Dans un communiqué, l'Autorité de la concurrence indique qu'elle autorise SFR Group à prendre le contrôle exclusif de NextRadioTV (BFM, RMC, 01Net, etc.), notamment parce qu'Altice fait face à Canal+. Elle rappelle au passage que « les engagements et les injonctions imposées en 2012 par l'Autorité à l'occasion du rachat des chaînes Direct 8 et Direct Star et de la prise de contrôle exclusif de TPS et CanalSatellite sont actuellement en cours de réexamen ». SFR Group rappelle que cette opération est soumise à l'agrément du CSA.
SFR a l'intention d'approfondir son partenariat avec le groupe NextRadioTV d'Alain Weill. L'opérateur détient déjà 49 % de ses parts, mais envisage d'en « prendre le contrôle exclusif », c'est-à-dire de franchir le seuil de 50 % des droits de vote et du capital.
L'idylle entre Altice, NextRadioTV (01Net, BFM, RMC) et SFR dure depuis maintenant près de dix-huit mois et, à première vue, c'est toujours le grand amour. Tout a commencé en juillet 2015 lorsque Patrick Drahi, le grand patron d'Altice, et Alain Weill, celui de NextRadioTV, se sont mis d'accord pour racheter à deux l'ensemble des parts du groupe audiovisuel. Altice a ainsi pris 49 % du capital et le magnat des médias s'est adjugé les 51 % restants, ce via une OPA qui aura couté au total 595 millions d'euros.
NextRadio TV et SFR, une histoire au long cours
On la connait la suite. En avril 2016, SFR rachète à sa maison mère l'ensemble des parts de Altice Media Group, et par la même occasion les parts de NextRadioTV jusqu'ici détenues par Altice. Ce dernier en a d'ailleurs profité pour faire payer une légère plus-value à sa filiale, avec une valorisation de 741 millions d'euros pour le groupe d'Alain Weill.
Simultanément, Altice entrait en négociations exclusives avec SFR pour la revente d'Altice Media Group. Altice est ainsi parvenu à extraire 604 millions d'euros des caisses de sa filiale.
En juillet 2016, SFR a présenté sa nouvelle organisation, sobrement baptisée NewSFR, dans laquelle un pôle dédié aux médias a fait son apparition. À sa tête, on retrouvait déjà Alain Weill, qui continuait d'assurer en parallèle la présidence de NextRadioTV et de SFR Presse.
Pincettes de rigueur
Aujourd'hui, on apprend que SFR entend « prendre le contrôle exclusif » de NextRadioTV. Une annonce plutôt vague puisque cela ne correspond en pratique qu'à un franchissement du seuil de 50 % du capital et des droits de vote, or SFR se trouve à cette limite depuis le début du rapprochement entre les deux entités. L'opération pourrait donc tout à fait se limiter à la cession de 1,01 % du capital de NextRadioTV et n'avoir qu'un impact limité sur les finances du groupe, ou bien au contraire, porter sur l'ensemble du capital restant, avec un coût bien plus élevé.
SFR prend également quelques pincettes en annonçant la nouvelle. L'opérateur précise ainsi que « ce projet a été pré-notifié à l’Autorité de la concurrence pour recueillir son accord », il a aussi fait l'objet d'une demande d'agrément au CSA. Alain Weill fait également preuve d'une certaine prudence dans ses déclarations : « Notre envie commune se concrétisera à travers l’intégration de NextRadioTV au sein de SFR lorsque les autorités l’autoriseront. »
Des précisions « amusantes » au regard des récents déboires rencontrés par l'entreprise avec l'Autorité, qui avait noté quelques irrégularités lors du rachat de Virgin Mobile et de SFR par Numericable (voir notre analyse).
De nouveaux moyens pour les chaînes et les contenus
Dans son communiqué d'annonce, SFR explique que l'intégration de NextRadioTV en son sein « permettra de lancer des nouveaux projets et de renforcer les moyens des antennes existantes ». Parmi elles, il est question de BFM Sport, BFM Paris et SFR Sport 1 qui ont fait l'objet d'un lancement récent. Mais aussi Numéro 23, dont NextRadioTV veut toujours obtenir le contrôle exclusif, ce qui nécessitera là aussi un accord du CSA.
SFR a également des vues sur la création de contenus maison. Michel Combes, le PDG de la marque au carré rouge explique ainsi que le groupe « a de grands projets que nous allons lancer au cours des prochains mois dans les séries et le cinéma. » Pour l'heure, ces grands projets se font encore attendre du côté de l'offre de SVOD maison qui revendique « 1,2 million d'abonnés », sans aucun détail supplémentaire et malgré un catalogue d'exclusivités relativement pauvre par rapport à la concurrence.