Afin de porter la bonne parole aux plus jeunes quant aux usages responsables sur le Net, la Hadopi souhaite entrer dans Educnum, un collectif créé par la CNIL en 2013. Seulement, ses chances de succès sont minces. Pour ne pas dire nulles.
Créé en mai 2013 par la CNIL, Educnum est un collectif « issus du monde de l’éducation, de la recherche, de l’économie numérique, de la société civile, de Fondations d’entreprises et d’autres institutions ». Son objectif ? « Porter et soutenir des actions visant à promouvoir une véritable culture citoyenne du numérique ».
Parmi ses nombreuses missions, Educnum veut sensibiliser les plus jeunes aux joies d’ « un usage responsable et éclairé des technologies numériques ». Usage responsable, technologie du numérique, jeunes… Il n'en fallait pas moins pour exciter les cadrans de la Rue du Texel.
Hadopi et les jeunes
Depuis plusieurs années, la haute autorité multiplie en effet les initiatives à l’égard de cette population d’internautes, soit en mesurant les pratiques notamment illicites des natifs du smartphones, soit par des ateliers d’information et de sensibilisation à la création numérique. Comme l’explique son dernier rapport annuel, ces rendez-vous « visent à informer élèves et enseignants sur les grands principes du droit d’auteur, encourager les usages responsables sur Internet, sensibiliser à la richesse culturelle en ligne et initier les élèves à la création ».
En 2013, la Hadopi, période Marie-Françoise Marais, avait par exemple organisé un tel échange pour distiller la doctrine du droit d’auteur aux oreilles des plus jeunes : « si on ne fait rien les artistes que vous aimez, à commencer par les plus petits ne tiendront pas le choc et bientôt, à l’image des espèces menacées, ils disparaitront » soutenaient les documents glissés dans les cartables.
Cette journée portes ouvertes fut fermée à la presse alors qu’initiée dans le cadre de « la Semaine pour la Presse et les médias à l’École ». Quatre ans plus tard, c’est au tour de la Hadopi de se retrouver nez à nez avec une porte presque close.
Un consensus favorable au refus
Voilà peu, la haute autorité a postulé pour intégrer Educnum. Une belle manière d’exploiter un nouveau tremplin pour toucher le jeune public, tout en s’abritant entre les murs d’une instance créée par la CNIL. Seulement, le collectif fait la grimace : « Un consensus s’est dégagé parmi les membres présents à la réunion pour considérer qu’il n’apparaît pas opportun de donner une suite favorable à cette demande d’adhésion ». Voilà ce qu’indique un courrier tout juste adressé à sa soixantaine de membres.
Ce refus est justifié « de par la nature des actions qu’il mène et les missions qui sont les siennes », considérant que « le collectif souhaite donner la priorité aux représentants de la société civile, de préférence à des structures administratives, et ce sans préjudice des relations bilatérales qui peuvent se nouer avec cette autorité ».
Une consultation est organisée jusqu’à la semaine prochaine pour formaliser les positions de chacun. Autour de cette grande table, se retrouvent des structures privées comme l’Association francophone des utilisateurs de logiciels libres, les Associations familiales catholiques, Cap Digital, l’Association Française des Prestataires de l'Internet, e-Enfance, Axa Prévention, la Fédération des Conseils de Parents d'Élèves, la Fondation Free, France Télévisions, la SACEM, etc. Mais également plusieurs « structures administratives » dont la Caisse des Dépôts et consignation, la CNIL et le Conseil économique social et environnemental.