Spotify a présenté hier ses résultats annuels pour 2016 devant les autorités du Grand-Duché de Luxembourg. L'entreprise scandinave est toujours en phase de croissance rapide, mais le poids de ses dettes contractées l'an passé se fait désormais très lourd.
Pour Spotify, jusqu'ici, tout va bien. Le géant suédois du streaming musical continue de grandir jour après jour, et son dernier bilan annuel diffusé auprès des autorités luxembourgeoises peut en témoigner.
Croissance continue
Sur l'ensemble de 2016, Spotify a enregistré un chiffre d'affaires de 2,933 milliards d'euros, soit une progression de 52 % par rapport au chiffre de 1,928 milliard d'euros enregistré en 2015. Sur l'exercice 2014, il était question de seulement 1,084 milliard.
Malgré cette croissance soutenue des revenus, le géant suédois est encore loin d'afficher des bénéfices record. Son résultat opérationnel est ainsi négatif sur 2016, avec des pertes de 349,4 millions d'euros, contre 236,3 millions un an plus tôt. Un point que le spécialiste du streaming justifie par « de substantiels investissements réalisés tout au long de l'année, principalement dans le développement du produit, son expansion à l'international et une augmentation générale des effectifs ».
Les pertes nettes se sont quant à elles encore un peu plus creusées et ont atteint 539,2 millions d'euros l'an dernier, contre 231,4 millions en 2015, Cette fois-ci, Spotify évoque une nette augmentation des coûts liés à sa dette, un point qui ne devrait pas s'arranger en 2017.
Argent, trop cher
Souvenez-vous, Spotify avait levé en mars 2016 un milliard de dollars de dettes convertibles, avec des conditions qui ne lui étaient pas vraiment favorables. En voici les principales :
- Les prêteurs pourront échanger leur dette en actions Spotify au moment de son entrée en bourse, avec un rabais garanti de 20 %. Si celle-ci intervient après plus de 12 mois, la réduction augmente de 2,5 points tous les 6 mois.
- Les prêteurs pourront commencer à vendre leurs actions 90 jours seulement après l'introduction, contre 180 jours pour les autres actionnaires, employés compris
- Le taux d'intérêt de départ est fixé à 5 %, et augmente d'un point tous les six mois, avec un plafond à 10 %. Seule l'entrée en bourse de Spotify peut arrêter la hausse du taux.
Cet arrangement a coûté cher à Spotify. L'entreprise indique des dépenses à hauteur de 245 millions d'euros liées à ces fameuses notes convertibles. De quoi nettement plomber son résultat net.
Dernier détail important, Spotify s'est lancée dans le rachat de quatre entreprises en 2016 mais n'a pas eu vraiment besoin de piocher dans son pactole, ces acquisitions lui ayant coûté au total 39 millions d'euros. À fin 2016, l'entreprise disposait de près de 1,6 milliard d'euros de liquidités disponibles.
La publicité et les abonnements progressent
Si Spotify ne divulgue pas la répartition précise de ses revenus entre ceux issus des abonnements et ceux provenant des publicités diffusées aux utilisateurs gratuits, l'entreprise assure que ces deux postes ont connu une progression similaire en 2016. Les abonnements ont ainsi grimpé de 52 %, tandis que la publicité a enregistré une croissance de 50 % sur un an.
Ces deux scores sont dus à l'augmentation de l'audience du service. De 91 millions d'utilisateurs fin 2015, il est passé à 126 millions au 31 décembre dernier. Sur la même période, le nombre d'abonnés payants a bondi de 28 millions à 48 millions.
Hasard du calendrier, l'entreprise a également annoncé hier avoir franchi la barre des 140 millions d'utilisateurs. Le cap des 50 millions d'abonnés avait quant à lui été atteint en mars 2017. À titre de comparaison, Deezer revendique environ 7 millions de clients payants.
Jackpot pour les ayant droits
On notera enfin que Spotify indique à ses actionnaires avoir signé « des accords pluriannuels avec certains labels musicaux et éditeurs » afin de pouvoir diffuser les œuvres de leur catalogue. Au total, ces contrats prévoient le versement d'un minimum de 2 milliards d'euros de royalties sur les deux prochaines années.
De quoi faire grandir encore un peu plus la part du streaming dans les revenus des majors. Au dernier trimestre, Vivendi se vantait ainsi d'avoir vu les revenus d'Universal Music Group liés à ce mode de diffusion grimper de 49 % par rapport à l'an dernier. Au premier trimestre, le streaming avait rapporté 467 millions d'euros à UMG, soit 75 % de ses ventes numériques, et 36 % de son chiffre d'affaires total.