Blade, la société française qui travaille depuis des mois sur sa solution de « PC dans le cloud » vient d'annoncer une nouvelle levée de fonds record : 51 millions d'euros. Elle veut en profiter pour se développer à l'étranger, renforcer son avance technologique et diversifier son offre.
Cela fait maintenant près d'un an que la petite équipe de Blade a décidé de se lancer avec son « PC du futur » : Shadow. Une solution qui prend la forme d'une machine « dans le cloud » dotée de composants dédiés pour un tarif plutôt raisonnable, à l'inverse de ce que propose une bonne partie de la concurrence.
Comme nous l'évoquions lors de notre première analyse de l'offre, il est question de 30 à 45 euros par mois (selon la durée de l'engagement) pour un processeur Xeon à trois cœurs (quatre pour les early birds désormais), 12 Go de mémoire vive, 256 Go de stockage et surtout, une GeForce GTX 1070. Le tout est accessible via un client léger livré gratuitement, mais aussi des solutions logicielles sous Android, macOS et Windows qui sont actuellement en test (la version iOS arrive).
Pour faire simple, on se retrouve avec une puissance à peu près équivalente à ce que Microsoft vient d'annoncer de manière triomphante pour sa Xbox One X, mais accessible n'importe où, avec une licence Windows 10 Famille et la possibilité d'y installer ce que l'on veut (ou presque).
Notre dossier sur Shadow, le « PC du futur » :
- Shadow : analysons la révolution du PC, avec une GTX 1070 « dans le Cloud » dès 29,95 €
- Shadow prépare l'après, Blade lève 51 millions d'euros et veut 100 000 clients
- PC Shadow : un an après son lancement Blade veut passer la seconde (et à des GTX 1080)
- Le PC Shadow pour tous le 29 novembre : tarif « inchangé », Quadro P5000, châssis par 2CRSI
- C'est le grand jour pour le PC « dans le Cloud » Shadow : nouvelle offre, ouverte à tous
51 millions d'euros pour révolutionner le PC
Si nous ne reviendrons pas ici sur le fonctionnement de ce service (voir notre analyse), il est temps de faire un premier point d'étape alors que les Français viennent d'annoncer une levée de fonds de 51 millions d'euros.
Presque un record pour cette année dans l'Hexagone (Oodrive ayant levé 65 millions d'euros en mars). C'est aussi 1,5 jour des bénéfices attendus par Intel pour 2017. C'est tout de même énorme pour un projet lancé en 2015, que certains jugeaient mort-né au regard des expériences précédentes, ou par sa dépendance au besoin de disposer d'une bonne connexion Internet.
L'équipe en est persuadée, elle tient là ce qui pourrait remplacer une bonne partie du parc PC à travers le monde. Et ce ne sont pas des projets comme Liquid Sky, GeForce Now ou mêmes des solutions plus orientées vers la bureautique comme le proposent Amazon ou OVH qui l'effraient. Au contraire, elle voit plutôt cette effervescence comme le signe qu'elle est sur la bonne voie.
Mais si nous nous sommes rendus chez Blade ce mercredi, ce n'était pas tant pour évoquer cette levée de fonds ou les entendre nous répéter leur conviction profonde. Nous voulions parler de ce qui importe, c'est à dire tout le reste.
Une petite équipe, très engagée
Sur la levée de fonds il y a de toute façon peu à dire. Blade n'évoque pas le détail de son pacte d'actionnaires, ni sa valorisation. « Ce serait possible, mais la société ne veut pas passer pour l'une de celles qui cherche avant tout à se vendre » nous confie un proche du dossier. Un point pas si anodin donc, qui doit prouver que cette équipe de 47 personnes (contre 13 en fin d'année dernière) est là pour durer.
Les trois fondateurs, Emmanuel Freund, Acher Criou et Stéphane Hélio sont encore majoritaires. La levée a été menée principalement auprès de ceux qui avaient déjà investi 13 millions d'euros dans les deux tours précédents. On y retrouve notamment Pierre Kosciusko-Morizet, fondateur de PriceMinister, Michaël Benabou, cofondateur de Vente-Privée.com et Nopporn Suppipat, fondateur de Wind Energy Holding. Ce dernier devient également membre du comité stratégique.
L'équipe reste donc en famille. Une petite dizaine de nouveaux sont aussi de la partie dont Laurent de La Clergerie de LDLC mais aussi des employés, des pro-gamers et autres influenceurs précise Emmanuel Freund, cofondateur et président de Blade. N'allez pas croire qu'il s'agit là d'actions gratuites, offertes contre des heures supplémentaires ou de la publicité gratuite sur Twitter et YouTube. Ces actions ont été payées au même prix que le reste des investisseurs nous assure-t-on.
Seul le niveau minimum d'investissement est bien plus faible dans ces quelques cas. « Pour nous, la vraie façon de montrer que l'on croit dans notre projet, c'est de proposer à ceux qui nous suivent d'investir dedans avec leur propre argent » détaillait Freund lors de la conférence.
Cette seconde levée n'est sans doute qu'une étape, et l'on imagine la phase suivante déjà dans les tuyaux. Car le but est de faire passer Shadow du PoC (Proof of Concept) avec quelques centaines de clients à une machine industrielle, organisée et disponible à l'étranger. Cela implique un développement plus rapide, de nombreuses nouveautés, des objectifs un peu fous et surtout une communication plus maitrisée.
Une communication renouvelée...
Car au départ, Blade c'était surtout un peu le foutoir, même pour les simples clients. L'équipe s'était entourée d'une agence pour s'assurer une présence dans de nombreux médias grand public et auprès d'influenceurs, afin de porter un discours de produit simple visant le joueur, loin des considérations techniques.
Surtout, elle avait misé sur une communication directe, au risque parfois de répondre un peu trop vite. On se souvient d'un épisode autour de la question de la latence de « 3 ms ». Un argument notamment critiqué par quelques experts de la question sur Twitter, qui avait mené à une réponse entre mea culpa et agacement un peu trop perceptible.
Elle pouvait donc aussi bien s'exprimer via des Facebook Live que sur YouTube, dans son Discord que via un forum, ou parfois par mail. Le tout étant un peu difficile à suivre. Les annonces partaient parfois dans tous les sens, les délais n'étaient pas toujours respectés... de quoi potentiellement frustrer pas mal de monde au début.
... un fonctionnement plus organisé
Emmanuel Freund nous l'a confié lors de notre échange, non sans un trait d'humour : « les dates, c'est fini ! ». Plus concrètement, l'équipe s'est renforcée au cours des derniers mois triplant son effectif (et se préparant à dépasser le cap fatidique des 50 salariés).
Cela concerne aussi bien le support que des postes visant une meilleure organisation interne. Elle a notamment recruté Christophe Henner (ex-DG adjoint de Webedia Gaming et président de la fondation Wikimedia), qui occupe le poste de COO (directeur de l'exploitation) depuis quelques mois.
Désormais, les tests se veulent plus rigoureux, et les feuilles de route plus claires. À écouter les quelques personnes avec qui nous avons pu échanger, les erreurs du passé ont été comprises et sont en train d'être corrigées. On ne devrait donc plus recevoir de communiqué annonçant pour la énième fois le lancement de Shadow, tout comme l'on ne devrait plus voir de publicité douteuse au sein des résultats de Google.
Chaque mise à jour devrait être évoquée sur les différents canaux de communication avec les clients, mais surtout être concrétisée par une annonce sur le blog officiel (qui renvoie actuellement sur Facebook). Celui-ci pourrait d'ailleurs couvrir d'autres objectifs, comme nous aurons l'occasion de le voir un peu plus loin.
Vente directe et industrialisation des process
Cette croissance doit aussi accompagner celle des clients. Après avoir rapidement écoulé 500 Shadow lors de la phase des early birds, la société en a désormais vendu 5 000 alors que l'accès est toujours limité. De quoi occuper 800 serveurs, nécessaires aux 225 487 heures d'utilisation des 30 derniers jours (soit 2,5h par jour et par utilisateur en moyenne).
Mais 2 000 commandes restent à pourvoir, les précommandes étant actuellement fermées. Blade veut ainsi passer dans une nouvelle phase de sa commercialisation, avec une vente en accès libre, toujours sur son site. Mais pour cela, il faut disposer d'un modèle industriel solide, et toujours disposer d'assez de machines. Elle veut notamment éviter les soucis que rencontre son concurrent Liquid Sky, qui, bien qu'il utilise des machines mutualisées et non des composants dédiés, rencontre de gros soucis de disponibilité depuis le lancement de sa v2.0.
L'idée est donc de préparer cette ouverture plus large annoncée « d'ici quelques semaines » (vous vous rappelez : plus de date !), qui doit lui permettre d'assurer une croissance bien plus forte qu'au cours des mois précédents. Outre la production des machines, il faudra aussi que la société se mette en ordre de marche pour assurer un support plus réactif, et sans doute proposer des solutions plus directes à certains problèmes.
Il faudra aussi résoudre la question de la qualité de la connexion internet, pour éviter de livrer un dispositif complet à des clients qui pourraient finalement s'apercevoir que leur débit ou leur latence pose problème. Pour cela, une solution simple existe : proposer une offre d'essai à travers les clients logiciels. Est-ce la piste retenue par Shadow ? « Oui » nous a-t-on répondu, sans plus de détails sur les modalités qui seront proposées.
Nous avons aussi évoqué le contrôle de la machine dans l'interface client. Si celle-ci vient à être bloquée pour une raison ou une autre, il est impossible d'effectuer un redémarrage à la demande, comme il est pourtant possible via d'autres service « cloud ». Il nous a été confirmé que c'était en cours, de tels outils étant déjà disponibles en interne, mais pas encore accessibles aux clients.
Cela pose aussi la question de la sécurité de l'accès au compte utilisateur, qui peut devenir un point bien plus sensible qu'actuellement. Faudra-t-il ajouter un dispositif de double authentification, une validation par email de certaines actions ? Des pistes sont pour le moment évoquées, la sécurité étant un élément traité de manière un peu plus globale (nous y reviendrons).
Une extension à l'étranger : 100 000 clients d'ici fin 2018
Tout cela pour en arriver à l'objectif que se fixe la société d'ici à fin 2018 : disposer de 100 000 clients. Pour y parvenir, le marché français ne sera pas le seul sollicité. Blade va en effet se déployer en Allemagne et en Angleterre d'ici l'an prochain. Concernant ses points de présence, elle étudie actuellement les possibilités de maillage en Europe, mais devrait rester auprès de Data4 pour ce qui est de la France.
« Ce n'est pas tant la question de la distance qui importe que le nombre de « hop » au sein d'une connexion, afin d'assurer un service correct à nos clients. [...] Mais si jusqu'à maintenant il nous fallait convaincre lorsqu'il était question de faire accueillir nos serveurs, cela est bien plus facile maintenant que nous avons prouvé que le projet était concret et que tout fonctionnait comme nous l'avions annoncé » nous a répondu Emmanuel Freund.
Dans le même temps un bureau va être ouvert à Palo Alto, afin de se rapprocher de l'écosystème américain. Les équipes de Blade ont déjà rencontré de nombreux constructeurs, notamment AMD à Austin, afin de discuter de leurs besoins et d'éventuels partenariats. Actuellement, l'équipe exploite des serveurs à base de Xeon et de GeForce GTX 1070, mais ces composants devront forcément évoluer dans les prochains mois.
De plus, les serveurs ASUS utilisés jusqu'à maintenant ne sont pas pensés pour accueillir des cartes graphiques grand public, un point qui fait partie de la promesse de Blade. La société devrait donc chercher à personnaliser un peu plus ses serveurs et les adapter à ses besoins spécifiques.
La distribution : une clef de voute encore assez peu évoquée par Blade
Mais passer de 5 000 à 100 000 clients ne se fait pas si facilement. Surtout, la société ne peut pas se contenter d'une vente via le site web maison et d'une communication à petite échelle. Elle musclera sans doute un peu ces aspects dans les mois à venir, mais il semble assez logique de penser qu'elle cherchera des partenaires pour sa distribution.
Interrogée sur le sujet à plusieurs reprises lors de la conférence, l'équipe est restée relativement muette. Cela peut cacher une problématique qui va forcément se poser : avec un tarif de vente entre 30 et 45 euros par mois pour l'offre destinée aux joueurs, la part prise par un distributeur risque d'être non négligeable pour une société qui doit encore trouver son équilibre économique.
Pourtant, on imagine qu'un acteur comme Orange qui proposerait un abonnement Shadow à ses clients fibre plutôt qu'un service de « Cloud Gaming » qui n'a rien de convaincant, pourrait être une bonne idée. Comme le fait de proposer le client léger avec un abonnement chez certains distributeurs comme Boulanger, la Fnac ou pourquoi pas LDLC qui développe un réseau de boutiques en franchise qui commence à être conséquent.
D'autant plus que la société insiste de plus en plus sur son aspect « French Tech » qui pourrait jouer comme un argument ici comme à l'étranger. Elle précise d'ailleurs au passage qu'elle a été récompensée par Bpifrance dans le cadre du Concours d’Innovation Numérique 2017.
Mais les conditions de référencement des revendeurs sont souvent assez drastiques, et pas toujours soutenables pour de jeunes sociétés en recherche d'équilibre et voulant toucher un marché plus large. Si rien ne nous a été confirmé, des discussions sont très certainement en cours. « S'ils communiquent encore assez peu sur le sujet, c'est qu'il y a une raison » nous confie une source proche du dossier.
La douloureuse question des choix techniques
De toute façon, l'équipe fait face à bien d'autres problématiques à court terme. Elle doit tout d'abord délivrer la promesse de départ, alors que parmi les fonctionnalités annoncées, nombreuses sont celles qui manquent encore à l'appel. Surtout qu'elle fait face à bien d'autres demandes : de grosses sociétés qui lui proposent d'intégrer son parc, le besoin d'abonnements diversifiés pour des usages plus spécifiques, etc. Et il lui faut choisir.
Pour le moment, l'équipe a décidé de refuser les gros appels d'offres et ne semble pas vouloir s'orienter vers des solutions où elle ne viendrait que proposer une licence pour sa technologie à installer sur des serveurs maison. Elle veut déjà finaliser son produit actuel et renforcer ses positions sur les usages grand public.
Elle vient par exemple d'annoncer à ses clients l'arrivée prochaine de la gestion du Wi-Fi ou du micro-jack. Elle doit encore activer le support des écrans à 144 Hz, avec FreeSync, ou même finaliser la plupart de ses clients déjà disponibles en bêta : Android, macOS et Windows. La version iOS devant arriver d'ici peu.
Dans le même temps, elle doit répondre à des impératifs techniques plus lourds. Sur des sujets comme le chiffrement des flux vidéo ou de l'utilisation H.265/HEVC, la question de la latence qu'ajoutent de tels dispositifs se pose, notamment dans le cadre d'une utilisation par des joueurs. Est-ce une priorité, l'équipe doit-elle proposer une option, imposer un choix ou même trouver une alternative qui s'adapte à l'usage ?
Un audit des pratiques serait le bienvenu
Sur la question de la sécurité et du chiffrement, nous avons d'ailleurs pu obtenir quelques réponses. Car, même si une majorité d'utilisateurs ne se pose pas ces questions (à tort) lorsqu'il utilise une machine locale, elles deviennent étrangement importantes pour lui dès lors qu'il confie ses données à un tiers.
Blade a toujours indiqué avoir une gestion très responsable des données et des machines. Contractuellement et légalement, elle ne peut y accéder sans l'accord de l'utilisateur. Elle nous a aussi déclaré ne pas pouvoir accéder à une machine protégée par un mot de passe Windows par exemple, ses outils ne lui permettant pas.
Pour autant, est-ce que l'on peut la croire sur parole ? Interrogé, Emmanuel Freund nous a confirmé qu'il était pour un audit de ses pratiques. De telles initiatives pourraient d'ailleurs se mettre en place dans les mois à venir, afin de rassurer les clients. Un appel du pied à la CNIL ?
Le traitement de la sécurité passe aussi par la communication
Quoi qu'il en soit, même un audit peut ne pas suffire, surtout dans le cadre d'un usage professionnel ou de données sensibles. Là, c'est aussi les cas de piratage qu'il faut éviter. Or, il existe pour le moment certaines lacunes. Ainsi, les transferts entre le client local et le serveur ne sont pas chiffrés (frappes au clavier comprises). Cela arrive, nous assure-t-on.
Concernant le flux vidéo, il n'est pas non plus chiffré, mais ici l'enjeu est moins problématique : « ce n'est pas comme avec du texte, où il suffit de sniffer les paquets afin de le lire en clair. Ici, l'image est découpée en de nombreux morceaux lors de la compression puis transmis en UDP. Ainsi, même si un attaquant venait à les récupérer, il faudrait qu'il réussisse à les reconstituer » nous affirme Emmanuel Freund.
Il nous assure que récupérer des bouts d'image, parfois même de simples différentiels entre deux images, traités en temps réel et envoyés dans le désordre, sont impossibles à reconstituer. Pour autant, l'équipe semble avoir entendu les craintes sur le sujet et devrait proposer un chiffrement du flux vidéo, au détriment potentiel de la latence.
C'est là que la possibilité de proposer une option ou de s'adapter à l'usage (chiffrer sur le bureau mais pas en jeu ? quid lors d'un paiement in-game ?) peut intervenir. De manière plus générale, on ne peut que regretter que la société ne prenne pas la parole plus publiquement sur ces questions.
Si elle répond ici ou là, il serait sans doute préférable que ses équipes techniques prennent parfois la parole de manière concrète et détaillée, faisant fi de la volonté d'une communication « simple » et peu technique suivie par la société jusqu'à maintenant. Espérons ainsi qu'un blog technique verra le jour, permettant d'expliquer de manière claire les choix de la société.
Quid du chiffrement des données ?
Autre problème : il est pour le moment impossible de chiffrer l'ensemble du disque principal d'une machine Shadow, seulement de créer des conteneurs en son sein. La raison ? La licence Windows 10 Famille n'intègre pas la gestion de Bitlocker et des outils comme VeraCrypt nécessitent un accès avant le boot de la machine afin de taper le mot de passe permettant de déchiffrer les données.
Si vous le faites, vous ne pourrez plus lancer votre Shadow, et devrez demander une restauration. L'équipe travaille donc à des solutions sur le sujet, mais cette fois, rien de précis ne semble encore évoqué. Il faudra néanmoins trouver une réponse, car l'équipe pense bien à se développer hors du marché des joueurs. Et là, les besoins risquent d'être différents.
Avec Shadow et Veracrypt, vous ne pouvez pas (encore ?) cacher un OS dans votre OS
Viser le marché B2B et de nouveaux usages
Car oui, Shadow va se décliner. Là encore, pas de date ni de détails, tout juste a-t-on eu droit à une piste de réflexion concernant le nom du service « Shadow est plutôt une bonne marque pour les gamers, pas forcément pour un public d'entreprise » a confié Emmanuel Freund pendant la conférence.
L'équipe est parfaitement restée muette, mais elle semble notamment ouverte au fait de proposer des machines moins puissantes et moins coûteuses, pour un usage bureautique. Elle semble aussi intéressée par un service « Pro » qui permettrait aux entreprises une facturation unique et un déploiement centralisé, avec des fonctionnalités d'administrations spécifiques.
Ainsi, si un nouvel employé arrive dans votre société, vous pourriez lui créer et lui attribuer une machine, plus ou moins puissante. Celle-ci pourrait évoluer avec le temps et les besoins. Vous pourrez aussi la supprimer si jamais l'employé venait à partir. Cela évite une gestion de parc en leasing, même si cela pose forcément la question de la dépendance de l'entreprise à la connexion Internet, et de la qualité de service proposée.
Mais à cela, on pourra sans doute répondre qu'il y a de plus en plus de métiers où il devient difficile de travailler lorsque la connexion Internet est absente, machine locale ou non. Il ne faut pas non plus oublier qu'en allant sur ce terrain, la société ira se frotter à des acteurs déjà bien installés comme Amazon ou OVH, qui proposent déjà des offres de type « Cloud Desktop », à des tarifs déjà plus élevés que celle pour joueurs avec une GeForce GTX 1070.
La route est tracée, désormais il faut avancer
Bref, les équipes de Blade semblent plutôt prendre une bonne direction. La levée de fonds annoncée aujourd'hui va leur ouvrir de nouvelles perspectives et leur permettre d'avancer plus vite, et surtout de manière plus structurée. On devrait donc rencontrer de moins en moins de problèmes ou de frictions, telles que celles que l'on a pu constater par le passé.
Reste maintenant à délivrer. Les idées sont nombreuses, et il faudra définir des priorités suivant les objectifs fixés, tout en gardant l'aspect communautaire des débuts, qui participe à la réussite du projet. Il faudra aussi garder l'avance technologique qui fait actuellement l'intérêt de Shadow, avant que la concurrence ne débarque en masse.
La rentrée devrait être l'occasion de faire un premier point sur les évolutions du service et de son modèle, alors que la fin d'année verra la société fêter la première année de son fonctionnement concret. C'est en effet fin décembre 2016 que les premières machines étaient envoyées aux clients Early Birds. Seront-ils encore tous là ? Nous ne manquerons pas de suivre les prochaines étapes de l'aventure.