Visiblement lassé d'être en dernière position sur l'indice de performance de Netflix, Free attaque la plateforme de streaming devant le tribunal de commerce de Paris. Il demanderait à ne plus être présent dans ce classement mis à jour chaque mois, ainsi que des dommages et intérêts.
Depuis plusieurs années, l'ambiance est tendue entre Netflix et Free. Lors du lancement de la Freebox mini 4K, la plateforme de streaming était ainsi absente de la nouvelle box et, aujourd'hui encore, elle n'est pas officiellement disponible : il faut passer par un fichier APK pour l'installer.
Free : « dites à Netflix de revenir nous voir » en 2015, dépôt de plainte en 2017
À l'époque, Xavier Niel lançait une pique à l'américain : « Dites à Netflix de revenir nous voir, qu'on tombe d'accord avec eux comme avec d'autres avec qui on a pu avoir des rapports conflictuels ». Il ajoutait que la présence de services « de qualité équivalente », comme CanalPlay, devrait « faire réfléchir » Netflix. En octobre de la même année, Reed Hasting, patron de Netflix, revenait à son tour sur les discussions avec Free : « Il nous reste à nous entendre sur le prix » affirmait-il à nos confrères du Journal du Dimanche.
Deux ans plus tard, c'est le statu quo. Mais Free a récemment décidé de passer à l'offensive et d'attaquer la plateforme de streaming devant le tribunal de commerce de Paris, comme le rapportent nos confrères de BFM Business. En cause, l'indice de performance des FAI publié chaque mois par Netflix.
Free, habitué de la dernière place de l'indice de performance des FAI de Netflix
Pour rappel, l'américain se base sur « le débit moyen aux heures de grande écoute du contenu Netflix regardé en streaming ». Il ajoute « que le débit indiqué dans l'indice de performance des FAI n'est pas une mesure du débit maximal ni une indication de la capacité maximale d'un FAI ». Il ne donne par contre pas plus de détails sur la méthodologie, et notamment sur le nombre de clients qui disposent d'un abonnement permettant de profiter de la HD par exemple, ce qui demande une bande passante plus importante.
Depuis mai 2016, la plateforme propose également un outil pour mesurer la vitesse de votre connexion entre votre ligne avec les serveurs de Netflix : Fast.com. Un moyen d'accentuer la pression sur les FAI en leur envoyant directement les clients mécontents. La plateforme explique en effet que ce service « permet de vérifier les vitesses de téléchargement obtenues auprès de votre fournisseur d'accès en cas de problèmes de streaming ».
Dans les premiers mois qui ont suivi l'arrivée de Netflix en France, Free était dernier ou avant dernier, mais en restant relativement proche de SFR dans le classement. La situation s'est par contre dégradée un an plus tard avec une chute importante du débit moyen entre décembre 2015 et mai 2016 (de 3,28 à 2,37 Mb/s en moyenne).
Depuis septembre 2015, Free est systématiquement en dernière position, souvent avec un écart important avec l'avant dernier. Parfois, l'opérateur était même en dernière position au niveau européen.
Free voudrait disparaitre du classement et demande des dommages et intérêts
L'opérateur réclame des dommages et intérêts à Netflix, « qui pourraient se monter à des dizaines – voire des centaines – de millions d'euros » selon nos confrères. Free demande aussi à être retiré de ce classement. BFM Business explique qu'il est « le seul opérateur français à ne pas être raccordé directement au réseau de Netflix, ce qui pourrait expliquer ses mauvaises notes dans les mesures du californien. Le problème est que cette mesure ne distingue pas les opérateurs raccordés et ceux qui ne le sont pas ».
Contactés par nos soins, Netflix nous explique qu'il « ne fait aucun commentaire sur les procédures en cours », tandis que Free n'a pas encore répondu à nos questions. Pour rappel, nous avions déjà interrogé le fournisseur d'accès à Internet sur ses mauvais résultats dans l'indice de performance de Netflix, mais l'opérateur n'a jamais souhaité nous répondre.