Une hécatombe pour les partis traditionnels. Un pont d’or que les députés En Marche vont pouvoir fouler gaiment. Voilà les conclusions des résultats du premier tour des législatives. Une étape politique importante qui passe à la lessiveuse de nombreux grands noms du numérique.
Le grand saut du mouvement la République en Marche (LREM) d’Emmanuel Macron se poursuit. Après une nette victoire à la présidentielle, le jeune parti a gloutonné hier soir de nombreux fiefs aux législatives 2017. Une victoire marquée par un taux d’abstention historique de 51,29 % mais qui, confirmé lors du second tour, permettra à Emmanuel Macron de faire voter aisément ses prochains textes, dont la fameuse loi contre le terrorisme et la sécurité publique. Sauf sursaut anti-godillot.
Lionel Tardy et Laure de la Raudière en ballotage
Dans la lignée des élections pour les Français de l'étranger, plusieurs exemples notables. Dans la deuxième circonscription de la Haute-Savoie, Frédérique Lardet (LRM) est au second tour à 40,72 % des voix. En face, le député Lionel Tardy se qualifie également, mais à 15 points en arrière (25,70 %), ses chances de se maintenir dans l’hémicycle sont plus que réduites. C’est un coup dur pour ce parlementaire LR très investi dans le champ du numérique.
Sa collègue députée sortante de la troisième circonscription d’Eure-et-Loir, Laure de la Raudière, est elle aussi en ballotage. Celle qui avait notamment corédigé un rapport sur la neutralité du Net est en position cependant moins défavorable : ses 30,82 % sont proches des 31,16 % du candidat du Parti Radical de Gauche Harold Huwart. Aucun candidat LRM n’a été investi face à cette proche de Bruno Le Maire qui serait pressentie pour devenir la présidente de l’Assemblée nationale, selon le Canard Enchaîné.
NKM proche de la sortie, Franck Riester largement en tête
Toujours au groupe Les Républicains, l’ancienne secrétaire d’État au numérique, Nathalie Kosciusko-Morizet atteint péniblement les 18,1 % des suffrages exprimés dans la deuxième circonscription de Paris. Très loin devant, Gilles Le Gendre, candidat En Marche, peut s’enorgueillir de ses 41,8 % des voix, laissant là aussi très peu de chance à sa concurrente pour le second tour.
Dans la 5e circonscription de Seine-et-Marne, le député-maire de Coulommiers, Franck Riester (LR) est lui en ballotage cette fois très favorable. Fort de 39,9 % de bulletins, le rapporteur de la loi Hadopi affrontera Joffrey Bollée (FN) et ses 20,6 % de voix.
Bye bye Boutih et Hamon, Filippetti et Urvoas en mauvaise passe
Sur les bancs du PS, Malek Boutih est éliminé dès le premier tour dans la 10e circonscription de l’Essonne. Une flèche dans le cœur pour celui qui n‘avait pas de mots assez durs pour dénoncer le Far-West Internet. Là encore, c’est un candidat LREM, Pierre-Alain Raphan qui rafle la première place à 26,68%.
Très mauvaise nouvelle pour Aurélie Filippetti. La première ministre de la Culture du quinquennat Hollande ne passe pas le premier round. Elle est éliminée à 11,80 % des suffrages face au prétendant LREM Belkhir Belhaddad qui avale 28,03 % des voix dans cette première circonscription de Moselle.
Même gifle pour Benoit Hamon. Celui qui, alors ministre du précédent président, avait porté la grande loi sur la consommation, est immédiatement éliminé (22,59 % des voix). Déjà malheureux lors de la présidentielle, il s’éclipse pour laisser la candidate de La République en marche, Nadia Haï (32,98 %) s’opposer au Républicain Jean-Michel Fourgous (23,09 %).
Jean-Jacques Urvoas, dernier Garde des Sceaux du précédent quinquennat, est en ballotage défavorable. Le moteur de la loi Renseignement qui dénonçait les Exégètes si amateurs, obtient à Quimper 19,77 % des voix. Pas de quoi inquiéter La République en marche et les 40 % d’Annaïg Le Meur.
Situation difficile pour Patrick Bloche et Christian Paul, Isabelle Attard éliminée
Dans la 7e circonscription de Paris, le député sortant Patrick Bloche, président de la commission des affaires culturelles se maintient certes pour le second tour. Mais face aux 42,98 % des voix de Pacôme Rupin (LREM), il part avec des chaussures lestées de plomb (15,97 %). Même difficulté pour le député Christian Paul, son collègue des barricades Hadopi. Dans la Nièvre, le frondeur décroche une place au second tour. Mais à 18,29 %, il part avec un sérieux handicap contre les 33,80 % du candidat de la République en Marche, Patrice Perrot.
Dans la première circonscription des Hautes-Alpes, la députée PS Karine Berger échoue dès le premier tour (11,45 % des voix). Elle pourra contempler le combat entre Pascale Boyer (LREM, 31,93 % des suffrages) et Catherine Asso (LR, 14,09 % des votants). Les ayants droit perdent là une ardente militante d’une redéfinition du statut juridique de l’hyperlien.
Isabelle Attard (DVG) n’a pas davantage résisté au bulldozer Macron. La députée sortante, très investie sur le numérique et les libertés, est éliminée dès le premier tour. À 18,2 %, elle assistera en spectatrice au ballotage dans cette cinquième circonscription du Calvados entre Bertrand Bouyx (LREM, 38,92 %) et Cédric Nouvelot (LR, 23,15 %).
Chez LREM, Mounir Mahjoubi, Emilie Cariou et Blaise Mistler au second tour
Emilie Cariou (LREM) est en ballotage dans la deuxième circonscription de la Meuse. Mais ses 27,1 % lui offrent une belle longueur d’avance face à Éric Vilain, le candidat frontiste qui cumule 18,6 %. Sa belle échappée a été évidemment pointée sur Twitter par Pascal Rogard, le directeur général de la SACD qui connaît bien l’ex-conseillère sur les affaires européennes, internationales et du numérique au ministère de la Culture.
Blaise Mistler, lui aussi candidat En Marche, arrive là encore en tête (23,77 %) dans la Manche. Fait notable, l’ancien responsable des relations institutionnelles de Canal+ puis de la SACEM s’opposera à Sonia Krimi qui décroche 16,89 %. Dans cette 4e circonscription qui fut le fief de Bernard Cazeneuve, cette prétendante certes non investie par la majorité présidentielle avait participé activement à la campagne d’Emmanuel Macron.
Toujours chez En Marche, Mounir Mahjoubi, par ailleurs secrétaire d’Etat au numérique, emporte la première place dans la 16e circonscription parisienne à 38,08 % des voix. Il élimine sans difficulté le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, en quatrième position avec 8,60 % des voix. L’ancien président du Conseil national du numérique sera néanmoins en ballotage pour le second tour face à Sarah Legrain, candidate de la France Insoumise, loin derrière à 20,84 % des voix.
Exit Juan Branco et Jean-Pierre Brard
Dans la 12e circonscription de Seine-Saint-Denis, Juan Branco, avocat de Wikileaks, candidat de la France Insoumise s’incline aussi dès le premier tour. Celui qui avait plaidé pour la fin de la loi Hadopi à l’oreille du candidat Hollande en 2012, décroche tout de même 13,94 % des voix. Mais c’est trop peu face à Stéphane Teste (LREM) et ses 33,84 % et Ludovic Toro (UDI) à 19,69 %.
Toujours dans ce département, mais dans la 7e circonscription, Jean-Pierre Brard, l’un des chevaliers Hadopi, ne pourra fêter son retour dans l’hémicycle. Il arrive très loin face aux deux candidats en ballotage Halima Menhoudj (LREM) à 24.7 % et Alexis Corbière (FI) à 21.6 %.
A Poissy, dans la 12e circonscription, David Douillet n’obtient que 27,5%. Sur le tatami électoral, le candidat Républicain est devancé par Florence Granjus candidate En Marche (41%). On remarquera que le suppléant de celle-ci est Emeric Vallespi, le président de Wikimédia France.
Le fondateur d'Infogramme et celui de Linagora se qualifient
Remarquons tout autant la victoire quasi assurée du fondateur d’Infogrammes, Bruno Bonnell. Il amasse 36,69 % des suffrages dans cette 6e circonscription du Rhône. Au second tour, il rencontrera la candidate PS, Najat Vallaud-Belkacem et ses 16,54 % voix. Toujours chez En Marche, Alexandre Zapolsky, fondateur de Linagora, culmine à 33,9 % des voix dans la 3e circonscription du Var. Il s’opposera au second tour à Jean-Louis Masson (LR) à 23,2 %.
Même succès pour Matthieu Orphelin. Dans la première circonscription de Maine-et-Loire, le candidat LREM décroche la première place (38,97 %). S’il s’opposera à Caroline Fel (LR) et ses 14,5 %, il élimine d’entrée Luc Belot et ses 13,64 %. Le député sortant PS fut notamment rapporteur du projet de loi sur la République Numérique.