015, est ainsi toujours en développement.
CIG veut faire taire les bruits de couloir
Voyant l'ampleur prise par cette histoire de prêt, Cloud Imperium Games a décidé de sortir de son silence, en transmettant un communiqué à PC Invasion. La société y explique en détail les raisons qui l'ont poussée à prendre ce prêt, et ce qu'il implique réellement.
Il s'agit en fait d'une avance consentie par la banque Coutts sur les crédits d'impôt distribués par le gouvernement britannique sur les productions de jeux vidéo. Un dispositif similaire à celui auquel les studios français ont droit et qui a été renforcé en novembre dernier.
Pour l'entreprise, cette avance, fournie en livres sterling, lui permet d'éviter de devoir échanger ses euros et ses dollars collectés au moment de la vente de ses jeux et donc de subir les contrecoups du marché monétaire mondial. « Au vu des taux d'intérêts historiquement bas, et de l'incertitude des fluctuations des monnaies, c'est tout simplement une opération intelligente, que nous avons mise en place sur la recommandation de nos conseillers financiers », explique Ortwin Freymouth, le directeur de CIG.
Concernant les garanties prises par la banque, elles seraient « absolument standard » selon le responsable. Il précise que la première garantie porte sur le crédit d'impôt en lui-même. Au cas où ces sommes ne suffiraient pas, les autres options seraient alors envisagées. Cependant, le prêt correspondant à une avance sur ce même crédit d'impôt, tout débordement significatif est à exclure.
Autre précision importante, en cas de problème, seuls les actifs anglais de CIG sont concernés, Star Citizen en lui-même serait donc hors de portée des créanciers. Toutefois, Squadron 42 pourrait éventuellement tomber dans leur escarcelle si un défaut de paiement devait se produire.
En supposant que Cloud Imperium Games soit en bonne santé sur le plan financier, ce qui est fort probable au vu des sommes collectées pour le développement de Star Citizen, tout devrait bien se passer pour l'entreprise. Tant mieux pour ceux qui attendent encore le lancement de la version finale du titre avant de s'y essayer, et pour ceux qui profitent déjà de son ébauche.