En visite à VivaTechnology, le président de la République a annoncé des mesures en faveur des jeunes pousses, dont un futur fonds de dix milliards d'euros piloté par Bpifrance. Il pointe aussi un futur assouplissement du droit et une poussée vers l'État plateforme, ainsi que des services publics moins étalés sur le territoire.
Jacques Chirac avait le salon de l'agriculture, Emmanuel Macron a VivaTechnology. En déplacement hier, le chef de l'État a célébré l'esprit entrepreneurial français et l'élan vers une « start-up nation » qu'il appelle de ses vœux. Dans un salon qu'il veut voir devenir « le nouveau CES », le président a déclaré vouloir la France en pointe sur « l’Internet des objets, l’intelligence artificielle, la convergence entre le numérique et les cleantech et toutes les technologies du greentech, la convergence entre le numérique et le healthcare » à l'occasion d'un discours aux accents anglais.
La principale annonce concerne la création d'un fonds dix milliards d'euros pour le financement des jeunes pousses, confiée à la Banque publique d'investissement (Bpifrance). Aucune date n'a été donnée, mais le président a salué son travail. Son hyperactivité inquiétait même la Cour des comptes, qui craint que ses investissements tous azimuts ne gênent l'investissement privé.
Supprimer l'ISF pour soutenir l'investissement
Macron souhaite lever les freins à l'investissement, qui passe notamment par « un prélèvement forfaitaire unique de 30 % tout compris des revenus du capital » et la fin de l'impôt sur la fortune (ISF), pour la prochaine loi de finances. Il veut aussi encourager la prise de risque dans l'épargne. Des mesures parmi bien d'autres.
« En baissant l’impôt sur les sociétés, en réduisant les charges salariales et patronales, en simplifiant les dispositifs d’incitation à l’innovation, en supprimant le RSI, nous créerons un contexte plus attractif pour les entrepreneurs et qui leur permettra de réussir davantage, plus vite, plus fort, à l’échelle du pays puis du continent et à l’échelle mondiale » a lancé le chef de l'État.
Dans son discours, il promet aussi d'assouplir le droit, notamment autour du crédit impôt recherche (CIR), de décloisonner la recherche publique et l'entreprenariat et de détruire les barrières entre jeunes pousses et grands groupes. « Le choix est fait depuis le 7 mai dernier. Les Françaises et les Français l’ont exprimé clairement. La France sera la nation leader de cette hyper-innovation, du changement, de la transformation profonde » tente le président.
Vers un État plateforme
Il prépare aussi la création d'un fonds de capital-risque, « dont le cœur doit être la France, l’Allemagne et l’Italie » pour soutenir les jeunes pousses lors des deuxième et troisième tours de table. Le président soutient aussi le « marché unique du digital » (sic), en parlant du marché unique numérique mis en branle depuis 2015 par la Commission européenne pour abolir les frontières à l'activité numérique entre États membres.
Au fil de son texte, Emmanuel Macron a répété vouloir maintenir les entreprises en France, notamment au moment où elles se développent le plus fortement. Dans un contexte où les institutions européennes prônent le privacy by design, la certification de la sécurité de l'Internet des objets et préparent un meilleur contrôle des données, cette volonté française d'être au coeur des desseins communautaires tranche avec les volontés d'état d'urgence permanent et contre le chiffrement affichées par l'exécutif.
Enfin, il déclare son engagement pour l'État plateforme, qui doit notamment s'exprimer par l'ouverture des données (même si elle reste parfois difficile) et la numérisation de toutes les procédures administratives d'ici 2022. Macron envisage des administrations plus efficaces. « Un État qui ne multiplie pas partout la présence physique, mais la concentre là où elle est nécessaire, au contact, dans un rapport humain indispensable mais que nous devons réinventer » pour résumer.