Droit à l’oubli mondialisé : le bras de fer entre la CNIL et Google arrive au Conseil d’État

Droit à l’oubli mondialisé : le bras de fer entre la CNIL et Google arrive au Conseil d’État

Gomme toujours

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Marc Rees

Publié dans

Droit

21/06/2017 3 minutes
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Droit à l’oubli mondialisé : le bras de fer entre la CNIL et Google arrive au Conseil d’État

La plaie de ce différend est béante depuis des mois entre Google et la CNIL. Quand celle-ci rêve d’un droit à l’oubli étendu à toutes les extensions, le moteur souhaite voir ce coup de gomme limité celles attachées à l’Europe. Le Conseil d'État audiencera les deux parties la semaine prochaine. 

En 2014, la Cour de justice de l’Union européenne a considéré que les moteurs réalisaient un traitement de données personnelles dans les informations indexées. Il a dans le même temps estimé que les antennes locales – Google Spain dans ce dossier − étaient tenues en conséquence d’effacer les données traitées ni loyalement, ni licitement, ni celles qui ne sont plus « adéquates », « pertinentes » ou « non excessives ». Depuis, des milliers d’internautes, notamment en France, ont obtenu l’effacement de traces personnelles mémorisées par les moteurs.

La CNIL plaide pour un déréférencement visant toutes les extensions

Un point crucial oppose toutefois Google à la CNIL. La gardienne des données personnelles considère que l’effacement doit être mondial, sur toutes les extensions. Elle déduit cette portée de la décision de la CJUE lorsque celle-ci demande de prévoir « un champ d’application territorial particulièrement large » et une protection « efficace et complète » des personnes physiques. « Les extensions géographiques ne sont qu’un chemin d’accès au traitement. Dès lors que le déréférencement est  accepté par le moteur de recherche, il doit s’opérer  sur toutes les extensions conformément à l’arrêt de la CJUE » argumente-t-elle dans sa mise en demeure. 

En face, Google considère que cette protection doit être limitée aux seules extensions relatives aux pays européens (.fr, .be, etc.), laissant intacte par exemple l’extension .com de son moteur. 

Ce bras de fer s’est soldé par une amende de 100 000 euros à l’encontre de Google, qui a attaqué sur le champ cette décision administrative devant le Conseil d’État au printemps 2016. Alors que l’audience publique était attendue en décembre, selon nos informations ce n’est que finalement le 28 juin à 14 heures qu’elle se tiendra à la haute juridiction. « Si nous devions appliquer la loi française partout dans le monde, combien de temps faudrait-il avant que d’autres pays - peut être moins libres et démocratiques - exigent à leur tour que leurs lois régulant l’information jouissent d’un périmètre mondial ?  » expliquait Google en appui de sa procédure.  

Un risque de nivellement par le bas, selon Google

Le mois dernier, Peter Fleischer, en charge de la vie privée chez Google, insistait sur cette même veine : « l'application du droit à l’oubli au-delà de l'Europe constituerait un précédent grave. Il y aurait un nivellement par le bas sachant que d'autres pays, peut-être moins ouverts et démocratiques que la France, ont déjà ordonné à Google de supprimer des liens de recherche pour tous les citoyens de tous les autres pays du monde. »

Le dossier pourrait se solder par une nouvelle question préjudicielle. Déjà la France a adressé une salve de questions à la Cour de Luxembourg, toujours sur ce même thème, en visant cette fois le sort des données sensibles telles les condamnations pénales indexées par les moteurs via les articles de presse.

 

Écrit par Marc Rees

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

La CNIL plaide pour un déréférencement visant toutes les extensions

Un risque de nivellement par le bas, selon Google

Le brief de ce matin n'est pas encore là

Partez acheter vos croissants
Et faites chauffer votre bouilloire,
Le brief arrive dans un instant,
Tout frais du matin, gardez espoir.

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Commentaires (19)


Yahoo! vs LICRA, épisode 2 : le retour de la revanche (en 3D)


Après, va falloir s’attaquer à Yandex puis à Baidu….. Ca risque d’être drôle.<img data-src=" />


Ach, Goote zous-titre, ya ! <img data-src=" />


Il est totalement inadmissible que le déréférencement ait été laissé entre les mains des opérateurs privés. Les demandes devraient arriver à la CNIL ou tout autre organisme qui les transmettrait ensuite aux opérateurs pour application. Maintenant faut assumer mon coco.



Google a entièrement raison de refuser un déréférencement mondial. La loi est d’application territoriale (sauf exception mais pas dans ce domaine).



&nbsp;


Je pense que le plus évident serait de faire disparaître Google !













&nbsp;Pardon… je suis dans le Sud… la canicule me fait perdre la boule…


On parle de déférence ment sur tout les noms de domaines ou sur tout les territoires ? C’est pas pareil

Quand au fait de passer par les CNILs, ça devrait être réservé aux cas ou il y a différence d’appréciation entre l’opérateur et le requérant








Sigma42 a écrit :



On parle de déférence ment sur tout les noms de domaines ou sur tout les territoires ? C’est pas pareil





Ben… Si c’est déréférencé sur tous les .tld de Google, que tu te trouves en France ou dans une grotte en Afghanistan, c’est exactement pareil.<img data-src=" />





« Si nous devions appliquer la loi française partout dans le monde, combien de temps faudrait-il avant que d’autres pays - peut être moins libres et démocratiques - exigent à leur tour que leurs lois régulant l’information jouissent d’un périmètre mondial ? »





C’est marrant, mais quand Google supprime un lien suite à un DMCA (donc une loi US) et bien ca disparait partout même sur google.fr, google.cn, google.ru, …



je dis ca…








Romaindu83 a écrit :



Je pense que le plus évident serait de faire disparaître Google !













 Pardon… je suis dans le Sud… la canicule me fait perdre la boule…







Non par pitié … Quand “Google ne marche pas” chez nos clients, nous sommes appelés. Car c’est bien connu. Une page de démarrage qui ne pointe pas vers Google est le symptôme d’un PC défaillant. Quand les admins mettent 8.8.8.8 et 8.8.4.4 partout, comment feront-ils ensuite ?

Non, je ne veux pas que Google disparaisse !



+1








127.0.0.1 a écrit :



C’est marrant, mais quand Google supprime un lien suite à un DMCA (donc une loi US) et bien ca disparait partout même sur google.fr, google.cn, google.ru, …



je dis ca…







Bah justement, les US sont bien plus libres et démocratiques que tous les autres pays du monde



Merci pour ce moment de fou rire <img data-src=" />

Ce joli pays où les entreprises sont tenues par la loi de mentir à leur clients


<img data-src=" /> la je dis respect, il est beau <img data-src=" />


C’est vrai que là, y’a pas photo. Même pas le début de l’idée d’un songe pour faire une photo.

&nbsp;Il a éteint tout le monde sur la ligne de départ.&nbsp;


Ça pourrait être une restriction via geo-ip c’est ça que je dis








Sigma42 a écrit :



Ça pourrait être une restriction via geo-ip c’est ça que je dis





VPN, proxy…



ce qu’ils ont fait semble-t-il :&nbsphttp://www.latribune.fr/opinions/tribunes/google-face-a-la-cnil-la-defense-du-dr…



là la CNIL demande l’application aux internautes japonais (par exemple) des contenus oubliés en France. Tout ça parce qu’ils savent bien que les petits rigolos savent faire marcher un VPN


Archi faux! Je suis au Cameroun et j’ai bien accés à tous les liens via google interdits au US ou en Europe. Exemple le plus simple la recherche de torrent very easy


Je ne voulais pas dire que la suppression de l’index google.com impliquait automatiquement la disparition de tous les autres index.



Je voulais dire qu’une société francaise (SCPP) peut adresser un DMCA à Google.inc (en passant par la société Rivendell) et demander la suppression de liens sur google.com, google.fr, ….



Bref, quand tu t’adresses a Google.inc avec un DMCA (donc loi US), tu peux demander a Google de supprimer des liens sur tous les domaines de ton choix, même sur des domaines non-US.



Réciproquement on pourrait imaginer qu’une requête adressée a google.fr avec une loi francaise pourrait supprimer des liens sur tous les domaines, même sur des domaines non-FR.