Après plusieurs films qui ne nous ont pas laissé une très grande impression, DC Comics revient avec un reboot de... Wonder Woman. L'héroïne mi-déesse, mi-amazone, saura-t-elle nous faire oublier les précédents ratés et préparer l'arrivée de la Ligue des justiciers ?
Lorsque l'univers cinématographique DC (DCU) a été relancé, nous nous étions dit que, comme Marvel en son temps, le géant des comics allait mettre les moyens et les équipes nécessaires pour nous faire oublier un passé bien terne. Une époque dramatiquement symbolisée par le Green Lantern de Martin Campbell (2011).
Avec Man of Steel (Superman) de 2013, nous n'avions été guère emballés par un film aux accents un peu trop patriotiques et aux séquences de baston franchement lourdingues. La scène finale, vantée à coup d'infographie sur le décompte des morts avait achevé de nous persuader que quelque chose n'allait pas.
Wonder Woman > Batman et Superman (réunis)
Si Batman v Superman : l'aube de la justice (2016) avait corrigé plusieurs défauts de son prédécesseur, il en gardait de nombreux et apportait d'autres lourdeurs. Ben Affleck était ainsi tout sauf convaincant dans un personnage aussi carré et rigide que sa mâchoire, qu'il ne desserre jamais. Déjà que le Superman campé par Henry Cavill ne transpirait ni la joie, ni la bonne humeur... là, c'était le pompon !
Le scénario ne répondait à aucune logique, l'opposition entre les deux personnages était assez mal amenée... même Jesse Eisenberg dans le rôle de Lex Luthor avait plus tendance à nous irriter qu'autre chose. Là encore, la scène finale qui ne misait que sur une débauche de violence et de destruction (coucou Doomsday) nous avait laissés sur notre faim.
Seul espoir : l'évocation de la Ligue des justiciers et l'apparition furtive d'une Wonder Woman toute en subtilité et en mystère, interprétée par une Gal Gadot plus que pertinente dans le rôle.

Mais nous ne pouvions pas dire que nous avions hâte de voir les responsables du DCU massacrer ce projet. Il faut dire qu'entre temps nous avons aussi eu droit à un Suicide Squad (2016) aux couleurs « pop » mais à l'arrière-goût assez désagréable. C'est donc un peu à reculons que nous nous sommes rendus à une séance de Wonder Woman ce vendredi.
Et finalement, nous avions bien fait. Non pas parce que le film est exceptionnel, dans son ensemble il est même assez moyen. Mais il est de loin ce que le DCU a fait de mieux ces derniers temps, preuve que les choses peuvent finalement s'améliorer (même s'il reste beaucoup de travail).
Quand la mythologie grecque rencontre les méchants allemands
Il faut dire que Wonder Woman n'est pas un personnage simple à adapter. Fille de Zeus et d'Hippolyte, reine des amazones, elle a été forgée dans l'argile. Guerrière dès son plus jeune âge, elle a finalement été entrainée comme telle, jusqu'à ce qu'un avion vienne s'échouer sur les côtes du paradis préservé où elle vit, alors que la première guerre mondiale ravage le monde.
Tout va alors changer, et la princesse des amazones donnera naissance à Diana Prince, qui va perdre sa candeur (et parfois sa foi en l'humain) et apprendre à devenir Wonder Woman. L'adaptation a eu la bonne idée de faire des choix dans les différentes périodes du personnage, bien que l'on ne puisse pas passer à côté d'un démarrage tendance « la mythologie grecque par pour les nuls ». L'ensemble est néanmoins assez bien présenté, court, clair et sans trop de fioritures.
Tout juste regrettera-t-on les effets spéciaux qui sont presque d'un niveau affligeant pour une telle production. Ceux-ci sont heureusement rattrapés par des phases de combat au corps-à-corps ou même de batailles plus « générales » assez bien chorégraphiées, ce qui est assez rare pour être précisé. On se serait tout de même bien passés des sauts de deux kilomètres de long de Wonder Woman, à la manière du Hulk de Ang Lee.

De bonnes idées et de bons moments...
L'équipe a aussi décidé de nous éviter la tiare boomerang ou un costume trop kitsch (voire son histoire). Les bases sont néanmoins respectées et Diana est accompagnée de son lasso, de ses bracelets, d'une épée plutôt impressionnante (mais cela ne fait pas tout) et d'un courage sans commune mesure.
À ce titre, on ne pouvait sans doute rêver meilleure actrice que Gal Gadot pour interpréter ce personnage, qui réussit aussi bien à l'incarner dans toute sa force et sa combativité, que sa tendance à défendre l'amour comme arme ultime (une thématique un brin gnian-gnian, mais liée au personnage) ou dans sa naïveté à la découverte de notre monde.
Ce point est d'ailleurs très utilisé pour nourrir un aspect comique plutôt rafraichissant. Sans doute ce qui manquait à Batman et Superman qui se prennent bien trop au sérieux (alors que ce sont tout de même de sacrés boulets).
... mais aussi de gros loupés
Le reste du casting et des personnages est assez inégal. On a du mal à s'attacher à toute la bande dont l'utilité est assez contestable. Ne parlons pas de Chris Pine, qui est surtout là pour nous livrer une amourette et des blagues sur la taille de son pénis dont on se serait bien passé. Mais que voulez-vous. Hollywood reste Hollywood. Les plus optimistes y verront l'occasion d'introduire les failles d'un personnage qui viennent nourrir ce qu'elle va devenir à notre époque.
On gardera néanmoins une affection toute particulière pour Robin Wright, tante de Diana (Antiope) qui se bat pour qu'elle devienne ce qu'elle est. Mais aussi Etta (Lucy Davis) et Sameer (Saïd Taghmaoui), personnages aussi attachants que drôles, qui restent néanmoins largement sous-exploités. Même les vilains sont dispensables. Oublions d'ailleurs tout de suite Arès (oui, le Dieu), qui est tout sauf crédible et incarne tout ce qui ne va pas dans ce film.

Tout d'abord un scénario aux facilités abyssales (ouh des méchants allemands, ouh des traitres, ouh des secrets qu'on ne voit pas venir, etc.), qui se termine sur une scène finale tout aussi lourde que celles des autres films du DCU. Comme les précédents films, tout commence bien puis la machine déraille (dès l'arrivée sur le front).
Ne parlons même pas de la façon dont est introduit le passage de notre époque à celle qui nous est racontée. Ainsi, le film pourrait être totalement isolé des autres sans que cela ne pose le moindre problème, vous n'aurez d'ailleurs pas droit à la moindre scène bonus (un scandale !).
La Ligue des justiciers arrive... et ça fait peur
Bref, ce Wonder Woman n'est pas le film de l'année. Il n'en est pas moins un film d'action divertissant et avec de bons moments, qui revisite le personnage de manière intéressante, mais finalement trop peu aboutie. Si vous n'avez pas aimé les autres films du DCU, cela ne devrait pas changer avec celui-ci. Sinon... qui sait ? Dites-le-nous dans les commentaires ;)
Dans tous les cas, on ne peut qu'espérer qu'une reprise en main soit organisée d'ici la sortie de la Ligue des justiciers. Mais à la vue des premières bande-annonces, on ne peut que craindre le pire.
À l'heure où nous écrivons ces lignes, Wonder Woman a droit à une note de 4,1 chez Allociné, 6,3 chez Sens Critique et 8,2 chez IMDb.