Avec un chiffre d'affaires déclaré à 100 millions d'euros, les deux spécialistes de l'infogérance Claranet et Oxalide poursuivent un chemin commun en France, avec une emphase vers le Devops. L'acquisition est la dernière d'une longue série, le groupe ayant encore levé 93 millions d'euros pour ses emplettes.
Il y a quelques jours, la société d'infogérance Claranet annonçait l'acquisition de trois concurrents (en France, au Portugal et au Royaume-Uni), ainsi qu'un refinancement de 93 millions d'euros. Dans l'Hexagone, c'est Oxalide qui est tombé entre les mains du groupe. L'acquisition n'est pas anodine : la société rachetée (pour un montant non communiqué) est l'un des hébergeurs favoris de la presse française.
Début 2015, une erreur humaine (un câble branché où il ne fallait pas) a causé la chute de nombreux sites de presse, dont 20 minutes, France Info, Mediapart, Le Parisien, Slate ou encore les sites de Neweb (Les Numériques, Cnet, Gamekult, ZDNet). Interrogé, Olivier Beaudet de Claranet France estime que « 70 à 80 % » de la presse en ligne est cliente des deux sociétés, pour 15 à 20 % de son chiffre d'affaires (contre environ un tiers pour l'e-commerce).
Le nouvel ensemble afficherait des revenus d'environ 100 millions d'euros annuels, dont 17,5 millions pour Oxalide (15,5 millions annoncés l'an dernier). Des chiffres difficiles à confirmer. L'acquisition d'Oxalide est la dernière d'une vingtaine par le groupe ces six dernières années, dont un tiers en France. D'ici la fin de l'année, les équipes doivent se rapprocher, avec quelques chamboulements dans leur organisation.
Question ouverte sur la marque Oxalide
Les 400 employés de Claranet et 95 autres d'Oxalide devraient garder leur place, Olivier Beaudet disant avoir plus de mal à recruter et former des salariés qu'à trouver des clients. Les équipes des deux entreprises devront tout de même se rapprocher sur les secteurs qu'elles partagent (comme l'e-commerce et les médias/presse), pour partager « leurs références et expertises ».
L'objectif est d'obtenir « une organisation intégrée d'ici la fin de l'année ». La marque Oxalide disparaîtra-t-elle au profit de Claranet ? « Cela fait partie des questions sur la table » répond Olivier Beaudet. Le rôle des deux fondateurs et dirigeants de la société rachetée, Maxime Kurkdjian et Sébastien Lucas, reste aussi à définir.
Pour le groupe européen, c'était le bon moment pour acquérir son concurrent. « On sent que c'est un marché en consolidation, en maturité chez les acheteurs » estime son dirigeant en France, qui affirme que Claranet refuse 95 % des nombreuses sollicitations qu'elle reçoit, étant reconnue pour son appétit d'acquisitions.
« Depuis un moment, on avait remarqué que parmi nos concurrents, Oxalide était le plus proche de nous en termes de positionnement et d'évolutivité » explique Beaudet, pour qui il s'agit d'un renforcement sur son segment « web », qui représenterait la moitié de son activité. « Là où on était en concurrence sur 90 % de nos dossiers, on travaille ensemble pour aller plus loin » sur des projets qui grossissent.
Accompagner le mouvement vers le Devops
Claranet compte trois activités principales. En premier lieu, le « web », qui comprend l'hébergement et l'infogérance d'applications critiques. Vient ensuite la « critical data » (compliance type e-santé, PCI-DSS...) et enfin le « système d'information » (applicatifs et bases de données classiques, soit ERP, outils de finance, gestion RH...).
« Les marchés web et critical data sont en pleine évolution » note Beaudet, pour qui Claranet et Oxalide sont justement reconnus sur la gestion d'applications critiques. Début 2015, des clients félicitaient les capacités d'Oxalide en matière de montée en charge rapide et imprévisible, propre aux médias et à l'événementiel. La société dit aussi s'adapter au modèle économique fluctuant des médias, ainsi qu'à leurs outils de publication de contenu habituels.
Le rachat d'Oxalide renforce aussi la direction du groupe vers le Devops, soit une meilleure coordination entre développeurs et responsables de l'infrastructure. « Un phénomène sous-jacent est que l'infrastructure devient uniquement accessible par du script ou du code. On peut déployer sans se soucier si j'ai un serveur de disponible, si c'est une machine virtuelle, voire du serverless sur des plateformes type Amazon » nous déclare la société, qui y voit l'avenir de son travail.
Un refinancement et un nouvel actionnaire
Pour financer sa boulimie d'acquisitions, Claranet a levé 93 millions d'euros (80 millions de livres), avec l'entrée de l'actionnaire minoritaire Tikehau Capital et « de nouveaux partenaires de dette ». Les trois rachats annoncés doivent déjà faire bondir le chiffre d'affaires du groupe de 40 %. En France, à périmètre constant, les revenus de Claranet+Oxalide devraient grimper de 13 à 14 %, espère l'entreprise.