Royaume-Uni et France vont annoncer ce soir une nouvelle campagne contre la radicalisation en ligne. Les efforts vont surtout se tourner vers les intermédiaires techniques, tels YouTube, Facebook, Twitter, du moins ceux accusés de laisser prospérer ce type de contenus.
Dans le cadre de la visite de Theresa May à Paris, Royaume-Uni et France veulent lancer une nouvelle campagne destinée à « s'assurer qu’Internet ne puisse être utilisé comme un espace sûr pour les terroristes et les criminels ».
Peu de détails à cet instant, les deux pays envisagent cependant d’explorer la possibilité d’instaurer une nouvelle responsabilité légale pour les intermédiaires qui ne suppriment pas les contenus mis à l’index. « Cela pourrait, par exemple, inclure des pénalités telles que des amendes pour les entreprises défaillantes. » Une disposition surprise alors que la législation européenne, transposée en France dans la Loi sur la confiance dans l’économie numérique (LCEN) de 2004 instaure déjà, sur les épaules de ces acteurs, des mesures proactives contre le terrorisme tout en préservant leur statut de responsabilité conditionnelle.
Identifier et éliminer automatiquement les contenus
Les deux pays devraient annoncer également un travail commun en collaboration avec les intermédiaires techniques, notamment pour développer des outils visant à « identifier et éliminer automatiquement les contenus nuisibles ». Des intermédiaires qui ne sont pourtant pas restés bras croisés ces dernières années.
Dans ce communiqué de l'exécutif anglais, très en phase avec le récent manifeste des Conservateurs, Theresa May annonce qu'elle fera pression « avec le président Macron [...] sur les entreprises concernées » pour mettre « urgemment » en route les travaux annoncés lors du sommet du G7 le mois dernier. L’idée ? « Élaborer des solutions techniques et politiques partagées pour lutter contre le contenu terroriste sur Internet. »
Le plan d'action du G7
Selon le plan d’action dévoilé fin 2016, les pays du G7 avaient annoncé leur volonté de « collaborer avec les entreprises actives dans le cyberespace, y compris les fournisseurs de services Internet et les administrateurs d’applications pertinentes, pour faciliter les enquêtes antiterroristes, notamment la collecte des données requises, et contrer l’utilisation d’internet à des fins terroristes en vue de recruter des adeptes, de les radicaliser et de les inciter à la violence ». Avec la menace de la création d’une nouvelle sanction à l’encontre de ces intermédiaires, la collaboration promise prend un tournant plus nerveux.
Une nouvelle réunion sera organisée sur ce chantier dans les jours à venir. Selon Theresa May, « le Royaume-Uni et la France travailleront ensemble pour encourager les entreprises à faire plus et à respecter leur responsabilité sociale afin de redoubler d'efforts pour éliminer les contenus dangereux de leurs réseaux, y compris en explorant la possibilité de créer une nouvelle responsabilité légale si elles ne parviennent pas à éliminer les contenus inacceptables ».